La sauge, une plante
très féminine
Reconnue pour ses vertus médicinales depuis l’Antiquité, la sauge était utilisée en Égypte 6 000 ans av. J.-C. On faisait alors boire des tisanes aux femmes pour les rendre fertiles. Depuis, ses propriétés œstrogènes like ont été prouvées, et son action régulatrice sur les déséquilibres hormonaux féminins, approuvée.
« Qui a de la sauge dans son jardin n’a pas besoin d’un médecin ». Le célèbre adage du Moyen Âge, issu de la grande école de médecine de Salerne, confirme la réputation médicinale de cette plante, dont le nom latin, Salvia, signifie « la plante qui sauve ». Avec près de 900 variétés de sauge qui poussent actuellement dans le monde, cette vivace de la famille des lamiacées est souvent cultivée dans les jardins (voir notre article).
Plante des régions méditerranéennes, elle présente des feuilles étroites et dentelées, recouvertes d’un duvet qui lui donnent une apparence argentée. Parmi les nombreuses sauges, deux d’entre elles se démarquent par leurs propriétés médicinales : la sauge officinale (Salvia officinalis) et la sauge sclarée (Salvia sclarea), également appelée « herbe aux plaies ».
Les vertus de cette plante sont très intéressantes pour traiter les troubles liés au cycle féminin. Le Dr Leclerc, maître de la phytothérapie clinique française, a reconnu à la sauge « une réelle efficacité pour régulariser le flux menstruel, en calmer les réactions douloureuses, et combattre les troubles que provoquent la ménopause ».
L’action de la sauge sur les troubles hormonaux
La sauge contient ce que l’on appelle des phyto-œstrogènes, autrement dit des molécules chimiques dont la structure est quasi semblable à celle des œstrogènes produites par les ovaires. Cette ressemblance lui donne des propriétés similaires aux hormones féminines, ce qui explique qu’elle soit prisée depuis des générations pour accompagner les femmes de tout âge dans leurs différents troubles hormonaux. Une utilisation toujours d’actualité, à condition toutefois de se montrer prudent en cas de cancer hormono-dépendant (lire en fin d’article).
Ainsi la sauge est intéressante pour accompagner la transition de la ménopause, en palliant en partie à la chute hormonale qui la caractérise. Elle atténue la formation des bouffées de chaleur et des suées nocturnes, tout en modérant la transpiration excessive grâce à ses tanins qui paralysent les terminaisons nerveuses des glandes sudoripares.
- Pour les bouffées de chaleur, prendre 50 gouttes de teinture mère (TM) de Salvia officinalis le matin dans un verre d’eau de 60 ml.
- Pour les suées nocturnes, prendre 1 cuillère à café de feuilles séchées de Salvia officinalis dans de l’eau chaude. À boire deux heures avant le coucher.
Reconnue pour son action régulatrice sur les troubles menstruels (cycles longs, règles faibles, indiquant une insuffisance oestrogénique), la sauge agit également sur les microrragies ou les aménhorrées pour stimuler l’ovulation.
- Pour reproduire le cycle naturel, prendre 50 gouttes de TM de Salvia officinalis matin et soir, depuis le troisième jour après le début des règles et jusqu’au huitième jour du cycle, et 50 gouttes de TM d’Achemilla vulgaris deux fois par jour, matin et soir, du quatorzième au dernier jour du cycle.
Plante d’action glandulaire, son effet antigalactogène est également remarquablement efficace pour couper les montées de lait. À préconiser donc pour stopper l’allaitement de manière naturelle. Enfin, ses propriétés bactéricides et antifongiques donnent de bons résultats sur cystites et vaginites, ces troubles induits par un déséquilibre de la flore vaginale, surtout lorsqu’ils sont liés à une carence œstrogénique réelle.
Cancer hormono-dépendant et tisane de sauge
Sur l’utilisation de la sauge en cas de cancer hormono-dépendant, les avis ne concordent pas toujours. Dans le milieu de la recherche, certains soulignent un potentiel anti-inflammatoire grâce à la présence d’acide ursolique. D’autres continuent de la déconseiller en cas d’antécédent de cancer hormono-dépendant, à cause de son action œstrogène like qui peut «booster » le développement de la tumeur.
En ce qui concerne la tisane, il a été démontré que les diterpènes responsables de l’effet œstrogène like de la plante ne sont pas extraits par l’eau. Dans un rapport de mars 2005, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa, aujourd’hui Anses) estime que, bien que la sauge se trouve dans tous les répertoires de plantes à phyto-estrogènes, les preuves n’ont pas été faites pour ce type d’activité. Ainsi, pour le Dr Aline Mercan, spécialiste en phytothérapie, « il est tout à fait possible de consommer la sauge en tisane y compris en cas d’antécédent de cancers hormono-dépendants ».
Et l’huile essentielle de sauge ?
L’huile essentielle de sauge officinale est réservée à la vente aux pharmaciens du fait de la présence de thuyone. Mais ce n’est pas le cas de l’huile essentielle de sauge sclarée, dépourvue de substance toxique : elle est en vente libre et vous la trouverez facilement en pharmacie, herboristerie et magasin bio. Cette huile essentielle possède du linalol, de l’acétate de linalyle ainsi que du diterpène à l’activité œstrogénique propre.
L’huile essentielle de sauge sclarée est indiquée dans les troubles de la ménopause, les aménorrhées, les infections génitales par insuffisance hormonale, associées à des troubles circulatoires comme les varices, ou encore les hémorroïdes. Elle est également inductrice de l’ovulation et donne de bons résultats dans les stérilités par insuffisance hormonale, lorsque le bilan ne montre pas d’anomalie chez l’homme et la femme. En revanche, cette HE est contre-indiquée en cas de cancer hormono-dépendants et pour les personnes épileptiques.