Berbérine : nouveau coup dur pour les compléments alimentaires
Après la parution du hors série magazine 60 millions de consommateurs consacré aux risques des compléments alimentaires, c’est l’Anses qui cette fois, met en garde contre les effets indésirables des compléments à base de berbérine. Mais gare aux amalgames faits entre les vertus de la plante berbérine et les compléments à base de ce végétal.
Alcaloïde présent dans l’écorce et les racines de plusieurs végétaux du genre « berberis », on trouve la berbérine dans les baies d'épine-vinette, l’hydraste du Canada ou le coptide chinois. En médecine chinoise, cette dernière est utilisée en guise de traitement contre les infections gastro-intestinales, mais en Europe, c’est surtout son action régulatrice de la glycémie et la cholestérolémie qui intéresse les consommateurs.
Alors qu’aucune allégation de santé n’existe à ce jour pour les plantes à berbérine ou pour les substances du groupe des alcaloïdes isoquinoléiques dans la règlementation européenne, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a saisi l’Anses (L’Agence nationale de sécurité sanitaire) en juin 2018 afin d’établir des conditions de sécurité d’emploi de ces compléments alimentaires en France. Suite à son expertise, l’agence a précisé hier, lundi 25 novembre, que la consommation de ces compléments “peut entraîner des risques de troubles gastro-intestinaux, d’hypoglycémie et d’hypotension”.
Une question de dosage
La réglementation de l’usage de berbérine dans les compléments alimentaires varie selon les pays européens. En Belgique et en Pologne par exemple, la dose journalière maximale a été fixée à 10 mg, alors qu’en France, ce seuil n’est pas défini. Seul l’étiquetage doit comporter un avertissement déconseillant l’emploi de ces compléments aux femmes enceintes.
Dans ses conclusions rendues publiques hier, l’Anses a confirmé l’existence d’effets pharmacologiques à partir de 400 mg/jour chez l’adulte, à la fois sur le système cardiovasculaire (effets sur la pression artérielle et le rythme cardiaque), nerveux (effets anticonvulsivants, antidépresseurs et analgésiques), immunitaire (effets anti-inflammatoires et immunosuppresseurs) mais aussi sur le métabolisme (effets hypoglycémiants et hypolipémiants). L’Agence n’exclue pas que de tels effets puissent intervenir également à des doses inférieures.
Des interactions médicamenteuses
L’Agence nationale de sécurité sanitaire pointe également les nombreuses capacités de la berbérine à interagir avec des médicaments, ce qui peut compromettre l’efficacité de ces derniers. Elle appelle à la réalisation d’études complémentaires afin de mieux réglementer leur usage, notamment en identifiant la dose minimale associée à des effets pharmacologiques. En attendant, l’Anses déconseille aux femmes enceintes et allaitantes, aux diabétiques, aux personnes souffrant de troubles hépatiques ou cardiaques, et aux enfants et adolescents, de consommer ces produits.