Jardins thérapeutiques
À bicyclette pour l'hortithérapie
Quelque 3 000 km à vélo, 40 lieux visités et une passion pour l'hortithérapie : voilà les ingrédients du tour de France des jardins thérapeutiques entamé le 10 mai dernier par Romane Glotain. La jeune éducatrice entend faire connaître cette méthode de soins.
« Et vous, que vous apporte le jardin ? » : cette question imprimée sur le T-shirt de Romane Glotain, qui a entrepris un « Tour de France des jardins thérapeutiques », vise à « faire connaître l'hortithérapie, à montrer la réalité du terrain et d'arriver à une reconnaissance de cette pratique par les Agences régionales de santé et les médecins », argumente cette éducatrice spécialisée formée aussi à l'aménagement du paysage. En effet, notre pays accuse un retard par rapport à d'autres. Malgré les nombreuses études prouvant que les jardins peuvent participer aux soins, l'hortithérapie reste difficile à accepter par certains soignants. En entreprenant ce tour de France et en mettant en avant ces lieux sur les réseaux sociaux, Romane Glotain compte faire bouger les choses dans l'Hexagone.
En préparation de son défi sportif et engagé – qui a démarré le 10 mai et s'achève le 15 juillet – la jeune femme de 24 ans a répertorié une centaine de jardins thérapeutiques en France. « Et il y en a probablement davantage, puisque des personnes me contactent régulièrement pour me parler d'autres projets. » Ces jardins accueillent des publics très divers : des personnes âgées, des adultes en situation de handicap mental, des malades du cancer, des enfants en situation de handicap moteur, des adolescents avec déficience intellectuelle et même des détenus. « Je veux montrer que les jardins thérapeutiques ne sont pas seulement rattachés aux maisons de retraite. »
Le jardin comme une évasion
Le jardin de la Maison d'arrêt de Tulle a particulièrement marqué Romane Glotain. Implanté en 2015 dans une ancienne cour de promenade, il permet aux détenus de mettre les mains dans la terre, plusieurs fois par mois. « Ce jardin permet à ces personnes condamnées pour des peines de moins de deux ans de se sentir vivantes et dans l'action, raconte Romane Glotain. Le jardin est pour eux une évasion et une méditation, en somme un lieu qui les apaise et qui œuvre dans le sens de la réinsertion et de la prévention des récidives. »
« Les porteurs de projet m'ont témoigné leur motivation mais aussi leur solitude », confie Romane Glotain. L'autre difficulté souvent constatée par la jeune femme est le besoin de disposer d'un jardinier permanent afin que les éducateurs ou les soignants qui s'occupent du public puissent leur consacrer tout leur temps ainsi qu'aux ateliers d'hortithérapie. C'est le cas du centre hospitalier Théophile Roussel, un établissement public de santé mentale en Île-de-France qui a créé, en 2017, son « Jardin des tisanes ». Après l'été, il sera temps pour Romane Glotain de se concentrer sur la création de son propre lieu en Loire Atlantique. « Mon objectif est d'aménager un jardin à visée thérapeutique pour accueillir des publics qui ont des besoins différents. » Dans son « Jardin des maux passants », la jeune femme imagine déjà des plantes potagères pour travailler avec des personnes qui ont des troubles alimentaires, des aromatiques pour des publics souffrant d'addiction, car ils souffrent souvent de pertes d'odorat, mais aussi des plantes ornementales et des fleurs sauvages. La boucle sera alors bouclée !