Le céleri, seigneur des terres humides
En branche ou rave, ce légume aimant les sols lourds est riche de saveurs et de vertus. Allié des régimes minceur, le céleri lutte contre l’hypertension. Surnommé « balai des rhumatismes », il est particulièrement conseillé dans ce type de douleurs.
Cinq cents ans avant notre ère, les Chinois utilisaient le céleri dans leur cuisine, tout comme les Égyptiens qui, outre les feuilles et tiges, appréciaient ses graines pour les assaisonnements. Dès les premiers siècles de notre ère, certains l’appelaient ache, en référence à son habitat naturel : un mot dérivé du latin apia (pluriel d’apium), « qui croît dans l’eau ». Son appellation actuelle de céleri provient du grec selinon, en passant par le bas latin puis le lombard. Quoi qu’il en soit, longtemps le nom ache engloba plusieurs plantes. La Renaissance perpétue l’habitude médiévale de l’utiliser comme plante non pas potagère mais médicinale, pour ses vertus diurétiques et son action stimulante sur le système nerveux. Essentiellement consommé comme condiment, le céleri s’installe peu à peu dans notre cuisine, vers le milieu du XVIè siècle, en tant que légume, tout en continuant à servir d’aromate et de médicament.
Le céleri-branche naît en Italie au même siècle, après une longue sélection de l’ache odorante – avant de gagner rapidement la France. Vers 1530, toujours chez nos voisins, apparaît le premier céleri-rave, autre variété, nommé capitatum (en forme de tête) par les botanistes de l’époque. Cette boule, améliorée par les jardiniers allemands, ne devient un légume courant sur les tables de France qu’au XIXe siècle. Époque à laquelle le céleri-rave traverse la Manche pour arriver dans les assiettes des Anglais qui en raffolent aussitôt. Une passion gourmande toujours d’actualité.
Anti-inflammatoire, carminatif, diurétique…
Riche en sels minéraux (calcium, manganèse, potassium, sodium) et oligo-éléments (chrome, cuivre, fer, molybdène, chrome, sélénium), il contient de la provitamine A, plusieurs des groupes B, C, E et K et reste très pauvre en calories.
- Ce légume alcalinisant est conseillé dans le cas de douleurs rhumatismales ou arthrosiques et facilite les digestions.
- Il possède de grandes vertus diurétiques et détoxinantes en faisant éliminer les toxines par les reins et l’intestin.
- Sa richesse en fibres – surtout le céleri- branche – en font un allié des régimes minceur ou pour lutter contre l’hypertension.
- Galactogène, il sera bienvenu dans l’alimentation des femmes allaitantes.
- Attention : l’huile essentielle ayant une action stimulante sur l’utérus, elle ne sera pas utilisée par les femmes enceintes.
Côté jardin
Au fil des siècles, améliorée par de patientes générations de jardiniers, l’ache des marais, que vous pouvez aussi inviter dans votre jardin, a donné naissance à trois sous-espèces : le céleri à couper, le céleri-rave et le céleri-branche.
Où ?
Le plein soleil a sa préférence, mais il tolérera un peu d’ombre. Par contre, il réclame une généreuse terre de jardin, fraîche, humifère, meuble et riche.
Quand ?
Les graines sont longues à germer (14 à 21 jours). Vous sèmerez le délicat céleri-rave sous abri chauffé, de février à avril : les semis de mi-avril à fin mai donneront pour l’automne-hiver. Les repiquages (en caissette ou en godets) seront sortis progressivement afin d’endurcir les jeunes plants. Le céleri-branche se sème de la mi-avril à début juin, en caissette, avec repiquage avant mise en place définitive. Achetez un pied d’ache au printemps et plantez en place définitive.
Comment ?
Éternels assoiffés et plutôt gourmands ! Terre humide en permanence, sinon gare aux côtes filandreuses pour les uns, aux boules type ping-pong pour les autres. Avant de planter, enrichissez copieusement de fumier, de compost et/ou d’engrais complet, sans oublier la cendre de feu de bois, riche en potasse. En cours de végétation, une fertilisation régulière (purin de consoude) sera appréciée. Mise à part l’ache, les céleris sont à protéger des gelées. Épuisant le sol, il ne faudra pas en replanter à la même place avant trois ans.
Traitement : une odeur qui le trahit
Les plants sont souvent attaqués par la mouche du céleri qui pond sur les feuilles, nuisant ainsi à leur croissance. Pour masquer l’odeur du végétal à son prédateur principal, semez et repiquez vos plants en saupoudrant le rang de marc de café, de tanaisie broyée ou de clous de girofle. Puis, en mai et juillet, pulvérisez une décoction de tanaisie tous les 8 à 10 jours.
Le tour de main de l’herboriste
Boisson alcalinisante
Ingrédients :
- 3 branches de céleri (avec les feuilles vertes),
- 1 beau citron,
- un peu d’eau froide.
Préparation :
- Broyez finement le céleri au blender avec un peu d’eau.
- Ajoutez le jus du citron.
- Mélangez.
- Boire aussitôt pour lutter contre les douleurs rhumatismales ou articulaires, la fatigue, et stimuler les défenses immunitaires.
Tisane digestive
Ingrédients :
- 1 cuiller à soupe de graines,
- 1 grande tasse d’eau froide.
Préparation :
- Broyez les graines. Versez dans l’eau froide.
- Amenez à ébullition. Laissez frémir 2 minutes, puis infuser 10 minutes, à couvert et hors du feu.
- Boire après les repas pour faciliter la digestion, ou entre les repas comme tisane diurétique et antiseptique des voies urinaires.
Cure diurétique
Ingrédients :
- 4 cuillers à soupe de feuilles sèches,
- 1 litre d’eau frémissante.
Cette infusion de feuilles, moins active que celle de graines, peut se boire en cures. Pensez à faire sécher des feuilles très vertes et un peu fermes. Boire dans la journée et poursuivre la cure pendant quelques jours.