De grands crus pour l’aromathérapie
Laurent Gautun se présente comme un maître distillateur. En Midi-Pyrénées, dans les gorges de l’Aveyron, sa petite entreprise Essenciagua fabrique de façon artisanale trente-cinq huiles essentielles et autant d’hydrolats. Une petite production qui lui permet de concilier qualité et traçabilité.
"L’entreprise a été créée en 2005, partant du constat que les huiles essentielles ont un énorme potentiel en termes de santé à condition qu’elles soient de qualité. Notre démarche est forcément bio car on ne peut se permettre d’utiliser des plantes polluées : la distillation concentre les molécules, les bonnes comme les mauvaises.
Biochimiste de formation, j’ai acquis le savoir-faire de distillateur par compagnonnage. Nous fabriquons 35 huiles essentielles et les hydrolats correspondants, et nous avons aussi une gamme complémentaire d’une quarantaine de plantes exotiques. Nous apportons un soin extrême à notre matière première : pour prendre l’exemple du pin sylvestre, nous ne distillons que les aiguilles, avec le minimum de bois. La distillation est longue – cinq heures au total – pour ne pas agresser la plante et obtenir un cocktail moléculaire complet. Ensuite, tous les produits sont conservés en chambre froide, pour cela nous avons dû investir des sommes non négligeables. Mais un peu comme on garde un vin dans un chai...
, nous préservons toute l’authenticité du produit naturel.
Selon moi, un flacon doit être relié à un lieu de cueillette, voire à un champ. Nous avons ainsi déposé la marque « Huile essentielle artisanale française », en partenariat avec la chambre de commerce, qui garantit une distillation de plantes exclusivement récoltées en France et selon certains critères. Une taille maximale de l’alambic a été définie (1500 litres), et la matière première végétale est cueillie ou cultivée dans un rayon de 200 km autour de notre atelier. Un tel cahier des charges implique des coûts de production plus élevés et donc un prix de vente plus élevé pour nos produits. Mais nous souhaitons défendre des huiles essentielles de qualité, alors que moins de 10 % des huiles essentielles sont aujourd’hui produites en France."
À essayer
Humer et apprécier
Pour commencer une dégustation, l’amateur de vin utilise d’abord son odorat. Pourquoi n’en serait-il pas de même avec une huile essentielle dès lors que l’on sait de quelle région elle est originaire. Sur ce principe, Laurent Gautun propose, après une visite de sa distillerie, de comparer différents « crus » d’une même huile essentielle. Quatre lavandes provenant de différents terroirs donnent des notes olfactives sensiblement différentes. « L’aromathérapie allie efficacité et plaisir », commente Laurent Gautun.
Initiatives
École buissonnière
Après trois ans d’expérimentation en Île-de-France, le programme de science participative Vigie-Nature École arrive dans toutes les classes de France. À l’initiative du Muséum national d’histoire naturelle, il propose des outils pédagogiques adaptés aux programmes scolaires. Concrètement, il comporte six thématiques comme « Sauvages de ma rue » : il s’agit pour les élèves d’observer la végétation des trottoirs de leur ville, et pour les instituteurs d’envoyer les résultats aux scientifiques via une interface internet.
Une librairie essentielle
L’association L’Essentiel a ouvert une librairie dédiée aux plantes à Montfuron, dans les Alpes-de-Haute- Provence. Environ 800 références, dont un fonds de livres régionaux, ainsi que des livres anciens, sont à disposition des passionnés. Du mercredi au dimanche, on y trouve aussi le miel produit par l’association et une sélection d’huiles essentielles locales.