Le lithothamne, une algue santé
Du grec lithos (pierre) et thamnos (buisson), le lithothamne est une petite algue rouge lie-de-vin qui durcit et devient blanchâtre en se détachant des fonds marins. Incrustée de calcaire, elle ressemble à du corail ; une fois extraite et réduite en poudre, cette algue est une source non négligeable de calcium et de magnésium végétal. À utiliser à bon escient…
Étant spasmophile, je m’intéresse de près aux plantes qui contiennent du magnésium : je gardais donc le lithothamne sous le coude pour de futures recherches mais la belle entorse d’une de mes cousines m’a fait faire… une entorse au planning ! Là où, par habitude, j’aurais mis de l’argile, Astride s’appliquait du lithothamne en cataplasme sur la cheville avant de la bander. « Le lithothamne est bien plus efficace », m’assure-t-elle, en grande spécialiste de la dégringolade. L’histoire du lithothamne, associée à celle de l’agriculture, m’avait fait passer à côté de ses utilisations externes : dans les années 1950, le Dr Daniel, vétérinaire breton, avait en effet constaté que les cheptels de bovins ayant bénéficié de lithothamne broyé et répandu sur leurs terres avaient été épargnés par la fièvre. « Mais c’est justement là que le bât blesse », confirme Régine Quéva, auteure du livre Les superpouvoirs des algues, qui m’explique : « La mode de l’amendement des sols par le lithothamne dans l’agriculture a engendré des extractions massives de cette algue fossilisée, délétère pour le biotope. D’où l’interdiction de sa récolte sur les côtes françaises depuis 2012. » Ah !
Le lithothamne tel qu’il est vendu aujourd’hui en France, toujours pour les besoins de l’agriculture y compris bio et de l’industrie agroalimentaire (ajout de calcium dans les laits végétaux par exemple), et dans de moindres mesures pour la fabrication de compléments alimentaires, ne provient donc pas de nos propres réserves, situées principalement dans le Finistère. Il est importé de Norvège, d’Irlande, d’Angleterre… « Le nôtre est récolté vivant, en Islande, à l’aide de grands râteaux ou bien par dragage. Il est ensuite lavé, déshydraté, broyé et tamisé pour avoir une granulométrie compatible avec la mise en gélule, » me...
confirme Jérôme Delle Case, gérant de la société Pierre Jérôme spécialisée dans les plantes et le bien-être. « Le lithothamne ne peut pas être bio mais il est récolté à l’état sauvage, et nos gélules ne contenant pas d’excipients, il peut être qualifié de naturel ».
Un concentré de mer
Les thalles du lithothamne (parties végétatives dépourvues de vaisseaux conducteurs) captent les minéraux contenus dans l’eau de mer. Elles sont composées de 30 à 80 % de carbonate de calcium, de 10 % de magnésium et de l’équivalent de silicium. De façon moins marquante, elles contiennent du potassium, du fer, du manganèse, du zinc ainsi que de la vitamine C, des acides aspartique et glutamique, et des alginates, faisant du lithothamne un excellent reminéralisant. De plus, en renforçant les réserves de minéraux alcalins du corps, le lithothamne réduit l’acidose, c’est-à-dire qu’il régule l’équilibre acido-basique du corps. Avec son pH basique, il lutte contre les reflux gastro-œsophagiens (RGO). Il agirait également comme anti-inflammatoire sur l’endométriose, et en externe sur les tendinites, l’arthrose et l’ostéoporose.
Voilà donc encore un produit aussi intéressant à avoir dans son armoire à pharmacie qu’à prendre en complément alimentaire. Si l’agriculture en avait moins saturé nos sols, nous ne serions pas obligés d’en importer de grandes quantités, récoltées à l’étranger dans des conditions qui manquent parfois de transparence. Il convient donc d’en rester à des usages personnels à faible exigence quantitative, et de ne consommer le lithothamne que lorsque les alternatives tombent à l’eau !
Des soins reminéralisants
Une cure de calcium
En cas de carences en magnésium ou en calcium, de reflux gastro-œsophagiens ou d’inflammations chroniques, il est recommandé de le prendre en continu avec une pause de deux jours tous les cinq jours jusqu’à l’amélioration, ou bien en cure de trois semaines. Ne pas dépasser 2 gélules de 500 à 650 mg par jour ou bien une cuillère à café rase diluée dans de l’eau froide ou saupoudrée sur un plat froid (goût neutre). Attention, le lithothamne ne doit pas être incorporé dans des mélanges acides comme des jus de fruits, ni cuit, sous peine d’altération de ses vertus.
Précaution d’emploi : En cas de régime sans sel ou bien d’hyperthyroïdie.
Masque minute bonne mine
Il suffit de peu de lithothamne dans vos préparations cosmétiques pour les transformer en soin hydratant, activateur de microcirculation. Associer 2 cuillères à soupe d’hydrolat de géranium ou bien de rose, à 2 cuillères à café d’amidon de maïs, et à 2 cuillères à café de lithothamne (en option : 2 gouttes d’HE de citron de Sicile aux propriétés purifiantes) et vous obtiendrez un masque-visage à utiliser immédiatement. Procéder par petits massages circulaires, laisser agir 5 minutes et rincer à l’eau claire.
Cataplasme pour les articulations, idéal après une longue randonnée !
Ajouter 100 ml d’eau à 50 g de lithothamne (poudre vendue en pot de 500 g ou 1 kg) pour obtenir une pâte adaptée aux cataplasmes. À appliquer sur les genoux douloureux ou les chevilles fragilisées par les entorses et tendinites récidivantes. S’il vous reste un peu de pâte et que vous avez de la cellulite localisée, n’hésitez pas à frictionner les zones à traiter : il paraît que le lithothamne est efficace dès les premières applications !
Le maërl, une « nurserie » d’un millier d’espèces
Le maërl (prononcé merle) est un milieu marin constitué d’accumulation d’algues riches en calcaire (dont le lithothamne). La Bretagne compterait le plus grand nombre de bancs de maërl en Europe. Mais depuis les années 1970-80, leur disparition, majorée par le contexte de réchauffement climatique, est un vrai problème. La pêche intensive et l’extraction industrielle des maërl (par aspiration des bancs complets et de la diversité marine qu’ils abritent) en sont les principaux responsables. La « stratégie nationale pour la biodiversité » (pilotée par le ministère de la Transition écologique et solidaire) a fini par obtenir l’arrêt de ces extractions dans « les zones d’intérêt écologique majeur » comme en Bretagne en 2012.