Accepter la différence grâce aux élixirs floraux
Considérer l’étrangeté de l’autre comme une source d’enrichissement mutuel ne va pas de soi. Cette démarche nécessite d’apprivoiser ses peurs, sous peine de vivre sur la défensive, voire de se sentir exclu en retour. Ne vaut-il pas mieux examiner nos ressemblances ? Les élixirs floraux peuvent nous être d'une grande aide.
Trop flagrante, n’importe quelle dissemblance physique, culturelle ou sociale dérange. L’indifférence est impossible. Ce type de particularisme génère instantanément un repli sur sa propre identité qui peut aller jusqu’à la haine de l’autre. Une telle rencontre ravive les blessures de cour d’école, ces piques que l’on reçoit ou que l’on envoie à la « girafe » ou au « basané » pour affirmer sa personnalité. La conscience de soi nécessite de s’opposer, quitte à rejeter l’autre. Jean-Paul Sartre en déduit que « l’essence des rapports entre les hommes n’est pas la communauté, c’est le conflit »… Pour autant, cette attitude hostile, ne l’oublions pas, est un réflexe de protection. Presque malgré lui, celui qui stigmatise une différence est amené à se réfugier dans un groupe pour se rassurer : le clan du « normal » contre celui du « hors norme ». Une vision dichotomique, certes. Mais qui conduit irrémédiablement à rechercher du semblable afin de ne pas s’isoler et être victime soi-même de l’agressivité des autres. Pourquoi ne pas mettre à profit cette quête de ressemblances pour accepter la différence, même dans ce qu’elle a de plus choquant à ses yeux que ce soit le handicap, la couleur de peau, le style gothique, l’homosexualité ou les conditions de vie du sans-abri ?
Reconnaître sa vulnérabilité
Ces personnes que nous jugeons hors norme nous observent également comme étant différentes et s’attendent à un témoignage de sympathie ou de dédain qu’il nous faut assumer. « Quand autrui me regarde, c’est ma liberté qui m’échappe », dit encore Sartre. Sortir de son cantonnement permet de mieux gérer le sentiment de culpabilité qu’engendre souvent une présence déroutante.
Au fond, ce face-à-face s’accompagne d’un besoin de reconnaissance mutuel qui relève non seulement d’un réflexe identitaire, mais aussi de la conscience d’appartenir au genre humain. Je me dissocie des autres parce que je suis unique en tant qu’individu. Mais j’ai suffisamment de points communs avec eux pour ne pas les rejeter complètement. Tel l’ethnologue étudiant les tribus dont le physique ou les mœurs se situent aux antipodes de ses critères, on s’aperçoit que les stigmates sont en grande partie culturels.
Apprécier en quoi l’autre est réellement différent revient donc à se questionner sur son identité. Et à découvrir une part de soi que l’on maintenait dans l’ombre. La personne qui heurte notre sensibilité met à jour le mystère de notre origine, nos fantasmes sexuels, l’influence de nos codes parentaux ou sociaux (bourgeoisie ou milieu populaire)… Tout ce qui, dans l’existence, nous rend vulnérable.
Faire taire les critiques
Parvenir à surmonter ce qui nous déstabilise est précisément la vocation des élixirs floraux. Au moment où la confrontation survient, certains sentent un vent de panique les traverser. Un fils qui annonce son homosexualité ou un bébé naissant avec une malformation créent de véritables chocs émotionnels. Le bon réflexe consiste à recourir à des mélanges d’urgence tels Rescue (Fleurs de Bach) ou Assistance (Deva). Ils aident à rassembler ses esprits et ne pas tomber dans le déni. On a souvent tendance à ne voir que les points négatifs dans l’étrangeté de l’autre. Cette propension peut confiner dans une attitude de mépris. Sévères avec les autres comme avec eux-mêmes, les tempéraments critiques compensent souvent une ancienne carence affective en recherchant la perfection. L’élixir de hêtre s’adresse à eux. Essentiel pour supporter les individus hors normes, il ouvre les yeux sur la valeur intrinsèque de l’autre, mettant en lumière les aspects positifs pour s’enrichir des différences au lieu de s’irriter de menus détails. Car de l’agacement à l’autoritarisme, il n’y a qu’un pas. Quand les idées arrêtées frôlent le fanatisme ou lorsqu’on s’épuise à vouloir convaincre du bien-fondé de sa médisance, mieux vaut se tourner vers l’élixir de verveine qui invite à se poser et à laisser chacun se faire sa propre idée.
Sortir de la paranoïa
L’excès de méfiance peut aussi se nourrir d’un fantasme de persécution. Or l’impression d’être agressé génère une attitude querelleuse ou pessimiste empoisonnant les relations. L’oregon-grape, élixir américain, favorise la compréhension et la confiance. À l’inverse, certaines personnes refusent le contact, animées au fond d’elles-mêmes par un complexe de supériorité qui les empêche d’avoir de la compassion envers ceux qui leur semblent « étrangers ». Pour sortir de sa tour d’ivoire, la violette d’eau est tout indiquée. La difficulté à accepter l’autre témoigne de peurs profondes. Le sentiment d’être désemparé que nous pouvons avoir face à un SDF renvoie en miroir la fragilité de notre propre condition. L’élixir de nénuphar blanc agit sur ces états de doute liés à l’argent. Face à la crainte de perdre ce qui nous appartient, il aide à cheminer dans un esprit de coopération plutôt que de concurrence et apaise les angoisses. Quant à l’élixir de pommier sauvage, il traite les peurs de la contagion qui se manifestent par le refus de s’approcher trop près du sans-abri, de celui qui arbore une maladie de peau ou une couleur différente. Abolir les distances suppose d’accepter de se laisser surprendre. En surmontant ses peurs, la gêne ou l’agressivité se transforment en une saine curiosité. Une étape clé pour que chacun trouve sa place dans la biodiversité humaine.
Au-delà des apparences
Le pommier sauvage (Malus sylvestris) invite à accepter l’imperfection. Si, de prime abord, ses rameaux épineux évoquent la méfiance, ses feuilles à poils courts et denses deviennent glabres en vieillissant comme pour adresser un message d’apaisement. De même, ses fleurs blanches teintées de rose semblent renoncer à un idéal de pureté. Il faut dire que cet arbre, considéré comme celui de la connaissance du bien et du mal, a d’abord uni deux êtres créés par Dieu pour leurs dissemblances… complémentaires !
Éviter la discrimination
On connaissait le savoir-vivre voici le « vivre-ensemble ». Avec un article devant le verbe, le terme gagne en puissance idéologique. Il ne s’agit plus seulement d’un code de bonnes manières, mais d’un concept qui fleurit sur les lèvres des intellectuels et des politiques face à la montée du racisme, de l’antisémitisme et de l’islamophobie ordinaires. Dans une société mondialisée, les communautés cherchent à affirmer leur identité. Pas facile de faire face aux différences et d’aller vers la tolérance qui, disait Goethe « ne devrait être qu’un état transitoire et mener au respect ». La cohabitation dans la diversité ne se mettra pas en place sous la seule impulsion des débats d’idées. Elle doit passer par la création de liens que nous avons bien du mal à tisser…