Jardin médicinal
Le gingembre : un fleuron médical
© © Mohamed Shamil
« Star » de la médecine traditionnelle ayurvédique et chinoise, le gingembre (Zingiber officinale) est également l'une des épices condimentaires les plus appréciées dans le monde entier, et ce, depuis le XIIe siècle. Originaire d'Inde et cultivée dans de nombreux pays tropicaux, cette belle zingibéracée nous fait l'honneur de bien vouloir pousser en pot, avec cependant la contrepartie d'une absence de floraison… Mais qu'à cela ne tienne, le jeu en vaut la chandelle !
Au jardin
Le gingembre apprécie la luminosité et a besoin d’une chaleur constante (20 à 25 °C). En dehors des régions grand Sud, mieux vaut le cultiver en bac ou en pot, à l’intérieur. Vous le sortirez en été et tant que les températures nocturnes ne descendent pas en dessous de 10 °C.
Plantation
Le gingembre se reproduit difficilement par graines. Le semis n’est donc pas de mise. La plantation s’effectue très facilement à partir d’un rhizome acheté en magasin bio. Sélectionnez-le en le choisissant bien charnu, ferme, sain et non flétri, avec des bourgeons. Dans un contenant de 25 à 35 cm de diamètre, déposez une bonne couche de bille d’argiles avant de mettre la terre (2/3 terreau, 1/3 terre de jardin ou sable additionné d’un peu de compost). Disposez le rhizome horizontalement et tassez bien la terre afin que celui-ci soit à peine recouvert. Arrosez. Idéalement, le substrat doit rester humide sans être détrempé (au risque de pourrir les racines). Les premières pousses devraient apparaître au bout d’un mois. Pour accélérer le processus, vous pouvez réhydrater le rhizome durant 24 heures dans un récipient d’eau tiède avant la plantation.
Récolte et division
Chaque rhizome planté peut doubler de taille. La récolte s’effectue en automne environ neuf mois après la plantation, au moment du jaunissement des tiges. Déterrez, prélevez la quantité voulue, coupez les tiges et les racines pour ne conserver que les tubercules. Rincez bien à l’eau et essuyez bien. Le gingembre se conserve tel quel pendant trois semaines sur une étagère du réfrigérateur, ou six mois coupé en petits morceaux (ou râpé) dans le congélateur. Si vous ne récoltez pas la totalité du rhizome, entreposez le pot dans une pièce sombre et fraîche pour le mettre en dormance. Vous relancerez le cycle végétatif en février-mars par des arrosages réguliers et un apport de compost.
À l’atelier :
Une boisson santé rafraîchissante
Sa composition exceptionnelle en principes aromatiques (sesquiterpènes, gingérols et shogaols), en vitamines (groupe B, C, E et K) et minéraux fait du gingembre un ingrédient santé hors pair. Utilisé à l’état frais, son rhizome apporte une saveur aromatique exceptionnelle : chaude, agréable et légèrement piquante, mais sans excès. Il nous offre une boisson rafraîchissante et revitalisante, de surcroît facile à préparer !
Ingrédients et matériel : 3 à 4 cm de rhizome frais de gingembre • 8 capsules de cardamome • 3 clous de girofle (facultatif) • 2 citrons (jaunes ou verts) • Eau de source (ou non chlorée) • Un couteau en bois de bambou • Une casserole • Une carafe de 1 litre.
- Grattez le suber beige-grisâtre du rhizome sans l’éplucher (afin de préserver les cellules sécrétrices aromatiques situées à ce niveau) à l’aide d’un couteau en bambou (un couteau en métal altérerait la saveur). Coupez en petits morceaux.
- Dans la casserole, mettez ½ litre d’eau, le gingembre, les capsules de cardamome préalablement ouvertes ou broyées, et les clous de girofle. Portez à ébullition douce, couvrez et laissez frémir 10 minutes. Laissez refroidir.
- Filtrez en transvasant le liquide dans la carafe.
- Ajoutez le jus des citrons puis complétez avec l’eau jusqu’à obtenir 1 litre de boisson. Entreposez la carafe dans le réfrigérateur pour une dégustation ultérieure, sans modération !
Remarque : Cette recette est modifiable selon votre goût et vos envies, en ajoutant par exemple 2 à 3 cuillerées à soupe de miel ou en remplaçant les clous de girofle par de la cannelle ou de la badiane.
