Faire reculer l'inflammation grâce aux huiles essentielles
L'inflammation est un phénomène naturel utile lorsqu’il ne s’installe pas dans la durée. En revanche, lorsqu'elle devient chronique, l'inflammation génère nombre de troubles à la fois handicapants et problématiques pour nos équilibres de santé. Les huiles essentielles se révèlent alors des alliées de choc pour aider l’organisme à calmer le feu de l’inflammation, qu'elle soit articulaire, musculaire, digestive ou dermatologique.
L’inflammation est une réaction de défense de l’organisme face à une agression de type infection, brûlure, allergie, traumatisme. Elle laisse toujours place, au niveau de la zone assiégée, à l’expression de la trilogie douleur-rougeur-chaleur, parfois accompagnée d’un gonflement. Ces symptômes réduisent la fonctionnalité du tissu ou de l’organe endommagé. Les sinus, les tendons, les articulations, les voies urinaires, la gorge ou les cordes vocales, ou bien la peau ou les poumons : l’inflammation peut siéger à tout endroit du corps. Les pathologies qui en découlent se terminent toutes par le suffixe « ite » : sinusite, tendinite, arthrite, cystite, névrite, bronchite. L’inflammation peut s’accompagner de signes plus généraux, comme une fièvre, la perte de poids et la fatigue. L’état inflammatoire peut être localisé, ou bien généralisé dans certaines pathologies chroniques comme la polyarthrite rhumatoïde, la sclérose en plaque ou la fibromyalgie.
Une réaction en chaîne
Le processus inflammatoire est très complexe : il fait intervenir de multiples enzymes, médiateurs (cytokine, histamine, interleukine, prostaglandines) et cellules immunitaires (globules blancs, macrophages, lymphocytes) dans des réactions en chaînes. Ces taux élevés de protéines circulantes entraînent une augmentation de la vitesse de sédimentation, autre marqueur de l’inflammation. Certains métabolites sont des marqueurs de l’état inflammatoire, comme la CRP (protéine C réactive) : ils représentent des outils précieux pour diagnostiquer ou suivre des pathologies chroniques comme la polyarthrite, la maladie de Crohn, les hépatites, les infections bactériennes, virales ou parasitaires, ou bien encore les cancers. Ils varient au cours de la vie : avec l’âge, la grossesse ou les traitements œstroprogestatifs, le niveau inflammatoire augmente.
Il existe une hormone synthétisée par les surrénales aux propriétés anti-inflammatoire : le cortisol. Sécrété de manière cyclique, il se situe au plus bas la nuit, et connaît un pic entre 6 et 8 heures le matin : voilà pourquoi toutes les douleurs inflammatoires sont souvent plus dérangeantes la nuit.
Le feu interne
En médecine traditionnelle chinoise, le feu est l’élément qui nettoie et purifie. Lorsque la température monte, les échanges vasculaires s’accélèrent, les vaisseaux se dilatent. Les actifs aromatiques qui présentent un intérêt sur ces tissus endommagés auront des propriétés négativantes : ils ont la capacité d’apporter des électrons (charges négatives) pour rétablir le déséquilibre. D’autre part, ces propriétés s’inscrivent dans la logique de la nature qui va dans le sens du respect du processus vital, et non de la répression ou de la lutte. Il est plus juste de parler des propriétés immunomodulantes, ou de modulation de l’inflammation : il s’agit d’une thérapie de « rééducation » de l’organisme, lui permettant de retrouver ses capacités d’autoguérison.
Certaines huiles essentielles sont incontournables pour gérer l’inflammation d’un tissu. La nature de ce dernier orientera notre choix. Par exemple, pour l’inflammation d’un tissu articulaire ou tendineux, on se tourne vers l’eucalyptus citronné, riche en aldéhydes terpéniques ; pour celle du tissu nerveux comme dans un zona, on pense à l’huile essentielle de camomille noble, de gaulthérie couchée ou d’ylang-ylang.
Pour l’inflammation des tissus mous et du réseau vasculaire (prurit, couperose), les plus adaptées sont riches en sesquiterpènes, comme la myrrhe amère, la tanaisie ou la camomille allemande. Mais il sera toujours intéressant de les associer pour obtenir une synergie complète, car souvent plusieurs tissus sont concernés. Il existe une huile essentielle à la valeur thérapeutique exceptionnelle : l’hélichryse italienne. Son efficacité anti-inflammatoire et réparatrice (quel que soit le tissu) reste inégalée. On l’applique diluée ou même pure sur la zone douloureuse.
