Nature
Restaurer ou réensauvager ?
En complément des politiques de préservation et de conservation, la restauration des écosystèmes est reconnue comme un levier pour lutter contre le dérèglement climatique et la perte de biodiversité. Mais des débats persistent quant à la méthode. Il existe, en effet, deux façons de restaurer les écosystèmes : la « restauration active », qui propose d'aider un écosystème à récupérer ce qui a été dégradé « par le bas » (par exemple en reconstituant des communautés végétales qui sont la base de la chaîne alimentaire en espérant faire revenir ensuite les herbivores), alors que le réensauvagement propose de reconstruire un écosystème « par le haut » (par exemple en réintroduisant des grands herbivores) pour encourager avant tout les processus naturels afin qu'ils redeviennent autonomes et résilients.
La restauration active, née dans les années 1930, a déjà fait la preuve de son efficacité tandis que le réensauvagement, qui a émergé seulement dans les années 1990, et a beaucoup gagné en popularité, voit cependant sa légitimité encore débattue. Une synthèse récente de la littérature réalisée par des chercheurs de l'Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie, situé à Marseille, conclut que « l'une n'exclut pas nécessairement l'autre » et que l'échec de nombreux projets de restauration active montre qu'il est « plus que temps d'étudier les possibilités offertes par la complémentarité entre ces deux approches ».
« Ecological restoration and rewilding : two approaches with complementary goals ? », Biological Reviews, 12 février 2024.
« Managed as wild, horses influence grassland vegetation differently than domestic herds », Biological Conservation, 2 février 2024.