Santé intestinale
De bonnes bactéries avec les probiotiques
Les bonnes bactéries, dont les probiotiques font partie, sont garantes de l'équilibre de nos différentes flores et de notre système immunitaire. Certes disponibles sous forme de compléments alimentaires, elles sont d'abord à chercher dans notre assiette…
Cet été, j'ai dû prendre des antibiotiques, suscitant des réactions diverses autour de moi. Ma mère : « Tu as pensé à acheter de l'ultra-levure ? ». Une amie journaliste : « Ça ne sert à rien, il faut juste que tu manges plus de yaourts ». (Je n'aime pas les yaourts.) Le pharmacien : « L'un n'empêche pas l'autre ! » Je n'ai pris aucun risque : je n'ai rien pris du tout ! Et les brûlures d'estomac se sont fait sentir au bout de deux jours de traitement, me laissant à la bouche une question amère : les probiotiques, est-ce que c'est automatique ?
De multiples souches de probiotiques
Du grec pro signifiant « en faveur » et biotikos, « la vie », les probiotiques contiennent des micro-organismes vivants majoritairement constitués de bonnes bactéries qui permettent une autorégulation de l'écosystème appelé microbiote (contenant aussi de mauvaises bactéries, des virus, des champignons…). S'agissant du microbiote intestinal, le plus étudié, on parle de dysbiose lorsque celui-ci est déréglé : mauvaise digestion, brûlures, ballonnements. En général, la dysbiose est favorisée par une mauvaise alimentation, l'âge, la sédentarité, le syndrome de l'intestin irritable (SII), la prise de médicaments antibiotiques ou anti-inflammatoires non stéroïdiens… Certaines analyses récentes, qui ont pu mettre en évidence des anomalies du microbiote dans des maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson), questionnent même ces liens…
Aussi, des probiotiques sous forme de compléments alimentaires sont couramment conseillés. Les lactobacilles constituent la famille de probiotiques en vente la plus répandue. Ils jouent un rôle essentiel sur nos différentes flores (intestinale, vaginale, buccale…) et les résultats des recherches en cours sont prometteurs en termes de prévention et de réduction des diarrhées à rotavirus, pour le traitement des allergies chez l'enfant, et en prévention des maladies inflammatoires du tube digestif.
« Mais on trouve sur le marché tellement de différentes souches de probiotiques et de concentrations qu'aucune étude clinique n'a pu aboutir à des recommandations précises pour le moment, si bien qu'il est compliqué de s'orienter sans l'avis d'un professionnel formé, déclare le Dr Longé, médecin généraliste. Il existe différentes formes de compléments alimentaires : comprimés à avaler (la plus courante), cachets à sucer pour aider à lutter contre certaines maladies buccales, ovules pour reconstruire la flore vaginale. Dans tous les cas, si l'hygiène locale n'est pas rigoureuse et le régime alimentaire pas adapté, la prise de probiotiques en compléments aura une efficacité très limitée. »
Prébiotiques, probiotiques, postbiotiques…
Les prébiotiques nourrissent les probiotiques. On les trouve majoritairement dans les fibres des fruits et légumes (bananes, ail, oignon, asperges, céréales complètes…). Elles favorisent leur croissance et leur activité mais peuvent être irritantes en cas de SSI (syndrome de l'intestin irritable).
Les postbiotiques définissent quant à eux les substances produites par les probiotiques, comme les acides gras à chaîne courte qui sont transportés par le sang vers d'autres organes (production de glucose dans le foie, synthèse des lipides…). Pris en compléments alimentaires, ils peuvent être bénéfiques en cas de maladies spécifiques. Bénéfiques, mais non suffisants !
Entretenir un microbiote de qualité
Dans l'ouvrage Se soigner au naturel toute l'année (éd. Prat), le Dr Jean-Christophe Charrié compare le fonctionnement d'un microbiote à celui d'une foule. « Lorsque celle-ci est bien ordonnée et calme, […] les agressifs se manifestent peu car ils sont vite remis dans le rang par les autres. Par contre, en cas d'alerte au feu, tout le monde court dans tous les sens et les voyous en profitent… ». Aussi, plus notre alimentation – principale source de probiotiques – est variée, mieux nos différentes flores affrontent les perturbations (mauvaises bactéries, antibiotiques…).
En ce moment, le pionnier des probiotiques, le laboratoire Pileje, mène d'ailleurs une campagne nationale d'information, « Ma santé passe par mes microbiotes » (du 1er octobre au 10 novembre, en partenariat avec les associations AFA Crohn RCH et APSSII), et met également en avant l'importance de la consommation d'aliments et boissons fermentés (lire ci-contre).
Le Dr Longé de résumer : « Une alimentation riche en fruits, légumes et produits fermentés, ainsi que des modes de cuisson variés, constituent un bon moyen de faire le plein de probiotiques et de vitamines naturelles, tout en soutenant l'action des probiotiques pris occasionnellement en complément. »
Recettes de mère Nature // Intégrer les probiotiques à l'alimentation
Voici quelques bons réflexes alimentaires conseillés par le laboratoire Pileje, à adopter pour apporter à votre microbiote ce dont il a besoin, notamment en termes de probiotiques.
- Assaisonnements et potages
Pour vos vinaigrettes, privilégiez le vinaigre de cidre ainsi que la sauce soja, issue de la fermentation de protéines végétales, si possible à - 25 % de sodium (type tamari). Également composé de soja fermenté, le miso blanc peut être intégré à vos sauces froides, et le miso noir dans vos bouillons en fin de cuisson.
- Grignotage salé
Rien de tel que les condiments fermentés, à l'instar des pickles d'oignon rouge, pour une dose quotidienne de probiotiques. Suivez la recette.
1. Porter à ébullition 150 ml d'eau, 100 ml de vinaigre, 50 g de sucre, 2 badianes, quelques graines de coriandre, un peu de thym et de poivre en grains.
2. Ajouter 3 oignons rouges coupés en quatre.
3. Faire infuser pendant 1 heure, égoutter, laisser refroidir et conserver dans un bocal hermétique. Choisir un pain au levain naturel et du chèvre frais pour accompagner.
- Grignotage sucré
Vous trouverez dans le chocolat noir des polyphénols favorisant le développement des bonnes bactéries de l'intestin (lactobacilles et bifidobactéries). Quid du chocolat au lait ? Il contient trop de sucres pour être recommandable.
- Une cure hivernale ?
Des compléments alimentaires réunissant les bonnes souches de lactobacilles et des vitamines C et D, associés à de bons apports alimentaires, pourront booster votre système immunitaire à l'approche de l'hiver.
- Laitages et boissons
Les ferments lactiques se trouvent dans tous les types de lait d'origine animale, mais ils ne sont pas toujours bien tolérés. Les laits de chèvre et de brebis ainsi que les laits fermentés (lait ribot, kéfir) ont l'avantage d'être plus digestes. Si vous ne buvez que des laits végétaux, pensez à varier les eaux à forte teneur en calcium et les huiles végétales (olive, noisette, colza, bourrache…), et à adopter le kombucha (à base de thé).