L'extrait de pépin de pamplemousse : complément alimentaire qui donne du pep's
L'extrait de pépin de pamplemousse est un complément alimentaire obtenu par extraction des principes actifs des pépins du fruit. Il s'attaque aux champignons, virus et bactéries, d'où son emploi fréquent comme alternative naturelle aux antibiotiques. Mais il pâtit de la mauvaise réputation du pamplemousse et de ses interactions médicamenteuses. Info ou intox ?
Depuis quelques années, mes symptômes grippaux ont tendance à persister et systématiquement, l’extrait de pépin de pamplemousse (EPP) s’impose comme le recours pour retrouver la forme. C’est un remède qui me rappelle le temps où je travaillais dans le domaine du spectacle : les artistes faisaient des cures d’EPP pour se prémunir des virus, susceptibles de les empêcher de performer. « Mon mari le prend en prévention tout l’hiver, renchérit Stéphanie Daval, vendeuse conseil au magasin Force Santé à Argenton (36). Mais force est de constater que nous vendons moins ce produit qu’avant la crise du Covid. Avec l’arrivée de nouveaux remèdes naturels sur le marché, il est certainement devenu moins visible. Il serait intéressant de mieux communiquer dessus. » Entendu !
Une découverte relativement récente
Le pamplemousse (Citrus x. paradisi), que l’on devrait appeler pomelo, est né en Amérique au XVIIe siècle, d’un croisement entre le pamplemoussier et l’orange douce. L’extrait de pépin de pamplemousse, désigné sous le sigle EPP, a quant à lui été découvert dans les années 1980 par un biologiste américain d’origine roumaine, le Dr Jacob Harich. Ayant observé que les pépins de pamplemousse ne pourrissaient pas dans son compost, il en fit un sujet d’étude et mit en évidence l’efficacité de l’huile extraite des pépins de pamplemousse contre un large éventail de pathogènes, allant des bactéries aux virus en passant par les champignons (certaines personnes l’utilisent d’ailleurs pour venir à bout de moisissures domestiques). Les pépins du pamplemousse, habituellement jetés à la poubelle, renfermaient donc des vertus insoupçonnées jusqu’alors ! Après avoir publié ses résultats, le Dr. Harich collabora avec des entreprises de santé pour produire de l’EPP à grande échelle. Actuellement, l’extrait est dilué dans de la glycérine. La présence de vitamine C associée à la naringinine, un citroflavonoïde qui confère des propriétés antibactériennes, antifongiques et antioxydantes, expliquerait en partie l’action de l’EPP. Mais les raisons de son efficacité sont plus complexes. « L’EPP est en tout cas un incontournable de l’arsenal de la santé naturelle familiale pour une utilisation en interne comme...
en externe, assure Caroline Gayet, diététicienne et phytothérapeute, gérante de l’herboristerie Phyt & Sens à Aulnay-sous-bois (93), d’autant que c’est un produit peu coûteux et sans alcool, donc adapté à toutes les populations. Lorsque je travaillais à l’herboristerie du Palais Royal, on était souvent dévalisés l’hiver. Depuis que j’ai ma propre officine en Seine-Saint-Denis, j’en propose facilement à mes clients. »
Spray antiparasitaire pour animaux domestiques
Dans un flacon vaporisateur propre et stérilisé, verser 200 ml d’eau distillée (ou bouillie et refroidie). Ajouter 10 à 15 gouttes d’EPP (pas plus) et 1 à 2 gouttes d’HE de lavande. Pour une solution encore plus douce, 1 c. à soupe de vinaigre de cidre (pH neutre) pourra être additionnée. Fermer le flacon et secouer avant utilisation. Éviter les yeux, les oreilles et la bouche de l’animal. Stopper immédiatement et consulter un vétérinaire en cas d’irritation.
Un antibiotique naturel ?
