La surveillance des maladies doit s'adapter au changement climatique
La propagation des maladies infectieuses est directement liée aux conditions climatiques dans lesquelles elles prennent naissance. Jean-François Guégan, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), nous explique les conséquences du réchauffement climatique sous nos latitudes.
Plantes & Santé Le changement climatique va-t-il avoir des effets sur la santé ?
François Guégan Il en a déjà. On s’en est aperçu lors de la canicule de 2003, qui a causé des milliers de morts. À moyen et long terme, les effets sont plus difficiles à appréhender car ils mettent en jeu de multiples facteurs. Avec 4 degrés de température en plus, l’insecte véhiculant le virus de la dengue pourra se retrouver en France, mais cela ne veut pas dire que la dengue se développera. Cela dépendra de la quantité de virus véhiculée, des habitats que l’insecte trouvera, des mesures prises pour supprimer ces habitats (eaux stagnantes, fossés, gouttières...). On peut aussi évoquer l’augmentation des radiations ultraviolettes qui peuvent causer des cancers cutanés ainsi qu’une interaction avec la pollution de l’air, notamment en période de canicule, quand il y a moins de vent. On s’attend aussi à voir se développer des allergies au pollen d’espècesqui auront migré vers le nord. Des gens seront confrontés à des pollens d’olivier, ce qui peut potentiellement créer des allergies du fait de la rencontre avec un élément que le système immunitaire ne reconnaît pas.
P & S Quelles sont les personnes les plus vulnérables ?
F. G. Une personne qui a une bonne hygiène de vie et une bonne santé s’adaptera bien mieux à une température de 40 °C. La nutrition et le terrain immunologique et physiologique seront déterminants. Par extension, un bon niveau de vie mettra plus à l’abri. Les plus affectés seront les pauvres, les enfants en bas âge et les personnes âgées ayant des complications physiologiques, pathologiques, respiratoires ou cardiovasculaires.
P & S Avez-vous l’impression que ces problèmes sont suffisamment pris au sérieux ?
F. G. Du fait que la COP21 ait lieu cette année en France, on en parle plus. Mais qu’en sera-t-il l’an prochain ? Il y a tout de même une prise de conscience de la nécessité de mettre en place des réseaux de surveillance des maladies. Il en existe, mais on ne collecte pas forcément les bonnes données pour répondre à la question des effets du changement climatique. C’est pourquoi il faut continuer la recherche.