Jeunes pousses de genévrier, foie et reins bien drainés
On a identifié 150 espèces de genévrier dans le monde mais une seule, qui apparaît surtout en flore méditerranéenne, sort du lot pour ses intérêts médicinaux : le genévrier commun. Les baies aromatiques de cet arbuste facilitent la digestion. Mais qu'en est-il de ses jeunes pousses qui intéressent la gemmothérapie ?
Toujours exploité pour les qualités gustatives et digestives de ses baies, le genévrier (Juniperus communis) a traversé les siècles, du haut de ses 6 à 12 mètres. Ses nombreux petits grains d'un noir bleuté, ou baies, servaient déjà à certaines tribus amérindiennes pour faire des décoctions antivirales. Au Moyen Âge, le poivre était souvent coupé avec ces baies, peu onéreuses. Depuis relativement peu de temps, ce sont les jeunes pousses de genévrier qui font parler d'elles…
Développée dans les années 1950 par le médecin belge Pol Henry, la gemmothérapie, qu'il appelait « phytoembryothérapie », est une branche de la phytothérapie qui utilise les jeunes pousses et/ou bourgeons (selon les plantes). « Ces parties de la plante sont plus riches en substances nutritives et en principes actifs, dont des facteurs de croissance et substances antioxydantes, que les plus matures (fleurs, baies…), pose Jocelyne Louyot, médecin généraliste, homéopathe et acupunctrice, coautrice des Fabuleux pouvoirs des bourgeons pour la santé. On appelle d'ailleurs aussi la gemmothérapie “méristémothérapie” en référence aux méristèmes, c'est-à-dire aux tissus embryonnaires des plantes (bourgeons, jeunes pousses et radicelles) chargés de leur croissance cellulaire. »
Le principe : laisser s'exprimer un maximum de substances
S'agissant des jeunes pousses de genévrier, elles apparaissent chaque année au printemps, après que les bourgeons de la plante ont végété tout l'hiver. On les trouve en forme de petits cônes, cachés sous les touffes d'aiguilles de l'arbre. Seuls 10 % d'entre eux doivent être prélevés pour respecter la croissance et le cycle de vie de l'arbre, et dans l'idéal, la cueillette doit être réalisée à la main, quand ils sont encore frais et pleins de sève. Ils sont ensuite mis à macérer dans deux à trois fois leur volume de solution hydroalcoolique et de glycérine. « Le processus dure 21 jours, pendant lesquels ces trois solvants différents invitent un maximum de substances à s'exprimer, poursuit le Dr Louyot. Le macérat-mère (ou macérat glycériné) obtenu restera stable deux à trois ans si le produit est bien conservé. Il est à...
; distinguer de la teinture-mère qui, elle, ne contient pas de glycérine et n'appartient pas au domaine de la gemmothérapie mais plutôt à la phytothérapie. »
Un allié du système digestif, hépatique et rénal
Si consommer les baies de genévrier permet de faciliter la digestion, notamment grâce aux actions diurétique, antibactérienne et anti-inflammatoire de leurs huiles essentielles, les macérats de jeunes pousses de genévrier sont plutôt indiqués pour détoxifier l'organisme, comme le confirme le Dr Jocelyne Louyot : « Ils ciblent plus particulièrement le foie et les reins. Le macérat dilué (lire l'encadré ci-contre) était d'ailleurs recommandé par le Dr Pol Henry en cas d'hépatite aiguë, chronique ou médicamenteuse, et de colique hépatique, des vertus attribuées à sa richesse en flavonoïdes et en huiles essentielles. On peut y ajouter les propriétés d'un draineur rénal et diurétique, efficaces pour le soulagement des inflammations des voies urinaires, de pyélonéphrites et de calculs rénaux, avec un suivi médical obligatoire. » Par ailleurs, ne disposant pas d'étude clinique spécifique aux jeunes pousses et bourgeons de genévrier, on peut toutefois tirer des leçons des recherches scientifiques réalisées sur d'autres parties de la plante. Celles-ci possèdent des propriétés antidiabétiques et hypocholestérolémiantes, et seraient même prometteuses dans le traitement de la maladie de Parkinson.
Au quotidien, le macérat-mère de genévrier ne servira donc que dans des cas bien particuliers. Mais si vous êtes fan du goût boisé, herbacé et légèrement amer des baies de genévrier, vous pouvez toujours en consommer dans vos plats de viande, votre choucroute ou vos pâtés, et en apprécier les saveurs dans certains alcools : gin, vin de genièvre, genévrette (bière), sans dépasser toutefois 10 grammes de baies de genévrier par jour. Vous pourrez aussi vous contenter du parfum des baies qui crépitent dans la cheminée, dans un feu de bois ou dans un récipient en terre, idéal pour assainir l'air ambiant. On dit d'ailleurs que le médecin Hippocrate sauva les Athéniens d'une épidémie de choléra en faisant brûler des branches de genévrier devant les maisons, et qu'on fit la même chose à Paris en 1832, durant l'épidémie de choléra !
Sous la dent !
Lorsqu'un effet diurétique est recherché, inutile de se tourner vers les macérats tout de suite. L'Agence européenne du médicament propose un schéma de prise de baies de genévrier séchées très progressif, permettant de stimuler les reins et la vessie.
À faire
• Mâcher 5 baies le premier jour
• 6 baies le deuxième
• 7 baies le troisième… jusqu'à 15 baies par jour.
• Redescendre ensuite à 5 baies par jour suivant le même rythme, pour une durée totale de prise de 3 semaines, sur avis médical.
Recette de mère Nature
À lire
Tout doux sur les cures, par le Dr Louyot
Important
• Le macérat de jeunes pousses est un draineur puissant. Aussi, il convient de ne pas dépasser 21 jours de cure en respectant les posologies, qui pourront être adaptées en fonction de la personne. En tout état de cause, il ne s'agit pas d'un macérat qu'on utilise sur le long terme. Un surdosage entraîne une sensation désagréable, un peu comme une crise de foie.
• Il est déconseillé en cas de problèmes rénaux identifiés et chez la femme enceinte.
• Les flacons de macérat-mère sont à conserver dans un endroit frais.
Cure de macérat-mère de jeunes pousses de genévrier
Uniquement en cas d'intoxication alimentaire simple, vous pouvez prendre 5 gouttes de macérat-mère (ou macérat glycériné) de genévrier 3 fois par jour dans un verre d'eau pendant 3 semaines maximum, en association avec une alimentation adaptée. En cas d'atteinte hépatique ou rénale, consultez un médecin.
Cure de genévrier-romarin
Cette association peut également être indiquée en cas d'intoxication alimentaire ou de prise d'une pilule œstroprogestative entraînant des perturbations au niveau hépatique. Il peut être opportun de prendre 15 gouttes de macérat de genévrier le matin et 15 gouttes de romarin le midi, ou les deux ensemble le soir, pendant 3 semaines.
Cure de macérat-mère DH1
Le macérat-mère DH1 a été la première formulation développée en gemmothérapie. Peu répandu aujourd'hui mais toujours existant, il résulte d'un procédé homéopathique de dilution au 1/10e et d'une dynamisation (agitation). La préparation étant diluée, on pourra en prendre jusqu'à 50 gouttes par jour.
Les fabuleux pouvoirs des bourgeons pour votre santé, par Jocelyne Louyot et Caroline Chaussade, 2023, éd. Eyrolles.