Ce printemps, semez des variétés locales et typiques
En ce début de printemps, beaucoup de jardiniers amateurs recherchent des semences pour diversifier les variétés de légumes cultivées. Bourses d’échanges, troc ou achats de graines à des associations spécialisées… Voici quelques pistes pour faire entrer dans votre jardin des variétés souvent anciennes et bien adaptées à votre terroir.
Connaissez-vous la laitue mouchetée de Salasc ? Elle était en voie de disparition lorsque Martine et Mariano Pusceddu, maraîchers bio dans l’Hérault, ont repéré cette variété dans le jardin d’une vieille dame : « Il lui restait seulement quelques graines de cette laitue qu’elle seule possédait. Elle nous les a gentiment données pour qu’on puisse sauvegarder ce patrimoine. » Les graines de la mouchetée de Salasc sont à présent accessibles à tous (et vendues sur des sites d’artisans semenciers) grâce à l’association Semeurs du Lodévois-Larzac. Martine et Mariano l’ont créée avec d’autres maraîchers pour empêcher des variétés non inscrites au catalogue officiel de s’éteindre. Ils ont aussi ressuscité une autre ancienne spécialité locale : l’oignon de Tarassac, large et plat à la saveur douce et sucrée. Il faut dire que l’association s’appuie sur tout un réseau : les artisans semenciers, mais aussi les jardiniers amateurs qui collectent auprès des anciens leurs graines originales et leur savoir-faire afin de les transmettre. Outre la vente de leurs semences, ils organisent plusieurs fois dans l’année des bourses d’échanges où chacun vient proposer ses graines et glaner celles qu’il recherche. « Le rôle des jardiniers amateurs et des citoyens est primordial, car en plantant ces semences paysannes originales et reproductibles dans leur jardin, ils jouent un rôle actif pour la biodiversité », s’enthousiasme Mariano.
Des variétés locales et anciennes
Réintroduire dans son jardin des légumes adaptés aux terroirs locaux est vraiment dans l’air du temps. Par exemple, La Semencerie, en Franche-Comté, qui regroupe cinq fermes maraîchères bio, propose uniquement des légumes, des fleurs et des plantes aromatiques implantés depuis plusieurs générations ou acclimatés à la région, comme le pois jaune de Frasne, délicieux en soupe, l’odorant tabac parfum de jasmin ou le zinnia liliput. Sur leur site, des fiches techniques sont même mises à disposition pour aider chacun à autoproduire ses semences. Des associations jouent aussi le rôle de conservatoires de graines, comme Les Jardins Inspirés, en Gironde, qui ont développé notamment une belle collection de tomates originales et libres de reproduction : tomates chocolat, Gun metal grey, Invernale giallo Mesagné, Lucinda, Pink furry boar, Silvery fir tree, Violet jasper, etc., dont on achète les graines sur la boutique en ligne du site. Des ateliers sont organisés dans leur jardin-école pour apprendre à multiplier les semences et à créer des jardins potagers agroécologiques.
Si votre terrain est suffisamment grand, pourquoi ne pas planter des variétés anciennes d’arbres fruitiers pour les pérenniser. Dans les Hauts-de-France, Les vergers de Pévèle Scarpe donnent des conseils sur les 750 types de pommes et les 350 types de poires locales et forment aux plantations et aux greffes des arbres : « Il est judicieux de choisir des variétés à maturité décalée. Par exemple, la poire Beurré Hardy vient à maturité début août, la Conférence début septembre et la Comtesse de Paris en décembre. » Et si vous avez vraiment de la place et que vous avez envie d’aider à sauver une espèce en voie de disparition, rapprochez-vous du conservatoire du Potager extraordinaire à La Roche-sur-Yon. Celui-ci cherche des lieux pour planter sa Lagenaria siceraria. Car cette gourde pèlerine, peu consommée et utilisée plutôt comme contenant, a besoin d’espace.
Partager son savoir-faire
Nombre de ces paysans semenciers ou jardiniers militants sont chapeautés par le Réseau Semences Paysannes, présent partout en France. Ce label offre une garantie de qualité des semences et de savoir-faire : « Il n’est pas toujours facile de cultiver et conserver des semences paysannes et de savoir si elles sont bien adaptées au sol. Donc nos adhérents ont à cœur de conseiller et de former les particuliers qui souhaitent participer à cet effort de sauvegarde », explique Amélie Hallot-Charmasson, animatrice au Réseau.
Pour jardiner local, regardez autour de vous, car beaucoup d’associations et de collectifs s’inscrivent aujourd’hui dans cette démarche. Troc, bourses d’échanges ou achats à des artisans semenciers, différentes solutions sont à portée de main. Ce sont souvent des passionnés qui ont à cœur de transmettre et de revaloriser des variétés locales loin du système de monopole des semenciers industriels internationaux.