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Des thérapeutes réagissent face au Covid-19

Des thérapeutes réagissent face au Covid-19

Contraintes réglementaires, interrogations sur la nature du virus et difficultés aiguës d'organisation… Face au Covid-19, la position des thérapeutes en médecine alternative est souvent délicate. Si les autorités sanitaires ont plutôt multiplié les mises en garde, ces professionnels ont ceci en commun qu'ils se sont rendus disponibles pour partager leurs connaissances. Nous avons aussi souhaité savoir comment ils ont abordé la situation, leur point de vue sur cette crise, et leurs conseils prodigués lors de cette épidémie inédite. Voici sept témoignages, en guise de retour sur expérience.

Jean-Claude Sonntag, pharmacien herboriste

Depuis quarante ans, Jean-Claude Sonntag distille ses conseils en phyto et aromathérapie dans sa pharmacie de Nancy. « Avec la crise du Covid-19, j’ai répondu à plus de sollicitations, en faisant de la phytothérapie de comptoir. Le rôle de conseil et d’écoute des pharmaciens est très important. » Aux habitués est venue s’ajouter une clientèle nouvelle : « Les gens se sont tournés vers les médecines complémentaires naturelles, car il n’y avait pas de traitement en allopathie. Ils sont perdus, alors ils se replient vers la phytothérapie et viennent à la pharmacie pour demander conseil pour se prémunir du virus et même lorsqu’ils sont ­infectés. Ils montrent une confiance énorme dans les médecines alternatives, même trop parfois. »

Jean-Claude Sonntag et son équipe ­proposent des protocoles adaptés à la situation du client. Les traitements préventifs reposent sur les mêmes bases que ceux indiqués en cas d’infection virale de type grippe. Le pharmacien herboriste conseille le drainage des organes cibles (foie, reins, pancréas, intestins) avec une tisane de romarin aux propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes. Puis, il recommande un mélange de quatre teintures mères (chardon-Marie, chicorée, fumeterre et myrtille), qui permet un drainage en profondeur : « Notre travail consiste vraiment à agir en amont pour conserver une bonne condition physique afin de pouvoir supporter le mieux possible la maladie au cas où elle se déclare. En plus du drainage essentiel des organes, je privilégie aussi une action antioxydante, car ce virus occasionne un gros stress oxydant qui facilite l’infection. »

En plus d’une alimentation riche en fruits et légumes, il conseille une tisane ­antioxydante (lire encadré). Dans sa panoplie consacrée à la prévention, Jean-Claude Sonntag a aussi concocté des formules à base de ­teintures mères d’échinacée et de lapacho pour ­augmenter les défenses immunitaires et « faire monter les ­globules rouges et globules blancs ». Le pharmacien propose également un ­protocole spécial en cas d’atteinte par le virus et insiste sur l’importance de garder un bon moral : « La phytothérapie est une médecine humaine et humaniste. Lorsque je discute avec un client, cela lui enlève déjà de l’angoisse. Et avec un mélange personnalisé, la personne se dit que quelqu’un s’occupe d’elle et cela est essentiel pour garder un bon mental. »

Son conseil santé

Une tisane antioxydante

Jean-Claude Sonntag conseille une tisane très chargée en cannelle et en girofle, aux principes actifs antioxydants très puissants.

Méthode : Faire bouillir une dizaine de clous de girofle et quatre à cinq bâtons de cannelle dans un litre d’eau. Prendre deux à trois verres par jour.

Françoise Couic-Marinier, docteure en pharmacie et aromathérapeute

« Mon activité de formatrice en aromathérapie auprès des professionnels de santé, s'est complètement arrêtée durant le confinement. Mais le côté positif est que j'ai pu terminer les manuscrits de mes deux prochains ouvrages ! J'ai ­également pris du temps pour répondre aux polémiques sur les huiles essentielles. Beaucoup de contre-vérités ont circulé, certains les considérant comme inefficaces, d'autres promettant monts et merveilles et d'autres encore soulignant la dangerosité de leurs molécules anti-inflammatoires. Je trouve cela dommage, quand on sait que les huiles essentielles à 1,8 cinéole ont montré des effets bénéfiques sur l'inflammation due au Covid-19, (lire aussi p. 6) ou que celle de lemongrass agit sur certains médiateurs de ­l'inflammation, ­présents dans les cas de coronavirus. Mis à part l'usage des huiles ­essentielles contenant des salicylates, comme la gaulthérie couchée, la gaulthérie ­odorante, et les bouleaux lors d'un épisode viral, il n'y a pas lieu de s'inquiéter ! Je regrette d'ailleurs que l'aromathérapie ne soit pas davantage exploitée dans les lieux de soin. De mon côté, j'ai conseillé aux soignants une ­formule à respirer sous leur masque (lire ­l'encadré ci-contre). J'ai fait des dons de sticks inhalateurs aux huiles essentielles relaxantes à des hôpitaux, et j'ai proposé des protocoles zen à diffuser dans plusieurs services et dans des Ephad afin d'apaiser les patients et les ­soignants. Ce n'est pas simple, car on n'a jamais vécu pareille situation ! Dans ces moments-là, je crois qu'il est important de lâcher prise, de cultiver le bonheur, de méditer et de revenir au temps ­présent. Respirer des huiles essentielles d'encens, de patchouli, d'agrumes peut aider. Le parfum des fleurs, aussi. J'ai un seringa devant ma fenêtre. La nature nous rappelle que nous sommes de passage et nous apprend l'humilité.

www.au-bonheur-dessences.com

Son conseil santé

Une synergie à porter sous son masque

Cette formule mélange des huiles essentielles aux actions antivirales, assainissantes et antistress.

