Joël Sternheimer « Les mélodies formées par certaines protéines ressemblent à du Mozart ! »
Physicien spécialiste des particules élémentaires depuis presque 50 ans, Joël Sternheimer est en train de prouver que la musique est porteuse d’ondes capables de soigner les plantes. Il nous éclaire sur une découverte qui pourrait bien se révéler révolutionnaire...
Plantes & Santé Quels ont été vos débuts de scientifique pour arriver aujourd’hui à ces musiques pour plantes, ces « protéodies » (terme associant « protéine » et « mélodie ») ?
Joël Sternheimer Ce fut un long cheminement de recherche fondamentale. Au départ, je n’avais pas du tout prévu d’appliquer mes recherches aux plantes. J’ai commencé à travailler sur les ondes, les fréquences et l’énergie des particules. Mes premières hypothèses se fondaient notamment sur l’idée, émise par Louis de Broglie, d’une grande loi de la nature : à toute masse on peut attribuer une fréquence d’ordre quantique. Mais d’autre part, on peut aussi observer des choses à petite échelle (l’infiniment petit) et à grande échelle (l’infiniment grand). Et il se trouve qu’une même structure – se traduisant par la même formule – apparaît dans les masses des particules élémentaires et dans celles des trous noirs. D’où l’idée que quelque chose d’universel les relie, ici de l’ordre du carré du nombre d’Avogadro (qui permet de faire le lien entre l’échelle des particules et l’échelle macroscopique). C’est par ce chemin que j’ai été conduit à transposer ces fréquences quantiques dans la zone audible, ce qui a fait apparaître, de façon très étonnante, des structures et des progressions comme on en trouve en musique. J’en ai tiré un brevet qui a été publié en 1983. C’est par la suite que j’ai commencé à décoder des protéines, car ce sont les acides aminés des protéines qui émettent des ondes, de nature quantique. Ensuite, je n’ai pas cessé de m’émerveiller de la musicalité de ces mélodies.
P & S Quelle fut votre première expérience dans ce domaine ?
J. S. La première chose que j’ai observée (sur moi), c’est un bien-être physique à l’écoute des mélodies. Tout d’abord, cela ressemblait à une musique classique produisant un effet très agréable. Au début de mes recherches, alors que je subissais les effets du tabagisme passif, la première protéine décodée en suite de fréquences quantiques a été l’alpha 1-antitrypsine, une protéine qui protège les tissus contre des enzymes produites par des cellules inflammatoires et qui a comme trajectoire les poumons. Elle est d’ailleurs connue comme molécule pour soigner les bronchites, par exemple, et pour décongestionner les bronches. Elle est souvent déficiente chez les personnes qui ne supportent pas la fumée du tabac. J’ai ressenti un réel bienfait et d’une manière saisissante, en même temps que j’étais émerveillé par l’organisation de sa mélodie.
P & S Comment décrivez-vous ces mélodies ? Ressemblent- elles à des musiques connues ?
J. S. Ce qui fut extraordinaire comme découverte, c’est qu’elles racontent une histoire, comme du Beethoven ou du Mozart ! Il y a une sémantique, avec un début, des développements et une fin. Parfois même avec une fin suspendue, et alors il y a une autre protéine de la même famille qui prend la relève, comme une suite. Non seulement c’est mélodieux, mais il y a une progression narrative. Les notes se positionnent sur la gamme de base, dont elles sont extraites : il y a essentiellement vingt acides aminés différents constitutifs des protéines et dix notes associées. J’ai décodé des protéines avec plein de mélodies différentes et plein de timbres différents. Jusqu’à maintenant, j’ai décodé plus de 2 000 protéodies, et certaines peuvent agir autant sur une plante que sur un animal ou un humain.
P & S Comment des légumes peuvent-ils percevoir la musique ?
J. S. En fait, ces mélodies entrent en résonance avec les protéines des plantes en formation. Une protéine est une chaîne de petites molécules appelées acides aminés, qui s’enchaînent l’une après l’autre, un peu comme un collier de perles. Ce processus se déroule dans le temps, avec un certain tempo moyen ; et à chaque fois qu’un acide aminé se positionne pour être ajouté à la chaîne en formation, il y a une petite onde qui est émise. Et ce sont ces ondes qui relient le processus à l’ensemble de l’organisme, une onde dont on peut calculer la fréquence. Et là apparaît une suite de type musical. Ce n’est pas chaotique, il y a des harmonies bien distinctes d’une suite de notes. Si on les rend audibles, avec le même tempo, il y a un phénomène de résonance qui se produit et qui va amplifier l’expression du gène correspondant. On peut le stimuler ou l’inhiber. Voilà comment le lien se fait.
P & S Quels sont les agriculteurs qui utilisent ce procédé ?
J. S. À l’heure actuelle, 90 viticulteurs et une trentaine d’agriculteurs utilisent ce procédé. En général, c’est la solution de la dernière chance. Le coût d’investissement n’est pas élevé ; ils restent pragmatiques et sont ravis de sauver la majeure partie de leurs cultures. Cette application sur le terrain est un niveau de preuve pour Genodics, la société qui diffuse les protéodies. Pour les vignes, elle lutte surtout contre l’esca, une maladie très connue de la vigne avec des champignons qui la nécrosent. En moyenne, elle obtient une diminution de la mortalité d’environ 70 %, et ça se répète d’année en année. On stimule les défenses naturelles de la plante pour l’aider à contrôler ces champignons et éviter qu’ils ne se développent. On traite aussi la sharka des pêchers, une maladie dite incurable. Dernièrement, on a sauvé le champ de courgettes d’un agriculteur des Bouches-du-Rhône qui n’arrivait pas à éradiquer le virus de la mosaïque.
