Le ginkgo : ses qualités
et ses défauts
Très populaire en médecine naturelle, le ginkgo est perçu comme l’arbre indestructible aux vertus miraculeuses. Pour booster la mémoire, favoriser la circulation et lutter contre la dégénérescence due à l’âge, c’est une des plantes médicinales les plus consommées. Faisons le point sur ses propriétés les plus reconnues, mais aussi sur les interactions médicamenteuses qu’il peut générer.
Le Ginkgo biloba, égalementi appelé « arbre aux quarante écus », appartient à la plus ancienne famille d’arbres sur Terre, celle apparue il y a 270 millions d’années. Premier végétal à avoir repoussé à Hiroshima (Japon) à la suite à l’explosion de la bombe nucléaire, le ginkgo a la réputation d’être indestructible. Une vertu qui expliquerait en partie son succès dans les traitements aidant à maintenir la mémoire et à préserver les fonctions cognitives.
De ses feuilles bilobées sont extraits de nombreux principes actifs comme les flavonoïdes, triterpènes et terpènes trilactones, dont les ginkgolides et les bilobalides. Des composants auxquels on attribue de multiples propriétés intéressantes.
Des vertus circulatoires
Par leur richesse en flavonoïdes, les extraits de ginkgo possèdent des propriétés antioxydantes. Ils favorisent la vasodilatation, avec notamment une augmentation du débit sanguin cérébral. Voilà pourquoi l'on a attribué à cette plante des vertus protectrices contre les troubles cognitifs des personnes âgées et la démence sénile (dont fait partie la maladie d’Alzheimer). Cependant, les études contre placebo n’ont pas montrées de différences significatives sur des patients touchés par Alzheimer.
La poursuite des recherches reste nécessaire, afin d’explorer plus en profondeur ce domaine d’activité de la plante, mais aussi pour justifier de ses propriétés médicinales sur les jambes lourdes, les varices, les hémorroïdes et autres problèmes circulatoires comme le syndrome de Raynaud et les artériopathies des membres inférieurs.
Pour leur part, l’Organisation mondiale de la santé, la Commission E (ministère de la Santé allemand) et l’ESCOP (organisme de coopération scientifique européenne en phytothérapie) ont déjà reconnu ses propriétés circulatoires. De plus, durant l’année 2018, plusieurs essais ont montré l’intérêt de l’extrait de la plante dans des indications ou sa tolérance est meilleure que celle des traitements allopathiques de référence, comme la dyskinésie (mouvements anormaux) induite par des antipsychotiques, ou dans les effets secondaires du rtPA, un des traitements des AVC aigus.
Enfin, le ginkgo a aussi montré des effets bénéfiques sur la réduction de l’acouphène chronique, pour potentialiser des neurotransmetteurs, moduler le métabolisme du glucose ou encore dans les cas d’infarctus du myocarde chez le sujet diabétique. Toutefois, d’après les retours cliniques, il est bon de savoir que la prise d’extraits de ginkgo ne montre ses effets qu’après une durée de traitement de plus de six mois.
Et en cas de traitement médicamenteux ?
Préconisé et consommé sans précaution, le ginkgo possède pourtant des contre-indications dues aux interactions médicamenteuses qu’il génère. Les extraits de la plante diminuent en effet l’agrégation plaquettaire (les plaquettes sont des cellules sanguines qui interviennent dans la coagulation et la fluidité du sang). Par conséquent, ils augmentent le risque d’hémorragie chez les personnes prenant un traitement à base d’anticoagulants. Cependant, cette notion ne s’applique pas à tous les médicaments de cette catégorie, le mieux étant de demander à son médecin.
Malgré tout, les extraits de ginkgo sont, en principe, contre-indiqués chez les personnes traitées par anticoagulants (dérivés coumariniques et anti-plaquettaires). De même, il est conseillé, par prudence, d’arrêter la prise de la plante trois à quatre jours avant une intervention chirurgicale.
Par ailleurs, les extraits de ginkgo interagissent potentiellement avec d’autres substances dont la prise devra être validée par l’avis d’un médecin. Ainsi, l’action des médicaments comportant du talinolol (béta-bloquant), du dabigatran (anticoagulant de nouvelle génération), de la nifédipine (inhibiteur calcique) risque d’être modifiée. Il y aura également potentialisation des remèdes comportant de l’aspirine ou de l’acide acétyl salicylique.
Attention : la prise de ginkgo pourra aussi diminuer l’effet d’antiépileptiques, de diurétiques, de certains médicaments inhibiteurs du reflux gastro-oesophagien, d’antihypertenseurs, d’anti-angoreux (angine de poitrine). De même, les extraits de ginkgo pourraient déséquilibrer un traitement antidiabétique. Enfin, l’association avec d’autres plantes aux propriétés fluidifiantes sanguines (saule, reine-des-prés, ail, fève tonka, etc.) sera à mener prudemment ou à éviter.
Pour conclure, rappelons qu’il est toujours judicieux d’opter pour des extraits de ginkgo dosés avec précision (la plupart n’étant pas contrôlés sur ce point) en étant accompagné d’un suivi médical.