Coronavirus : bien réagir en cas de fièvre
La fièvre fait partie des symptômes du Covid-19. Si cette réaction est commune à de nombreuses infections hivernales comme la grippe, il est bon de savoir comment la gérer. D’autant que, dans le contexte de ce virus, certains médicaments et certaines plantes sont interdits.
L’être humain est qualifié d’homéotherme, c’est-à-dire qu’en temps normal notre organisme maintient notre température centrale constante, quelles que soient les variations dans le milieu. La température centrale est donc le résultat d’un équilibre entre les phénomènes de production de chaleur (thermogénèse) et de perte de chaleur (thermolyse) et le grand chef d’orchestre qui maintient l’équilibre de ces phénomènes afin d’assurer la constance de la température est l’hypothalamus situé dans notre cerveau, agissant un peu comme un thermostat. Notre température centrale normale est de 37 °C, mais celle-ci varie légèrement (environ 0,5 °C) de façon normale. Elle est minimale en fin de nuit et maximale vers 18 heures. De même, la température centrale augmente légèrement après avoir mangé.
Par contre, certaines circonstances anormales comme une infection s’accompagnent d’une augmentation de la température centrale. Celle-ci s’explique par la présence de substances dites pyrogènes qui proviennent de deux sources : soit ce sont les microbes qui les synthétisent directement, soit ce sont les cellules de notre système immunitaire (leucocytes) qui les fabriquent. Dans tous les cas, cela décale la valeur de référence de notre thermostat central vers le haut : la température s’élève. Mais on parle de fièvre quand la température est supérieure ou égale à 38 °C le matin et à 38,3 °C le soir.
La fièvre lutte contre l’infection
Ce symptôme souvent décrit comme inquiétant, notamment chez les enfants, est la plupart du temps, sans gravité. En fait, la fièvre joue un rôle important : elle est à la fois un signal d’alarme, mais aussi un moyen de lutter contre l’infection. C’est une réaction normale de notre organisme face à une agression, un des mécanismes de défense de notre système immunitaire. D’ailleurs, des études ont démontré que certaines bactéries et certains virus ont une virulence et une croissance diminuée en cas de température élevée. Par ailleurs, la fièvre accélère le métabolisme, ce qui stimule la production des anticorps et donc optimise nos capacités à tuer les microbes.
Du bon usage du paracétamol
On ne va donc lutter contre la fièvre que dans les cas où la fièvre est élevée et/ou mal tolérée, chez les personnes les plus fragiles comme les personnes âgées, les jeunes enfants. Pour cela, différents moyens existent, notamment les médicaments antipyrétiques (qui font baisser la fièvre) comme le paracétamol. Il est important de respecter les précautions d’usage, car comme tout médicament, il expose à des risques et à des effets secondaires. Chez l’adulte de plus de 50 kilos, on ne dépasse pas 1 g toutes les six heures. Chez l’enfant, les doses sont à adapter au poids : 15 mg par kilo toutes les six heures. Les contre-indications doivent évidemment être respectées, notamment en cas d'allergie ou d'insuffisance hépatique par exemple.
En revanche, on ne fera pas appel aux médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) dont la liste est longue (Ibuprofène, Diclofénac, etc) et aux corticoïdes. S’ils ont une action antipyrétique, ils ont aussi pour effet de déprimer notre système immunitaire. C’est pourquoi, dans le cas de Covid-19, ils sont interdits. Les conséquences peuvent être dramatiques avec des infections qui flambent et qui deviennent très graves. On le constate fréquemment en médecine et cela se confirme avec l’épidémie de Covid-19. Donc ne prenez JAMAIS d’anti-inflammatoires en automédication.
Attention aux aspirines naturelles
Qu’en est-il des plantes ? Certaines, parce qu’elles contiennent des composés proches de l’aspirine (dérivés salicylés), sont communément utilisées pour lutter contre la fièvre. Mais ces composés leur confèrent aussi des propriétés anti-inflammatoires. C’est pourquoi, dans le contexte d’infection virale à Covid-19, il ne faut pas avoir recours au saule blanc (Salix alba), et à la reine-des-prés (Filipendula ulmaria). Les tisanes d’écorce de saule blanc ou des sommités et feuilles de reine-des-prés sont à éviter.
En revanche, on peut se tourner vers l’infusion de fleurs de sureau (Sambucus nigra), qui n’a pas les inconvénients du saule et de la reine-des-près. Les fleurs de sureau ont plusieurs atouts : elles sont dites diaphorétiques, c’est-à-dire qu’elles favorisent la transpiration qui, par un phénomène d’évaporation, font baisser la température et stimulent notre système immunitaire. Elles ont, en plus, une action ciblée sur la sphère respiratoire en favorisant notamment la bonne fluidification des sécrétions bronchiques. Comptez 5 g de fleurs séchées pour 200 ml d’eau à laisser infuser pendant dix minutes. Buvez deux à trois tasses par jour en cas de signes de mauvaise tolérance de la fièvre.
Autres précautions
Enfin, n’oublions pas les mesures associées qui sont primordiales en cas de fièvre. Il y a plus de risque de se déshydrater, notamment chez l’enfant et la personne âgée. Il faut donc boire régulièrement et par petites gorgées. Vous pouvez opter pour une eau riche en minéraux ou en oligoéléments, mélangée à part égale avec un jus de pomme ou de raisin en alternance avec un bouillon tiède salé. En cas de signes légers de déshydratation, en attendant d’avoir un avis médical en urgence, préparez des solutions de réhydratation orale qui s’achètent en pharmacie sans ordonnance, à faire boire par petites gorgées également.
Des mesures physiques peuvent aussi participer à faire baisser la fièvre. Il ne faut pas surcouvrir la personne fébrile : préférez une tenue légère en matière respirante comme le coton. L’utilisation d’un brumisateur permet aussi, par un phénomène d’évaporation, de faire baisser la température. Pensez à bien aérer la pièce et à maintenir une température ambiante aux environs de 20 °C.
Vous pouvez enfin préparer un bain à condition d’avoir un thermomètre pour régler la température de l’eau. Celle-ci doit être de 1,5 à 2 °C en dessous de la température de la personne fébrile. Par exemple, si la fièvre s’élève à 39 °C, l’eau du bain devra être entre 37,5 °C et 37 °C. La durée du bain est de dix minutes et devra être pris sous surveillance notamment chez l’enfant.
La docteure Laure Martinat, est Médecin, interne en Anesthésie-Réanimation, CHU de Poitiers, Naturopathe, diplômée en Phytothérapie et Aromathérapie. C'est aussi l'autrice de l’ouvrage Fleurs de Bach : le guide de référence.