P & S Comment la société Genodics, avec laquelle vous collaborez, procède-t-elle dans les champs ?
J. S. Les protéodies sont diffusées par l’intermédiaire d’un appareil de 30 centimètres sur 30, qui ressemble un peu à un poste de radio, avec un haut-parleur. On peut le commander à distance par Internet, et on peut diffuser plusieurs séquences jour après jour, ce qui correspond à plusieurs protéines, donc plusieurs problématiques à la fois. Le protocole est en général le même : la diffusion de la musique se fait en moyenne 2 fois 7 minutes par jour, de mai à octobre.
P & S Ces musiques sont-elles adaptables à toutes les formes de vie qui contiennent des protéines ? Peuvent-elles soigner les humains et les animaux ?
J. S. De nombreuses expériences ont été faites sur des tomates (notamment avec un gène de résistance à la sécheresse), sur des courgettes, sur des endives, mais aussi sur des vaches ! J’avais décodé la molécule d’hémoglobine en séquence de notes et, comme j’avais observé par hasard qu’elle avait marché sur une amie qui avait vu son taux d’hémoglobine (très bas) remonter à l’écoute de la mélodie, je me suis demandé comment vérifier si c’était vrai sans prendre des gens pour cobayes. J’avais lu dans la presse que les vaches donnaient un meilleur lait quand on leur faisait écouter Mozart. J’ai donc cherché si la molécule de la prolactine bovine pouvait ressembler à du Mozart. Et là, surprise ! C’était mozartien ! Une expérience avec une vache, en Charente-Maritime, à qui on faisait entendre la prolactine au moment de la traite, a permis de constater que la lactation était améliorée et que le lait était enrichi en protéines. Un autre essai réalisé par un ami qui souffrait de problèmes d’insomnie m’a permis de découvrir une difficulté après le décodage de l’endorphine (qui ressemble à une berceuse !) : si on stimule trop, cela peut créer des problèmes – en l’occurrence, on n’arrive plus à se réveiller. Heureusement, on peut se rendre compte à l’écoute si la mélodie est ressentie comme agréable ou si elle cesse de l’être : c’est le grand intérêt des protéodies. Mais je reste très prudent avec la pratique concernant les humains.
Mélodie pour petits pois
L’étude du Professeur Olivier Gallet de l’université de Cergy-Pontoise est actuellement en phase finale, et tout se passe pour le mieux pour sa culture de petits pois. Soignés par les protéodies de Joël Sternheimer, ils résistent mieux à la sécheresse. À l’heure où nous imprimons, une publication dans la revue scientifique Nature Plants est annoncée en ce début d’année 2018. En effet, le directeur de l’unité ERRMECe (Équipe de recherche sur les relations matrice-extracellulaire/cellule) a commencé cette étude en triple aveugle il y a deux ans, après avoir observé le potentiel de ce procédé pendant deux années auparavant. Son choix s’est porté sur l’effet des mélodies concernant trois protéines, et leur action en situation de stress hydrique : « Je qualifierais la protéodie d’harmonieuse, un peu comme une musique classique ou une musique populaire avec un air facile à retenir », explique Olivier Gallet. Quand on lui demande comment il considère ce procédé, il répond : « C’est une tendance qui se développe, on parle aussi de “phonotropisme” (réaction du végétal à une source sonore), et il y a de plus en plus d’études publiées sur PubMed. » À suivre…
Parcours
1943 Naissance à Montluel, en Rhône-Alpes.
1964 Licencié ès sciences mathématiques à Paris et diplômé d’études supérieures de mathématiques approfondies. 1966 Docteur en physique théorique.
1967-1971 Auteurcompositeur-interprète sous le pseudonyme d’Évariste.
1968 Wolinski lui dessine une pochette de disque.
1970 Chercheur indépendant en physique des particules élémentaires.
1983 Premier brevet : « Procédé de modélisation acoustique des particules élémentaires », complété d’une note publiée dans les comptes-rendus de l’Académie des sciences. Ceci a été appliqué dans un « piano des particules » à la Cité des Sciences.
1992 Deuxième brevet « Procédé de régulation de la biosynthèse des protéines par résonance d’échelle ». Son équivalent au niveau européen a été validé par une décision faisant jurisprudence en mars 2004, et publiée en août 2007.
2008 Concession de licence (de brevet et droits d’auteur) à Genodics, société créée pour appliquer les « Protéodies » (www.genodics.net).
2017 Plus de cent agriculteurs et viticulteurs utilisent les protéodies pour lutter contre certaines maladies.
Un vouvray mélomane
Alexandre Monmousseau est l’heureux vigneron des vins de Vouvray du Château Gaudrelle, au coeur de la vallée de la Loire. Depuis six ans, grâce aux protéodies qui combattent l’esca, il constate 60 à 70 % d’efficacité sur dix hectares de ses vignes : « Nous avons aujourd’hui trois appareils pour diffuser la musique, et nous changeons peu à peu nos pratiques pour aller vers une conversion en agriculture biologique. On voit à quel point la vigne a une mémoire : c’est une culture pérenne qui a été abîmée par l’agrochimie. Cela a bien failli détruire les sols. Aujourd’hui, il nous faut rétablir la matière organique dans la terre. Le plus révolutionnaire, avec les protéodies, c’est qu’elles influent sur l’agresseur en lui faisant perdre de sa force, et sur l’agressé qui devient presque tolérant aux attaques de l’esca ! »