L'éleuthérocoque contre le stress
Originaire de Sibérie orientale, l'éleuthérocoque (Eleutherococcus senticosus) est un arbrisseau élancé haut de deux à trois mètres de la même famille que le lierre grimpant, dont il partage la forme des inflorescences et des fruits. Les parties souterraines de l'éleuthérocoque, connues depuis l'Antiquité pour leurs propriétés médicinales, se sont fait connaître sous le nom de ginseng sibérien, ce qui en dit long sur la résistance qu'il apporte à notre santé.
Au jardin
Présent également en Chine ou en Corée, l'éleuthérocoque résiste à -30 °C. Il tolère la mi-ombre, mais apprécie l'exposition ensoleillée et une terre humide non détrempée. Il se cultive aussi en pot. On trouve des graines ou des plants à acheter.
Semis
Le semis est long. Tout d'abord, les graines devront subir le froid, soit en restant tout l'hiver à l'extérieur, soit en les maintenant deux à trois mois dans le compartiment à glaçons du réfrigérateur (stratification à froid). Dans ce cas, entreposez les graines dans un récipient, mélangées à du sable. Quand le printemps arrive, préparez le substrat de semis en mélangeant le terreau aux trois quarts avec un peu de sable (un quart). Déposez ensuite les graines et recouvrez-les très légèrement. Arrosez en vaporisation. Maintenez à une température d'au moins 20 °C. La germination est quelquefois longue (jusqu'à deux mois d'attente). Attendez que la plante soit suffisamment sortie pour repiquer ou pour planter.
Plantation
Elle ne présente aucune difficulté et s'effectue toute l'année (en dehors des périodes de gel) pour les plants en motte. Prévoir un espace suffisant compte tenu de la hauteur de la plante et de la distance entre les plants (environ 80 cm). Creusez un trou d'au moins quatre fois la taille du godet de votre plant en enlevant soigneusement les racines concurrentes. Arrosez au fond du trou de plantation. Avant d'installer la motte, pralinez-la en la plongeant quelques minutes dans l'eau afin de bien la réhumidifier. Déposez le plant, couvrez avec la terre, tassez et terminez en arrosant.
Entretien
L'éleuthérocoque est vivace, mais son feuillage est caduc. Seuls les jeunes rameaux sont couverts d'épines, à l'origine sans doute de son surnom de « buisson du diable ». Rustique et habitué au climat difficile, il vous demandera peu d'entretien. En supprimant les branches abîmées et en le taillant de temps en temps, vous stimulerez l'apparition de nouvelles pousses.
Récolte
Mieux vaut attendre au moins deux ans avant de récolter. Les parties souterraines se prélèvent à l'automne ou au début du printemps. Récoltez des racines secondaires cylindriques. Brossez-les pour enlever la terre, rincez-les à l'eau et essuyez-les avant de les faire sécher dans une pièce aérée à 40 °C. En coupant les racines en morceaux, le séchage sera plus...
rapide.
Ce que dit la science
Adaptogène
Bien que les Chinois utilisent depuis longtemps l'éleuthérocoque comme plante de longévité, ce sont deux scientifiques russes (Lazarev et Berkhman) qui ont fait connaître, vers la fin des années 1950, son potentiel adaptogène. Ce concept décrit les propriétés d'une plante capable d'accroître de façon non spécifique la résistance de l'organisme à une situation de stress ou de fatigue intense.
Le mode d'action présumé rend compte d'une synergie d'effets : stimulation de la corticosurrénale (glande d'adaptation), régulation conjointe de l'axe central hypothalamo-hypophyso-surrénalien (axe mis en jeu lors du stress) et du système neurovégétatif ainsi qu'une stimulation de l'activité cérébrale (par modulation du taux de neuromédiateurs). Cet effet est objectivé par le retour à la normale de certaines constances physiologiques perturbées par la situation stressante. Ainsi, l'organisme retrouve sa vitalité, améliore ses performances (physiques et intellectuelles), récupère plus vite tout en optimisant son immunité, grâce à l'augmentation de lymphocytes (catégories de globules blancs). Bien que certaines études ne répondent pas toujours aux critères actuels, l'Agence européenne des médicaments (EMA) admet que le long usage traditionnel de l'éleuthérocoque puisse justifier les allégations avancées.
À l'atelier
Une teinture stimulante
Cette teinture se prépare à partir de la racine séchée par vos soins ou en herboristerie. On utilise une partie de végétal sec pour cinq parties d'alcool. Par conséquent, le degré alcoolique de cette teinture intéressante en cas de surmenage physique et mental, est très proche de celui de l'alcool utilisé. À bon entendeur…
Matériel et ingrédients
- Bocal en verre teinté
- Entonnoir • Filtre en papier
- Linge fin (étamine)
- Flacons opaques de 100 ou 200 ml
- 40 g de racines d'éleuthérocoque séchées
- Alcool de fruits titrant de 40° à 45°.
Préparation :
- Ciselez les racines afin de majorer le contact de la plante avec le liquide d'extraction et garantir une meilleure concentration en principes actifs.
- Déposez les morceaux dans le bocal en tassant légèrement. Recouvrez avec 200 ml d'alcool de fruits en veillant à ce que toute la plante soit immergée. Surveillez le niveau du liquide, car les racines séchées vont en absorber une partie. Au besoin, rajoutez un peu d'alcool de fruits, surtout si celui-ci ne recouvre plus intégralement les parties végétales. Fermez le bocal.
- Laissez macérer à l'obscurité et à température ambiante durant dix jours et jusqu'à trois semaines, en remuant délicatement la préparation tous les jours.
- Filtrez la macération en pressant bien les parties végétales à travers un linge fin ou directement sur papier. Conditionnez en flacon sans oublier d'étiqueter votre préparation. Conservation : trois ans.
Posologie :
Fatigue physique ou nerveuse, convalescence, décalage horaire : 40 à 60 gouttes dans un demi-verre d'eau, de préférence avant les repas, une à deux fois par jour pendant dix à vingt et un jours.
Période de stress, de surmenage ou d'entraînement sportif : 30 à 50 gouttes, diluées dans un demi-verre d'eau, de préférence avant les repas une à deux fois par jour en cure de trois semaines renouvelables après une semaine de pause ou cinq jours sur sept durant deux mois.
Préparation aux examens : 30 à 50 gouttes diluées dans un demi-verre d'eau avant les repas, une à deux fois par jour. à commencer un mois et demi avant les examens.
Poudre et tisane
Du fait de la nature fibreuse des parties souterraines, la poudre de racine d'éleuthérocoque n'est guère réalisable soi‑même, à moins de posséder un mixeur très performant. Si c'est le cas, la dose habituelle recommandée oscille entre 500 mg et 2 g par jour, en limitant le traitement à deux mois. En revanche, la tisane est à la portée de tous, avec des résultats satisfaisants. Elle se prépare en décoction avec une cuillère à café pour 150 à 200 ml d'eau froide ; portez au frémissement durant dix à quinze minutes. Buvez une à deux tasses par jour en cure de dix à vingt et un jours, à renouveler si besoin.
À savoir
L'éleuthérocoque est réservé aux plus de 12 ans. Il est contre-indiqué en cas d'hypertension artérielle non contrôlée et pendant la grossesse ou l'allaitement. Ne l'absorbez pas après 17 heures afin de préserver votre sommeil. Des effets indésirables sont rapportés, avec des doses non adaptées : irritabilité, nervosité, insomnie, maux de tête et tachycardie.