Si le Dr. Jacob Harich avait démontré que l’EPP pris en complément alimentaire était un antiviral agissant sur la durée et l’intensité des symptômes liés à certains virus comme celui du rhume, les études disponibles aujourd’hui recensent plusieurs bactéries pathogènes sensibles à l’EPP, comme Helicobacter pylori (responsable des gastro-entérites), Escherichia coli (cause d’infections gastro-intestinales et urinaires), Staphylococcus aureus (en lien avec des abcès cutanés, impétigo…) et même la candidose. C’est pourquoi l’EPP est souvent assimilé à un antibiotique. Mais certains professionnels m’avouent être frileux à l’idée de le recommander, notamment à cause de possibles interactions médicamenteuses, ce que Caroline Gayet relativise : « L’EPP fait souvent l’objet d’une confusion : les pépins de pamplemousse contiennent beaucoup moins de naringinine et de bergamottine que la pulpe du fruit. Dilués, ces principes engendrent moins d’interactions médicamenteuses que le pamplemousse ou le jus de pamplemousse, tout en restant efficaces, surtout si la prise d’EPP est occasionnelle. Toutefois, pour les personnes qui prennent beaucoup de médicaments au quotidien, la prudence reste de mise. En outre, l’EPP peut être employé sans risque en application externe, dans le traitement de certaines mycoses par exemple. Il est très polyvalent ! »
De nombreux produits cosmétiques (contre l’acné, les irritations cutanées…) intègrent désormais l’EPP dans leur formulation, promettant un effet purifiant et protecteur. Une étude de 2016 publiée sur PharmacologyOnLine souligne les qualités hydratantes et blanchissantes de crèmes en contenant. En tout cas, la saison hivernale est une bonne période pour le tester avant de l’adopter. En attentant que des études plus poussées, ainsi que les études cliniques en cours, nous éclairent sur son fonctionnement.
Recettes de mère Nature par l’herboriste Caroline Gayet
L’EPP en interne comme en externe
L’extrait de pépin de pamplemousse permet des emplois variés. Il est important de choisir un produit pur, solutionné avec de la glycérine et de l’eau uniquement, et issu de l’agriculture biologique. Si vous n’aimez pas son goût, vous pouvez le consommer dans un jus de fruits.
Cure préventive Pendant 3 semaines à 1 mois, boire 20 gouttes d’EPP diluées dans un peu d’eau (ou de jus) pour prévenir les virus et maladies infectieuses. Pour les bébés et enfants, porter la posologie à 1 goutte par kilo de poids et par jour.
Virus et infections ORL, gastro-intestinales et urinaires Prendre 20 gouttes d’EPP 3 fois par jour, jusqu’à disparition des symptômes. Pour les bébés et enfants, porter la posologie à 1 goutte par kilo de poids, 2 fois par jour.
Mycose vaginale Mélanger 2 gouttes d’EPP avec un peu d’huile de nigelle ou de coco dans le creux de la main et masser au niveau de la vulve ou de la muqueuse vaginale, 2 à 3 fois par jour. Ceci est valable pour les petites filles et les femmes enceintes.
Mycose des ongles Appliquer chaque jour sur la zone 1 goutte d’EPP associée à 1 goutte d’huile essentielle de tea tree (adultes).
Attention L’usage de l’EPP est déconseillé en cas d’allergie aux agrumes ou d’ulcère. Les femmes enceintes ou allaitantes doivent être accompagnées dans la prise d’EPP de façon prolongée. En cas de fabrication de cosmétiques maison, choisissez un EPP de qualité « conservateur cosmétique », mais ne l’appliquez jamais pur sur des muqueuses.
Interactions médicamenteuses
S’il n’existe pas d’étude probante sur les interactions médicamenteuses de l’EPP, les professionnels appellent à la prudence lorsque l’on est polymédiqué. Il est conseillé d’éviter de prendre l’EPP 2 heures avant le médicament (immunosuppresseur, statines, etc.) ou dans les 4 à 6 heures après le médicament.