Moustiques-tigres : les meilleures solutions naturelles pour lutter

Qu'est-ce qui est rayé noir et blanc, mesure moins d'un demi-centimètre, est silencieux et pique plutôt le jour ? Le moustique-tigre, malheureusement ! Durablement implanté dans 78 départements français de la métropole depuis janvier 2024, actif entre mai et fin novembre, Aedes albopictus gâche désormais nombre de nos soirées d'été mais, plus grave, il contribue à propager certains virus.

"Nous allons désormais devoir faire avec"

Apparu en 2004 pour la première fois dans les Alpes-Maritimes, le moustique-tigre a conquis, en deux décennies 90 % du territoire (lire ci-dessous). Essentiellement urbain, le plus zébré des culicidés est hélas pratiquement impossible à déloger une fois qu'il est installé sur une commune ou un département. Comme le résume Gregory L'Ambert, entomologiste médical et responsable du pôle lutte préventive à l'Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen (EID Méditerranée) : « Nous allons désormais devoir faire avec. » Après les départements d'outremer, l'Hexagone commence à faire face aux problématiques sanitaires que le moustique-tigre draine avec lui.

L'Agence nationale de sécurité sanitaire, l'Anses, nous alertait en avril dernier lors d'une journée thématique : « Vecteurs d'agents pathogènes, les moustiques s'imposent comme un enjeu majeur de santé publique pour l'ensemble des territoires français. » En effet, les moustiques-tigres peuvent transmettre par leurs piqûres des virus responsables d'infections comme la dengue, Zika ou Chikungunya et leur présence croissante ne fait qu'aggraver la transmission de ces virus.

Particuliers : nous avons un rôle crucial à jouer contre cette prolifération rapide

Les moustiques sont infectés en piquant une personne porteuse d'un de ces virus et en contaminent une nouvelle lors d'une prochaine piqûre. Dans la plupart des cas, les symptômes de ces maladies sont modérés (ils ressemblent globalement à un syndrome grippal avec fièvre et douleurs articulaires) et ne nécessitent pas d'hospitalisation. Mais il arrive que leurs conséquences soient plus graves : Zika, par exemple, peut provoquer des anomalies congénitales si vous êtes enceinte.

Lorsqu'on demande à Gregory L'Ambert si l'été 2024 va être particulièrement placé sous le signe du moustique, le spécialiste répond que « cela va surtout dépendre de la place qu'on lui laisse ». En effet, cette espèce se reproduit très vite (les femelles moustiques-tigres pondent jusqu'à 400 œufs tous les 15 jours). Une fois né, le moustique a une durée de vie moyenne de deux à trois semaines. Très urbain et se déplaçant peu, le moustique-tigre vit dans un rayon de 150 mètres. Comme l'explique l'Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine : « le moustique qui vous pique est né dans votre quartier ! » Ainsi, nous avons chacun un rôle à jouer.

La principale action à mener se fait au jardin ou sur les balcons, en supprimant ou vidant tous les endroits qui peuvent retenir l'eau de pluie où le moustique-tigre adore pondre et proliférer (lire l'encadré ci-dessous). À Montpellier, Gregory L'Ambert et ses collègues ont mené une opération dans trois quartiers en sensibilisant à ces bons gestes 80 % des habitants possédant un jardin et en les équipant de dispositifs de piégeage. Résultat, une diminution moyenne de 30 à 40 % des moustiques-tigres dans la zone concernée.

La démoustication chimique n'est pas la solution

À ceux qui penseraient, excédés, qu'une bonne opération de démoustication réglerait le problème, Gregory L'Ambert rappelle : les opérations via insecticides ne sont pas une solution durable et posent « beaucoup de problèmes pour notre santé et l'environnement ». Une opération de démoustication tue les moustiques qui volent à un instant « t », mais « le répit n'est que de quelques jours » : de nouveaux moustiques naîtront des larves qui se trouvent à l'abri dans leurs réserves d'eaux stagnantes. Le problème ne peut donc que se régler à la source, c'est-à-dire en supprimant ou vidant régulièrement les potentiels lieux de ponte des moustiques, qui se trouvent principalement chez les particuliers.