• 10 ml d'huile de calendula • 10 gouttes d'huile essentielle d'eucalyptus radié • 10 gouttes d'essence de citron.

Méthode : Déposer deux ou trois gouttes du mélange à l'entrée des fosses nasales avant le port du masque.

Christophe Bernard, conseiller en herboristerie et en phytothérapie

« La crise du Covid-19 m'a donné ­l'occasion de me connecter encore plus avec la ­communauté internationale des herboristes qui se mobilise. Et j'ai pu en conclure que les plantes fonctionnent très bien dans les formes modérées du Covid-19. Pour ma part, j'ai laissé passer plusieurs semaines avant de donner des conseils sur mon site Internet et sur les réseaux sociaux. Il y a en effet beaucoup ­d'incertitudes sur ce virus, ainsi que sur les causes des formes graves, qui vont de la piste de la flore intestinale à celle des microthromboses… Finalement, je me suis dit que, malgré tout, il ne fallait pas perdre de vue les réponses que l'on peut apporter avec les plantes sur le plan de l'immunité et de la vitalité.

J'ai donc eu de bons retours sur l'utilisation du sureau, du gingembre, du thym, de l'hysope et de l'échinacée, lorsqu'elles sont bien dosées. En cas de toux on peut, par exemple, préparer en tisane une ou plusieurs de ces plantes à raison de 30 g par litre à boire dans la journée. On peut aussi prendre du sirop de baies de sureau ou de la teinture mère d'échinacée. Les produits de la ruche sont également intéressants et il peut être judicieux de rajouter un probiotique pour renforcer le microbiote. Enfin, il faut privilégier des plantes de qualité, en faisant appel aux ­producteurs cueilleurs près de chez soi. Cette crise est aussi l'occasion de penser solution locale. »

www.altheaprovence.com

Son conseil santé

La racine d'astragale

En prévention, Christophe Bernard conseille de faire appel aux propriétés ­adaptogènes,­ immuno­stimulantes et antivirales de ­l'astragale de Chine.

Méthode : Mettre 5 à 10 g de poudre de racine par jour dans un verre d'eau.

Thierry Thévenin, paysan herboriste

« Cette crise sanitaire a des conséquences qui ne sont positives ni sur le plan économique, ni sur celui de la santé. L'herboristerie ne faisant pas partie des achats de première nécessité, les clients ont craint d'avoir des amendes, en venant acheter mes tisanes à domicile. Je m'inquiète donc pour les personnes qui ont d'autres problèmes de santé… à tout cela, s'ajoute le stress de la situation.

En revanche, je continue à recevoir des ­commandes via mon site Internet, ­notamment pour des tisanes aux vertus apaisantes. ­Cependant, on me demande surtout de ­nombreux de conseils par Internet. Sur le Covid-19, la bibliographie internationale parle de l'armoise annuelle et de la renouée du Japon, mais elles ne sont pas faciles à utiliser en automédication. C'est pourquoi j'ai recommandé des plantes médicinales simples. Celles qui sont connues pour assainir les poumons et qui nous donnent de meilleures chances pour aborder la ­maladie. Je considère que l'immunité se prépare au long cours et qu'il est vain de la stimuler de manière brutale. Je vois bien qu'on s'engage dans une société virtuelle. Ce qui m'inquiète pour l'autre volet de mon ­activité : les formations dans la nature, ­destinées à faire connaître les plantes comestibles et ­médicinales. Heureusement, je reçois des ­messages d'anciens stagiaires qui me disent que cet ­enseignement leur est très utile en ce moment. Mais ce n'est pas un enseignement qui peut se faire à distance. La présence de la plante est essentielle, Il faut sentir, toucher… Nos sens font notre humanité. »

www.herbesdevie.com

Son conseil santé

Tisanes respiratoires

Pour faciliter l'expectoration lorsque les bronches sont encombrées, des tisanes de bourgeon de pin, de sommité fleurie d'hysope ou de feuilles de plantain lancéolé sont efficaces.

Méthode : Plongez une pincée par tasse de 20 cl d'eau bouillante ; laisser infuser dix minutes à raison de trois ou quatre tasses par jour.

Martine Cotinat, gastro-entérologue et conférencière

« Je bouillonne depuis le début de l'épidémie, car on n'entend parler que de vaccin ou de traitement et jamais d'alimentation. C'est pourtant essentiel quand on sait que plus de 70 % des cellules de l'immunité sont nichées dans l'intestin ! J'ai donc réalisé une fiche nutritionnelle que je fais en sorte de partager le plus possible. Il faut que les gens prennent en main leur alimentation pour ­préserver leur santé et soulager les ­soignants. Améliorer ses apports ­nutritionnels est à la portée de tout le monde, en plus de toutes les mesures barrières essentielles.

