Dossier
Troubles du sommeil, les clés de la sérénité (5/5)
Stress, surmenage, digestion difficile, douleurs, déprime, mauvaises habitudes au coucher... Quelles que soient leurs causes, les troubles du sommeil perturbent l’équilibre et la santé. Associées à une bonne hygiène de vie, les vertus calmantes et sédatives des plantes aideront à retrouver un sommeil naturel et réparateur.
Quand l’insomnie flirte avec la déprime
Installée dans la durée, l’insomnie peut déboucher sur une déprime, voire une dépression légère et de l’épuisement. Un engrenage néfaste pour la santé est enclenché, manque de sommeil, déprime et fatigue se nourrissant l’un l’autre. En complément d’un accompagnement médical, certains remèdes de phytothérapie sont d’un grand secours, tel le millepertuis (Hypericum perforatum). La réputation d’antidépresseur naturel et d’équilibrant du sommeil de cette fleur jaune des prairies n’est plus à faire. Plusieurs méta-analyses soulignent son efficacité en cas de dépression légère, effets secondaires des médicaments habituellement prescrits en moins. On doit ces effets à des substances actives, parmi lesquelles l’hyperforine et l’hypericine. Revers de la médaille, cette plante nécessite de respecter les dosages, sous peine de réaction allergique, et comporte des risques d’interactions avec des contraceptifs oraux, anxiolytiques et anesthésiques.
Prospérant sous d’autres latitudes, celles de d’Afrique de l’Ouest et centrale, les graines noires de griffonia (Griffonia simplicifolia) intéressent au plus haut point la recherche depuis les années quatre-vingt. Elles contiennent en quantité du 5-HTP, un précurseur de la sérotonine, neurotransmetteur essentiel à la régulation de l’humeur, de l’appétit et du sommeil. Comme le millepertuis, le griffonia aide les déprimés à retrouver les bras de Morphée.
Quand le stress est...
installé, on s’aidera des plantes adaptogènes, qui combattent la fatigue et aiguisent la résistance physique et psychique. Plante grasse réputée dans les traditions médicinales russes et scandinaves, l’orpin rose, ou rhodiole (Rhodiola rosea), soutient les surrénales. Il agit lui aussi sur plusieurs neurotransmetteurs, dont la fameuse sérotonine, soulageant de même l’insomnie. Mais attention, sa prise doit être réservée au matin et à l’après-midi, sous risque d’effet contraire ! Autre trésor adaptogène et sédatif, l’ashwagandha (Withania somnifera), ou ginseng indien. Comptez deux à trois semaines de prise pour bénéficier des effets de cette grande plante de la pharmacopée ayurvédique.
Et si bien dormir était aussi une question de lumière ? L’abus d’écran le soir (télévision, tablette, ordinateur) de par la lumière articielle bleue qu’ils émettent, perturbe la production de mélatonine, l’hormone du sommeil. A contrario, la lumière naturelle stimule la synthèse de la sérotonine, à partir de laquelle la glande pinéale du cerveau fabrique la mélatonine. Même en hiver, profitez de la luminosité extérieure, cela contribuera à un sommeil régénérateur.
Docteur Jacques Labescat
Médecin phytothérapeute
Somnifères : un sevrage par les plantes
Utilisés en France par une personne sur cinq, les somnifères et les anxiolytiques créent une dépendance tout en détériorant la qualité du sommeil. « Les benzodizépines modifient profondément le sommeil. Ils diminuent, voire suppriment la phase de repos paradoxal, qui est le seul récupérateur. Il y a aussi des risques d’accident, de chute », note le Dr Jacques Labescat. Pour se sevrer, le phytothérapeute conseille la valériane et la passiflore, qui agissent de concert sur les centres du sommeil et de l’addiction tout en réduisant l’anxiété. « Il faut toujours procéder progressivement, en baissant petit à petit les somnifères, et en prenant en parallèle les plantes. En général, cela se fait sur une période de deux à trois mois. Mais cela dépend bien sûr de la durée initiale de prise des somnifères », précise-t-il. Ici comme dans tous les sevrages, une forte motivation initiale est nécessaire.
Une stratégie en deux temps
Face aux insomnies, le naturopathe herbaliste Christophe Bernard propose une stratégie de gestion du sommeil en deux temps. « D’abord, on crée un état léger d’hypotension 1 à 2 heures avant d’aller au lit grâce à des plantes comme la passiflore ou l’aubépine, qui vont permettre de relâcher l’organisme de ses tensions. Puis, une demi-heure avant le coucher, on recourt à des plantes sédatives, comme le pavot de Californie, le houblon ou, dans certains cas, la valériane, notamment pour les personnes de tempérament froid et frêle. Si l’on a une vessie active, je recommande d’utiliser de préférence les concentrés hydro-alcooliques (ou teintures mères) ou des gélules de qualité, plutôt que des tisanes qui risquent de provoquer un réveil nocturne contre-productif. »