Le sirop des Vosges : éteindre la toux
Le sirop des Vosges est l’un des plus fameux remèdes du XXe siècle. Son efficacité contre la toux et ses mémorables campagnes de publicité l’ont rendu célèbre aux quatre coins du monde. Il a malgré tout disparu.
[Mis à jour le 18/08/2018] À la fin du XVIIIe siècle les pharmaciens ont l’exclusivité de la préparation des remèdes. Mais Alexandre Cazé, pharmacien à Saint-Quentin, en Picardie, ne se contente pas des prescriptions des médecins. Il compose un sirop « maison » contre la toux et les affections des bronches. Il le baptise Sirop des Vosges Cazé, sans doute inspiré par l’odeur revigorante des forêts de sapins. Lancé en 1900, son médicament est à base d’essences extraites de sapins. Preuve de sa fine connaissance en phytothérapie, il ajoute trois plantes « toxiques », la belladone, l’aconit et le laurier-cerise, et il utilise les propriétés contre la toux du droséra.
L’information paraît dans les journaux et, très vite, le jeune pharmacien investit dans la « réclame ». Dès 1903, le sirop est présent dans tout l’Hexagone et jusqu’à Alger. Cette notoriété incite Alexandre Cazé à s’installer à Paris en 1911 où il fait bâtir un immeuble, avenue de Châtillon, pour le fabriquer. Pendant la guerre de 1914-1918, le sirop est adopté par les poilus qui le baptisent sirop des Vosges « gazé » ! Dès 1920, les ventes repartent et gagnent de nouveaux clients en Belgique et en Suisse. Lorsque Michel Cazé, reçu pharmacien, rejoint son père en 1929, les ventes atteignent 1,3 million de flacons. Le fils élabore les Pâtes des Vosges et développe encore l’entreprise. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, les ventes dépassent deux millions d’unités et l’ingéniosité de l’entrepreneur permet de les maintenir pendant le conflit.
Dans les années 1950, alors que le chiffre record de 4,1 millions de flacons est atteint, le laboratoire Cazé s’associe à Aspro et exporte son sirop dans le monde entier car « on tousse dans toutes les langues », en flamand, en allemand, en arabe, en malgache, en anglais, en chinois et même en annamite pour l’Indochine. Mais confrontée à des problèmes de succession, l’aventure s’essouffle et, en 1977, les laboratoires Cazé sont vendus à la société Beecham, aujourd’hui intégrée à GlaxoSmithKline qui arrête la commercialisation du sirop en 2008.
Faites-le vous-même : sirop expectorant
Plutôt que l’aconit et la belladone, dont l’utilisation est délicate vue leur toxicité, on aura recours au thym et au plantain, tous deux expectorants et antiseptiques des voies respiratoires. Le miel adoucit la gorge, tandis que le jus de citron traite l’inflammation tout en fournissant de la vitamine C aux propriétés anti-infectieuses.
Ingrédients :
- 2 c. à soupe de droséra séché
- 1 poignée de thym frais (ou 1 c. à soupe de thym séché)
- 2 c. à soupe de feuilles de plantain séché
- 1 jus de citron
- 2 c. à café de zeste de citron bio
- 250 ml de miel d’acacia
- 40 g de sucre de canne complet
Préparation :
- Faites frémir le jus de citron et le zeste dans 200 ml d’eau, puis retirez du feu et laissez infuser le zeste.
- Parallèlement, faites infuser les plantes dans 300 ml d’eau frémissante 10 minutes avant d’ajouter le jus du citron (après avoir retiré le zeste), le miel, le sucre, et laissez réduire jusqu’à obtention d’un liquide sirupeux.
- Laissez refroidir avant de transvaser la préparation dans une bouteille en verre stérilisée et hermétique.
- Buvez une cuiller à soupe matin et soir. Se conserve au frais 3 à 4 mois.
Article extrait de notre hors-série sur les Remèdes d'autrefois disponible ici.