Covid-19
Covid-19 : les huiles essentielles au secours des pertes d’odorat
Notre odorat est bien malgré lui mis en lumière depuis la crise de la Covid et les pertes d’odorat que ce virus induit chez certains. Heureusement, vous pouvez le stimuler efficacement grâce aux plantes et récupérer jusqu’à un quart de vos capacités olfactives. Pour cela, découvrez un protocole à base d’huiles essentielles accompagné des conseils de notre expert.
Jusqu’à 70 % des patients touchés par la Covid perdent tout ou partie de leur odorat. Les trois quart d’entre eux récupèrent naturellement leur odorat dans les deux mois après la fin de la maladie. Si vous êtes concernés, vous pouvez décider d’agir activement pour stimuler votre odorat et maximiser vos chances de récupérer vos pleines capacités.
Un nez bouché ou des terminaisons nerveuses atteintes
Aujourd’hui encore, les mécanismes précis de ce phénomène ne sont pas totalement élucidés. Certains patients ne sentiraient plus à cause de l’inflammation due au virus qui bouche leurs fentes olfactives. Pour d’autres cela relèverait plutôt du même phénomène physique qui fait perdre chaque année l’odorat à certains patients atteints d’un rhume : le virus altère les terminaisons nerveuses qui se trouvent dans nos fosses nasales et font le lien entre la muqueuse et le cerveau où est traité l’information. C’est ce qu’on appelle l’anosmie post-infectieuse ou post-virale.
Ces terminaisons nerveuses sont composées de cellules qui se renouvellent en trois mois, ce qui explique que, selon la gravité de l’atteinte, certains doivent patienter de longues semaines avant de retrouver leur odorat initial. Heureusement, vous pouvez agir face à cette perte d’odorat en stimulant ces terminaisons nerveuses à l’aide d’un protocole de rééducation olfactif.
Un protocole élaboré avec le CNRS
Des chercheurs du CNRS et l’association Anosmie se sont basées sur les travaux internationalement reconnus de Thomas Hummel pour établir un protocole quotidien afin de stimuler votre odorat :
Matériel et ingrédients :
6 huiles essentielles bios (citron, clou de Girofle, rose, eucalyptus, menthe poivrée, graine de café), 6 contenants opaques et 6 étiquettes.
Préparation et mode d’emploi :
Diluez chaque HE à 2 % dans chacun des contenants neutres (20 gouttes d’HE pour 30 ml d'eau). Inscrivez le nom de l’odeur sur l’étiquette collée sous le contenant (pour obliger à deviner l’odeur). Réalisez l’exercice deux fois par jour à distance des repas et sans perturbations olfactives type dentifrice. Secouez chaque flacon, placez-le 2 cm sous votre nez en réalisant un balayage de droite à gauche durant 30 secondes pour deviner l’odeur. Renouvelez les échantillons tous les 15 jours.
À savoir :
D’après les études, 4 à 5 mois de ce type de rééducation améliorent de 25 % l’odorat chez plus de deux tiers des patients atteints d’anosmie post-infectieuse (grippe ou infection comme la Covid).
Régularité et application plutôt que quantité et précipitation :
Le Dr Michel Faucon, pharmacien aromatologue et fondateur de l’École Aroma Sciences, rappelle que les bienfaits de l’entraînement olfactif sur la perte de l’odorat ont été scientifiquement étudiés et qu’il est aujourd’hui reconnu que cette rééducation pratiquée deux fois par jour pendant 12 semaines améliore la sensibilité olfactive de patients atteints de troubles olfactifs contractés suite à une maladie virale.
Cependant, il précise qu’il faut veiller à ne pas trop prolonger chacune de ces olfactions. Une inspiration bien conduite de 5 à 10 secondes en pleine conscience sera certainement plus bénéfique que de longues inspirations de 5 minutes. Ce sont plutôt la régularité, l’application et une pratique en pleine conscience qui induisent une amélioration durable.
Un prisme d’odeurs primaires
Si vous envisagez de remplacer certaines huiles essentielles par d’autres, prudence car elles ne sont pas sélectionnées au hasard. Michel Faucon explique que ce protocole fait appel à quatre molécules aromatiques variées représentatives des catégories d’odeurs primaires parmi les plus importantes, telles que définies par Hans Henning en 1915 dans sa proposition de « prisme des odeurs » :
- l’eucalyptol (ou 1.8 cinéole), parfum rafraîchissant aux notes camphrées présent dans les HE d’eucalyptus Radiata, Globulus ou Smithii.
- le citronnellal (ou aldéhyde monoterpénique), une odeur citronnée caractéristique présente dans les HE de citronnelles (Cymbopogon), d’eucalyptus citronné (Corymbia citriodora) et les essences d’agrumes (citron, orange douce).
- l’eugénol : phénol majoritaire de l’HE de Girofle.
- l'alcool phényléthylique (PEA) à l’odeur de rose miellée caractéristique de certains vins et présent dans l’HE de rose de Damas, géranium bourbon et néroli
Au 1er mars 2021, la Haute Autorité de Santé a publié un protocole de rééducation olfactive similaire mais surtout des recommandations d'examens pour les pertes d'odorats persistant au-delà de deux mois : "Les troubles du goût et de l’odorat au cours des symptômes prolongés de la Covid-19".
- Hummel, T. et al. "Effects of olfactory training in patients with olfactory loss". The Laryngoscope, 119(3), 496–499.
- Cedric Manesse. "Le déficit olfactif: le comprendre, le diagnostiquer, et compenser ses effets sur laqualité de vie. Neurosciences". Université de Lyon, 2018. HAL Id: tel-02069069.