Quel sort l’Europe réserve-t-elle aux huiles essentielles ?
La révision de la réglementation européenne Reach pourrait avoir des impacts très négatifs sur la filière des huiles essentielles. Les professionnels misent sur la phase de concertation qui vient de commencer pour faire entendre leurs arguments.
Depuis cet été, à l’image des messages d’alerte installés dans les champs de lavande, la filière des huiles essentielles est inquiète. Producteurs, distillateurs, transformateurs s’interrogent sur les conséquences de la révision des réglementations Reach et CLP. Ces dernières visent à protéger la santé des consommateurs et l’environnement contre les risques liés aux substances chimiques.
Or, les huiles essentielles ont été classées dans la même catégorie que les substances chimiques de synthèse, ce qui implique que certaines molécules présentes à l’état naturel dans ces extraits de plantes pourraient être jugées dangereuses, voire interdites.
Une première concertation
Le 7 octobre dernier, plusieurs représentants de la production agricole ont pu rencontrer deux représentants de la commission européenne lors d’une première réunion informelle, à Marseille. Parmi eux, Alain Aubanel, président de l’Union des professionnels des plantes à parfum, aromatiques et médicinales en résume les enjeux : « Tout dépend en fait de l’endroit où l’Europe mettra le curseur. Si parce qu’une molécule est un perturbateur endocrinien, il faut automatiquement considérer tout produit qui en contient comme perturbateur endocrinien, cela menace directement des huiles essentielles comme la lavande, l’origan, l’estragon ».
Une évaluation des risques qui questionne
La question de la méthodologie permettant d’évaluer le risque des huiles essentielles préoccupe également les acteurs de la filière. « On est d’accord, pour que le consommateur soit informé d’un danger prouvé. Mais de nombreuses molécules sont présumées ou suspectées toxiques, sans que l’on en ait de preuves pertinentes » explique Alain Aubanel. Il rappelle aussi, qu’il n’y a aucun étiquetage spécifique pour les cacahuètes alors que quelqu’un qui y est allergique peut se retrouver aux urgences à l’hôpital. Ce qui ne sera jamais le cas de quelqu’un d’allergique à l’huile essentielle de lavande.
Les petites distilleries protégées
Les représentants de la Commission européenne ont toutefois apporté un élément rassurant : les petites distilleries ne seraient pas concernées par les changements de réglementation. Et heureusement, il reste encore du temps pour négocier une réglementation plus juste, les premières propositions législatives n’étant pas attendues avant fin 2022.