Quand le terrain s’emballe
Certains symptômes répétés ou installés (douleurs articulaires, asthme, colites, aphtes, diabète, maladies cardiovasculaires) sont des signaux d’alarme qui traduisent un terrain pro-inflammatoire. L’obésité et la dépression sont aussi considérées comme des maladies inflammatoires puisque les marqueurs sont augmentés. L’inflammation fait le lit des pathologies lourdes, comme les cancers : elle est le résultat d’un excès de zèle du système immunitaire qui active les globules blancs en trop grande quantité.
Dans tous les cas, des mesures d’hygiène alimentaire sont recommandées : supprimer les sucres raffinés, les graisses saturées, les perturbateurs du système nerveux (café, alcool) ; augmenter l’apport des acides gras essentiels type oméga 3, ainsi que celui des sucres lents et des fibres.
En allopathie, il existe deux grandes voies pour stopper l’inflammation : d’abord la famille des corticoïdes, qui reproduit les effets anti-inflammatoires du cortisol et de la cortisone. Ils sont très efficaces sur les syndromes généralisés mais, sur le long terme, entraînent des effets secondaires importants. En aromathérapie, il existe un cocktail « cortisone-like » qui stimule l’activité des glandes surrénales et soutient ainsi la production des hormones anti-inflammatoires : c’est l’association des huiles essentielles d’épinette noire et de pin sylvestre. Pour un accompagnement efficace dans toutes les douleurs chroniques ou les périodes de fatigue et de convalescence, on massera la zone des reins avec trois gouttes de chaque, mélangées à quatre gouttes d’huile végétale, matin et soir, pendant une quinzaine de jours.
La seconde famille allopathique recouvre les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) dont le mécanisme d’action ne passe pas par la cortisone. Ils sont très nombreux : l’aspirine, par exemple, en fait partie. Chercher à diminuer les doses en complémentant par les huiles essentielles amène des bénéfices certains. Et dans les cas extrêmes, associer deux voies d’administration (voie sublinguale et massage cutané) devient primordial pour un atteindre un résultat satisfaisant.
Ma recette aroma : stopper l’agression
Indications : tous types d’inflammation articulaire, musculaire, dermatologique, digestive, urinaire, ou même du tissu nerveux (zona)
- HE d’hélichryse italienne (Helichrysum italicum ssp serotinum) : 25 gouttes
- HE de menthe poivrée (Mentha X piperita) : 15 gouttes
- HE de myrrhe amère (Commiphora molmol) : 25 gouttes
- HE de camomille noble (Chamaemelum nobile) : 15 gouttes
- HE d’eucalyptus citronné (Eucalyptus citriodora) : 100 gouttes
- HV de noisette : QSP 15 ml
HE : huile essentielle. HV : huile végétale.
Préparation :
- Verser les huiles essentielles selon les quantités indiquées dans un flacon en verre teinté de 15 ml muni d’un compte-gouttes. Compléter avec l’huile végétale jusqu’en haut du flacon. Refermer et agiter.
- Voie cutanée : 5 à 10 gouttes à faire pénétrer par un léger massage sur la zone enflammée et douloureuse. Jusqu’à six fois par jour selon l’intensité et jusqu’à amélioration.
- Voie sublinguale : 4 à 6 gouttes sous la langue, trois fois par jour, cinq jours sur sept.
Remarque : associer les deux voies d’administration en cas d’inflammation et de douleur intense.
La gaulthérie couchée : Aspirine aromatique
L’aspirine représente l’un des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) les plus anciens. Son principe actif (l’acide acétylsalicylique) est tiré du saule, et ses propriétés sont reconnues. En aromathérapie, une huile essentielle est son pendant : la gaulthérie couchée, composée à 99 % de salicylate de méthyle, l’ester méthylé de l’acide salicylique. Son efficacité est exceptionnelle sur les problèmes de tendinite, de rhumatismes ou d’arthrite. Cette HE n’intègre pas notre formule, car on l’utilise peu par voie interne, sauf dans le cas d’insuffisance hépatique ou de foie abîmé par des intoxications (alimentaire ou médicamenteuse) ou un virus. L’espèce Gaultheria fragrantissima, moins concentrée en salicylate de méthyle, est moins utilisée que l’espèce couchée.
À faire : Elle s’utilise de préférence par voie cutanée sur la zone enflammée, diluée de 20 à 40 % dans une huile végétale (millepertuis ou arnica, également anti-inflammatoires). On peut l’appliquer jusqu’à six fois par jour si la douleur est intense. À éviter chez les sujets allergiques à l’aspirine.