Il s'agit en priorité d'apporter des fibres à son microbiote pour favoriser les bonnes bactéries : les fruits et les légumes sources de vitamines et de minéraux, les légumineuses et les céréales complètes. Il est ­important de consommer des ­antioxydants. Les oméga-3 sont aussi bons pour notre microbiote : consommer au quotidien de l'huile de colza, de l'huile de cameline, des noix ou des graines de lin ainsi que des algues et des petits poissons gras. Il faut varier au maximum son alimentation ­végétale, car cela va favoriser la richesse bactérienne qui, à son tour, améliore notre santé. Et diminuer les ennemis du microbiote que sont les sucres et les gras. Et plutôt que la pâtisserie, il y a tellement de mets délicieux à préparer en faisant participer les enfants : brochettes de fruits, sorbets 100 % fruits, eaux parfumées, graines à faire germer… »

Son conseil santé

Légumineuses enrichies

Vous pouvez faire prégermer vos lentilles et vos pois chiches avant de les cuire pour les rendre plus riches en vitamines et en minéraux. Faites-les tremper une nuit, puis égouttez-les dans une passoire ou un germoir. Enfin, rincez-les deux fois par jour jusqu'à l'apparition d'un germe. On peut ajouter une cuillère à café de bicarbonate de soude pour faciliter la cuisson.

Daniel Caroff, médecin généraliste spécialisé en médecines complémentaires

« En tant que médecin spécialiste des ­médecines complémentaires – phytothérapie, homéopathie, acupuncture et médecines manuelles ­ – j'ai dû respecter un confinement strict pendant les quinze premiers jours. Mon activité au service de la santé au sens large n'a, en effet, pas été considérée comme prioritaire. Cependant, mon cabinet a été assaini grâce à cette fermeture. J'ai ensuite rouvert le cabinet. J'ai pu alors revoir mes patients, proposant des ­téléconsultations à ceux souffrant du Covid-19. J'ai aussi été régulateur à la permanence des soins pour les urgences à domicile.

Nous sommes face à une double épidémie : non seulement cette épidémie virale, qui très dangereuse pour les ­personnes ­affaiblies, mais aussi l'épidémie de peur qui se manifeste dans l'inconscient ­collectif et qui fragilise le système immunitaire. Je conseille à mes patients deux protocoles ­homéopathiques, l'un contre le Covid-19, l'autre pour faire face à ce sentiment de peur (lire encadré).

Pour renforcer l'immunité, je prescris aussi du chlorure de magnésium, connu comme antiviral, en cure de vingt et un jours. La méthode est la suivante : mélanger 40 grammes de nigari dans deux litres d'eau et boire 100 millilitres par jour à conserver au frais. Je recommande aussi deux grammes de ­vitamine C liposomale par jour, une forme bien mieux assimilée par l'organisme. ­L'alimentation avec les kiwis et les agrumes ne suffit pas. En Chine, la vitamine C est même ­administrée en curatif par voie ­intraveineuse. Enfin, j'invite les personnes qui vont être en contact avec le virus à déposer trois gouttes d'huile essentielle de ravintsara sur les poignets. »

Son conseil santé

Lutter contre le sentiment de peur

  • 3 granules par jour jusqu'à amélioration de Gelsemium 7 CH ou 9 CH
  • 1 dose par semaine jusqu'à amélioration de Gelsemium 30 CH.

Pierre Franchomme, initiateur de l'aromathérapie scientifique et créateur d'Aromathérapie sans frontières

Depuis le début de la crise du coronavirus, le spécialiste en aromathérapie Pierre Franchomme publie sur son site Internet et sur les réseaux sociaux des articles consacrés au virus : « Je donne tout ce que je sais, toutes mes connaissances sur les huiles essentielles et comment les utiliser face à cette épidémie. C'est ma façon de partager pour que les gens aient un maximum d'informations. » Sur son blog, le directeur scientifique de Pierre Franchomme Lab explique, par exemple, pourquoi les huiles essentielles à eucalyptol comme le Laurus ­nobilis et l'Eucalyptus globulus sont intéressantes contre le Covid-19. « J'ai eu à cœur d'œuvrer pour vulgariser le plus d'information possible sur cette maladie afin que les gens puissent se soigner. Car les grands médias et les instances sanitaires ne prennent pas en compte tout ce qui est ­alternatif ! L'intérêt pour la ­phytothérapie et l'aromathérapie reste toujours très faible, c'est incompréhensible. » D'autant que, selon le chercheur, le recours aux médecines alternatives « aurait pu probablement sauver certains malades » et il cite cette femme âgée de 74 ans, infectée par le virus et hospitalisée à Strasbourg : « Les médecins ont déclaré qu'elle vivait ses dernières heures, sa fille a obtenu un accord du service hospitalier pour que lui soit donné un protocole d'aromathérapie, élaboré à partir de la documentation existante. Sa mère va bien aujourd'hui. »

www.pierrefranchomme-lab.com

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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