Précautions d’emploi : Dans le cadre d’un usage médicinal (à différencier de l’emploi alimentaire), le gingembre est contre-indiqué en cas d’hyperthyroïdie fruste ou avérée, de maladie de Basedow, de certaines hypertensions et en cas de cancer androgénodépendant chez l’homme. Prudence en cas d’obstruction des voies biliaires (le gingembre est cholagogue)
Ce que dit la science : Reconnu mondialement
Le rhizome de gingembre a joui d’une grande renommée à travers les siècles et les continents. Sainte Hildegarde s’attarde ainsi longuement sur ses propriétés et le préconise, entre autres, contre la constipation et « pour les hommes âgés mariés à de jeunes femmes » ! De nos jours, il est considéré comme une plante majeure de la sphère digestive : il augmente l’appétit, active les sucs digestifs, accroît la production de bile, accélérant ainsi la digestion difficile et le transit, tout en limitant les fermentations intestinales. Son tropisme digestif explique en partie sa remarquable activité antinauséeuse, quelle qu’en soit l’origine (digestive, liée à la grossesse, transports, postopératoire ou chimio-induite). D’autre part, les propriétés endocriniennes du gingembre confirment le qualificatif « échauffant » attribué par la tradition : vitalisant général, il stimule à la fois les axes corticosurrénalien, thyroïdien et les androgènes testiculaires (d’où son effet aphrodisiaque supposé). Antiviral reconnu, le gingembre diminue la transmission et la réplication virale. Enfin, ses propriétés anti-inflammatoires, antalgiques et antioxydantes touchent la sphère locomotrice (douleurs articulaires et musculaires) et la sphère métabolique (protecteur cardiovasculaire et équilibre glycémique).
Autres usages médicinaux
En médecine ayurvédique, le gingembre est appelé vishvabhesaj, c’est-à-dire « remède universel », terme qui en dit long sur la multiplicité de ses usages. Voici une petite sélection de préparations afin de profiter de ses propriétés.
Un extrait hydroalcoolique pour la digestion et l’immunité
Recette : Dans le fond d’un bocal, déposez le gingembre frais ou séché coupé en petits morceaux sans l’éplucher au préalable. Recouvrez complètement avec de l’alcool de fruit, fermez et laissez macérer durant 3 semaines à l’abri de la lumière, en remuant régulièrement. Exprimez puis filtrez. Conditionnez en flacon compte-goutte opaque.
Mode d’emploi : En curatif, pour soulager manque d’appétit, indigestion, nausées, ballonnements, maux d’estomac ; fièvre, rhume, toux, grippe, mais aussi douleurs menstruelles et fatigue. En préventif, comme stimulant immunitaire et revitalisant général. À savoir : pour toutes ces indications la tisane est aussi recommandée.
Posologie (adulte) : 30 à 50 gouttes diluées dans ½ verre d’eau, 1 à 3 fois par jour, en cures variables de 1 à 3 semaines. Ne pas utiliser durant la grossesse.
Un liniment antalgique
Recette : Râpez sans l’éplucher un morceau de 5 cm de gingembre. Ajoutez 6 cuillerées à soupe d’huile de coco, chauffez l’ensemble au bain-marie pendant 10 minutes. Laissez macérer quelques heures puis remettez à chauffer pour liquéfier l’huile. Filtrez, laissez refroidir et conditionnez en pot.
Mode d’emploi : En friction locale contre les douleurs articulaires, tendineuses, musculaires ou migraineuses.
En bref
Définition : Le gingembre (Zingiber officinale) est une épice originaire d'Inde appréciée depuis le XIIe siècle pour ses nombreuses vertus thérapeutiques.
Culture : En dehors du grand Sud, le gingembre est cultivable en pot dans des régions au climat tempéré. En effet, il nécessite une chaleur constante et une plantation à partir de rhizomes.
Bienfaits : Récolté après neuf mois, le gingembre est utilisé pour ses propriétés digestives, antinauséeuses et anti-inflammatoires, et peut être consommé en boisson ou préparé en remède. Il est également reconnu pour ses effets revitalisants et immunostimulants, mais doit être utilisé avec précaution en cas de certaines conditions médicales (hyperthyroïdie fruste ou avérée, maladie de Basedow et certaines hypertensions).