Maladies respiratoires
Prendre soin de mes poumons au naturel (3/4)
Nous portons peu d'attention à nos poumons jusqu'à ce qu'ils soient en souffrance, lorsqu'ils sont atteints d'une pneumopathie due, par exemple, à un virus comme celui du Covid-19. La médecine chinoise, la naturopathie, et pourquoi pas la cure thermale peuvent améliorer le fonctionnement de ces organes vitaux. Avec des méthodes et des pratiques juste naturelles…
Réguler l'énergie des poumons en médecine chinoise
Ce n’est pas un hasard si les Chinois appellent le poumon « le toit des organes ». En médecine chinoise, les poumons assurent la protection de l’organisme, tel un bouclier. Il gouverne le qi, l’énergie vitale qui circule d’organe en organe, et veille à l’équilibre du corps. Selon cette médecine ancestrale, les poumons contrôlent aussi la respiration, la circulation des liquides organiques de la tête aux pieds et leur élimination par la peau et les poils. C’est parce qu’il joue ce rôle d’armure que le poumon est symbolisé par l’élément métal. « Lorsqu’on attrape froid, c’est que le bouclier n’est pas performant », explique Bruno Pueyo, naturopathe et praticien en médecine chinoise, en Ardèche.
Car son rôle d’intermédiaire entre l’intérieur du corps et l’environnement extérieur – l’air inspiré rentre dans l’organisme et inversement – le rend sensible au vent, au froid, à la chaleur, à la sécheresse ou encore à l’humidité. Ces paramètres peuvent alors fragiliser le qi et déclencher symptômes et pathologies.
À l’inverse de la médecine occidentale qui compartimente notre corps, cet art ancestral s’intéresse à la communication entre les organes liés les uns aux autres par le qi. Ainsi, un symptôme au niveau du poumon peut être engendré par un autre organe. « Le poumon est relié au gros intestin. En cas de symptôme au poumon, on s’intéresse à ce dernier et inversement », explique Bruno Pueyo. Une théorie que vient appuyer Jean Pélissier, praticien et auteur de livres sur la médecine chinoise, qui a constaté des soucis intestinaux chez ses patients durant la crise du Covid-19. « Beaucoup étaient sujets à la constipation lorsque leurs poumons étaient fragilisés », raconte le spécialiste. Il faut alors enquêter pour savoir d’où vient la cause du mal afin de rétablir l’équilibre énergétique. Pour ce faire, les thérapeutes vont s’attarder sur différents signes cliniques. « On regarde la pointe de langue, zone représentative du cœur et du poumon. Le fait qu’elle soit gonflée, sèche ou pâle donne des indices sur l’état des poumons. Un enduit jaune dessus indique la présence de chaleur et de mucosités dans l’organe », détaille Bruno Pueyo. Et comme le poumon est également relié à la peau et à la couleur blanche, « on regarde si les joues sont pâles, signe d’une mauvaise circulation du qi », poursuit-il. Enfin, le pouls pris sur l’artère du poignet droit, selon s’il est faible, superficiel, rapide ou profond peut indiquer une dysharmonie de l’organe. Pour compléter l’analyse, certains font appel à la chronobiologie chinoise qui associe les symptômes d’un organe aux heures de la journée. « L’heure du poumon se situe entre 3 et 5 heures du matin. Les réveils nocturnes avec des toux ou des gênes respiratoires sur cette tranche horaire sont des signes à écouter », précise Bruno Pueyo.
La symbolique du poumon
En médecine traditionnelle chinoise, chaque organe du corps se comprend au regard de caractéristiques précises.
- Saison : automne
- Émotion : tristesse
- Couleur : blanc
- Élément : métal
- Organe extérieur : nez et peau
- Entraille associée : gros intestin
- Saveur : piquante
Aussi, le poumon est relié à l’émotion de la tristesse, de l’inquiétude, qui impacte le diaphragme. « Un décès, une séparation amoureuse peuvent affaiblir l’organe », ajoute Bruno Pueyo. « La moitié des cancers du poumon concernent des gens tristes et soumis à l’inquiétude en permanence », déclare, de son côté, Jean Pélissier. Heureusement, la médecine chinoise a plus d’un tour dans son sac pour préserver nos poumons. En premier lieu, sa pharmacopée datant de plus 2000 ans ! Les prescriptions en phytothérapie chinoise correspondent à une préparation magistrale pouvant couramment inclure plusieurs plantes. En fonction des symptômes du patient, « certains mélanges vont assécher, humecter, réchauffer ou refroidir les poumons », décrit Patrick Shan, praticien de médecine chinoise, formateur, et chercheur en ethnomédecine. Lorsque le poumon est jugé « froid » (crachats blancs et encombrement), les Chinois utilisent des mélanges comprenant une plante à l’action réchauffante et sudorifique : le rameau de cannelle, ou gui zhi. Lorsqu’il est considéré « chaud », avec production de crachats jaunes ou de fièvre, ils comptent sur l’action rafraîchissante de l’écorce de mûrier blanc, le sang bai pi. En cas de poumon sec (toux et crachats verts), humidité et hydratation sont apportées grâce à une plante nommée bai he, le bulbe de lys. À l’inverse, lorsque l’humidité prédomine avec une toux grasse et des bronches encombrées, cap sur une plante asséchante : la ban xia ou tubercule de pinellia. Ces plantes citées font, par ailleurs, partie de formules indiquées contre les coronavirus en Chine. « Ces mélanges consolident le terrain pour faire la guerre aux virus », explique Patrick Shan. Et si vous préférez l’usage de plantes occidentales, les auteures Anne Vastel et Sylvie Chagnon proposent dans leur ouvrage Médecine traditionnelles chinoises, plantes médicinales occidentales (éd. Guy Trédaniel), un panel de végétaux aux actions équivalentes, tels que l’aunée, le sureau noir, la sauge ou encore le lierre terrestre.