Rares, les démoustications avec insecticide ne sont engagées que si une personne revient en métropole avec un virus transmissible comme la dengue, Chikungunya ou Zika. Sa zone d'habitation est alors traitée pour éviter que le virus soit transmis. Quant aux « moustiques OGM » (des individus stériles insérés dans les populations pour les décimer), le spécialiste estime que c'est une technique certes prometteuse, mais pour l'heure très coûteuse et qui n'a pas encore apporté la preuve de son efficacité.

Pièges à eau, CO2, gaz : peu efficaces et à bien choisir

Depuis quelques années, de nombreuses entreprises surfent sur le problème et proposent des pièges, dont le prix varie de 100 à plus de 1 000 euros. Or, comme Gregory L'Ambert le résume : « Les pièges fonctionnent, mais n'éliminent généralement qu'à la marge. Si vous avez au départ 1 000 moustiques, le ressenti ne sera pas forcément très différent avec 400 moustiques restants. »

Si vous souhaitez tout de même investir dans ces technologies, sachez que les plus intéressantes (et les plus économiques, 20 à 30 €) sont les pièges remplis d'eau, qui reproduisent un lieu de ponte idéal et capturent les moustiques grâce à des surfaces collantes tapissant leur intérieur. Le second dispositif en termes d'efficacité est le piège à CO2 et à attractif chimique mais il coûte plus d'une centaine d'euros, consomme de l'électricité et il faut changer tous les deux mois les produits qu'il contient. Les pièges à gaz, censés aspirer les moustiques, sont, selon notre expert, parmi les moins efficaces. Les autres appareils à ultrasons, lampes UV ainsi que l'introduction de chauve-souris ou d'autres insectes sont également très peu efficaces, mais aussi parfois nuisibles aux autres espèces d'insectes.

Les huiles essentielles les plus efficaces contre le moustique-tigre

Les répulsifs sont une aide complémentaire non négligeable pour nos soirées d'été, mais tous ne sont pas efficaces contre le moustique-tigre et surtout, certains font appel à des produits de synthèse – comme le DEET ou la picaridine – qu'il est préférable d'éviter. Concernant les huiles essentielles (HE) répulsives, il faut faire le tri car les moustiques-tigres sont moins sensibles que les autres espèces à des huiles essentielles traditionnellement efficaces comme l'ylang-ylang. Heureusement, une étude comparative menée en 2022 sur 60 huiles essentielles nous indique huit HE particulièrement efficaces contre le moustique-tigre (lire l'encadré ci-dessous).

Toutefois, comme le précise le Dr Laure Martinat, spécialiste en phyto-aromathérapie : « On n'utilise pas régulièrement les HE à phénols (comme le thym à thymol) ou à aldéhydes aromatiques (comme la cannelle écorce), car elles sont dermocaustiques. » Favorisez donc plutôt ces HE de façon ponctuelle ou en diffusion.

Enfin, notez que certaines huiles essentielles ont un effet attractif sur le moustique-tigre, dont celles de poivre noir, de cumin, de pin sylvestre, de mandarine, de bois de rose, d'encens et de citron. Évitez donc d'en mettre dans vos parfums ou produits d'hygiène maison cet été.

Il existe aussi des répulsifs 100 % naturels efficaces, tels ceux de la marque Crusoé, développés par l'ingénieure chimiste Claude Grison, directrice de recherche au CNRS. Composés d'HE d'eucalyptus et de géranium bourbon, leur efficacité, testée au Vectopôle de Montpellier s'avère sept fois supérieure à celle des répulsifs chimiques. Ces deux huiles essentielles ont également été choisies par le laboratoire Boiron.

En complément de ces mesures, privilégiez en prévention des vêtements longs, amples (parce que ces petites bêtes parviennent à nous piquer à travers les tissus moulants) et clairs (car les insectes sont plutôt attirés par les couleurs sombres).