Pedra hume caa : l’insuline végétale venue d’Amazonie
Pedra hume caa (Myrcia salicifolia) figure en bonne place dans la pharmacopée traditionnelle brésilienne. Cette plante est utilisée depuis déjà longtemps par les tribus indigènes de la forêt équatoriale contre le diabète, la diarrhée et la dysenterie.
[Mis à jour le 10/06/2018]
Dès 1965, le Dr Cruz, médecin et herboriste brésilien réputé, surnommait la pedra hume caa « l’insuline végétale ». Comme il l’explique dans son ouvrage «Livro verde das plantas medecinais e industriais do Brasil» : «On utilise la plante entière en infusion, décoction ou extrait. Une consommation régulière de cette plante produit des effets thérapeutiques surprenants: à brève échéance, le sucre disparaît des urines.» Quarante ans plus tard, praticiens et chercheurs continuent d’évaluer et d’apprécier l’action thérapeutique de cette plante, qui s’est imposée comme un remède naturel populaire contre le diabète dans toute l’Amérique latine. Elle est aussi couramment employée contre l’hypertension, l’entérite, les hémorragies et les aphtes.
Des composants jusqu’ici inconnus
L’analyse de pedra hume caa a révélé qu’elle contient des taux élevés de flavonoïdes (flavonols et flavanones). En 1998, des chercheurs japonais ont découvert dans la plante une série de phytocomposants bioactifs jusqu’alors inconnus : des glucosides de flavanones, qu’ils ont baptisés myrciacitrins I et II ; et des glucosides d’acétophénone, baptisés myrciaphénones A et B. Ces phytocomposants se sont révélés être de puissants inhibiteurs de l’aldose reductase (enzyme qui transforme l’excès de glucose en sorbitol chez les diabétiques) et de l’alphaglucosidase (absorption digestive des sucres).
Les inhibiteurs de l’aldose reductase sont des substances qui protègent les terminaisons nerveuses exposées à des taux élevés de sucre dans le sang en empêchant l’accumulation du sorbitol dans les nerfs. Les inhibiteurs de l’alphaglucosidase retardent la digestion et donc l’absorption digestive des sucres. Ce sont donc à ces composants que pedra hume caa devrait ses propriétés antidiabétiques. Divers inhibiteurs de l’aldose reductase font actuellement l’objet de recherches. On estime qu’ils pourraient prévenir ou limiter certaines complications du diabète, notamment la neuropathie périphérique et certaines atteintes oculaires.La plante contient par ailleurs d’autres flavonoïdes capables de bloquer la production d’acide urique (inhibition de la xanthine oxidase).
Testés, les extraits de feuille aident l’organisme
à maintenir l’équilibre glucosique
Les propriétés hypoglycémiques des extraits de feuilles de pedra hume caa ont été mises en évidence dès 1929. Depuis, la pertinence de l’usage traditionnel de la plante a été confirmée par de nombreuses études cliniques. Dans un essai en double aveugle réalisé auprès de patients diabétiques (diabète de type 2) et non diabétiques, l’administration de 3 g d’extrait sec de feuilles de pedra huma caa par jour a permis de faire baisser le taux d’insuline plasmatique chez les malades. Dans une autre étude, réalisée sur des rats diabétiques, 250 mg/kg d’extrait liquide ont donné des résultats notables : modération de l’appétit et de la soif, réduction du volume urinaire, diminution des taux de sucre et d’urée dans les urines, inhibition de l’absorption digestive des sucres. L’étude concluait que «les extraits aqueux de pedra hume caa ont un effet bénéfique sur le diabète, essentiellement en améliorant les paramètres métaboliques de l’homéostase(capacité de l’organisme à maintenir un équilibre) glucosique».
Une ressource durable
Pedra hume caa est un arbuste qui pousse très vite et qui se développe d’autant plus vite qu’on le taille. Un seul plant peut ainsi produire jusqu’à 60 kg de feuilles chaque année. Cet arbuste constitue donc une ressource durable et… précieuse face à l’épidémie de diabète qui frappe le monde occidental.