Autre méthode, l’acupuncture stimule les méridiens afin d’harmoniser la circulation du qi et de prévenir l’apparition de pathologies. « Le méridien poumon part du creux de l’épaule, passe le long du bras, sur le pli du coude et va jusqu’au pouce, analyse Catherine Leroy, acupunctrice. En fonction du blocage, l’aiguille va disperser, stimuler ou harmoniser l’énergie. » Cette praticienne pique souvent en amont de la saison de l’automne, symbole du poumon en médecine chinoise : « L’organe sera plus fort pour faire face à la mélancolie et la tristesse de cette saison ».
Traitement pour enrayer une bronchite
Profil et symptômes : crainte du vent, des courants d’air, fatigue et toux légère depuis un ou deux jours. Peau moite, mal de tête, nez congestionné, présence d’un enduit blanc et mince sur la langue. Pouls calme et superficiel.
À prendre
- Une formule nommée gui zhi tang pour libérer le système respiratoire, à base de rameaux de cannelle, racine de pivoine blanche, gingembre frais, datte rouge et racine de réglisse, durant deux à trois jours, puis selon l’évolution des symptômes.
- Une soupe de poireaux et pommes de terre.
Une diète piquante
En Chine, les aliments sont classés en fonction de leur couleur, leur action, leur saveur… Ainsi, lors d’un début de toux ou de symptôme grippal, on choisit des saveurs piquantes qui réchauffent et font transpirer l’organe du poumon. On privilégie la soupe cong chi tang à base de tiges de ciboule et de graines de lotus, équivalent à une soupe de poireaux et de pommes de terre ! Le gingembre, l’ail, le radis noir, le navet et le poivre sont aussi utilisés. En cas de toux sèche, les Chinois ont recours au hei mu er, un champignon de bois noir en forme d’éponge, en soupe ou en dessert pour humidifier le poumon. Patrick Shan nous conseille l’Hélicidine, un sirop à base de bave d’escargot !
Deux points d’acupression stimulants
En médecine traditionnelle chinoise, notre énergie vitale, le qi circule dans notre corps grâce à des méridiens interconnectés. En activant certains points d’acupuncture avec les doigts, on agit sur cette circulation énergétique, et notamment celle qui passe par nos poumons. À faire : Masser les points de façon active, dans le sens des aiguilles d’une montre, sauf en cas de grossesse.
- Le point da zhui se situe sous la proéminence de la septième vertèbre cervicale, à la base du cou. Da zhui est utilisé en prévention et en curatif lors de maladies respiratoires jusqu’à l’emphysème. À faire : la main ouverte, on tambourine la zone avec les doigts.
- Le point he gu est situé sur le dos de la main, entre le pouce et l’index. Pour le trouver, on serre le point et il se situe juste là où il y a une bosse. Ce point est relié au méridien du gros intestin, couplé à l’énergie du poumon. Il soulage la fièvre, les sensations de froid ou encore la constipation. À faire : le masser de façon active, assez fortement dans le sens des aiguilles d’une montre, sauf en cas de grossesse.
Des remèdes contre les coronavirus
La crise sanitaire liée au Covid-19 a mis en lumière la médecine traditionnelle chinoise (MTC), et notamment sa pharmacopée. Parmi les traitements naturels déployés, les capsules de Lianhua Qingwen (une formule de 11 herbes) et les granules de Radix isatidis, racines séchées de la plante Isatis indigotica Fort. Déjà utilisés durant l’épidémie du Sras en 2003, ces remèdes se sont révélés utiles pour diminuer certains symptômes du Covid-19 comme la toux, les désordres digestifs et l’anxiété. Par ailleurs, un extrait de racine de réglisse (Ammonium glycyrrhizinate) associé à de la vitamine C a également été proposé comme thérapie contre le Covid-19 par le professeur Hong Ding de l’université de Wuhan. D’autres extraits végétaux, dont la Lycoris radiata connu sous le nom de lis araignée a montré des effets contre le Sras en 2003, ainsi que l’Artemisia annua, (l’armoise annuelle). Son efficacité contre le Covid-19 a été prouvée récemment par l’institut Max-Planck, en Allemagne.