Je vais me faire opérer, quels aliments faut-il privilégier ?
Saviez-vous que certains aliments et plantes, consommés même plusieurs jours avant une intervention chirurgicale, peuvent directement influencer le succès de celle-ci ? Avant de passer sur la table d'opération, mais aussi après, pour récupérer plus rapidement, ne négligez pas votre alimentation.
Prenons l’exemple d’un cas relaté dans la littérature scientifique : un homme de 38 ans, sans antécédents médicaux, subit une opération pour une fracture des vertèbres. Pendant l’intervention, un saignement inhabituel survient. L’origine de cette complication ? Une consommation excessive d’ail, utilisé par le patient pour prévenir une hypercholestérolémie familiale. En effet, l’allicine contenue dans l’ail inhibe la coagulation et l’agrégation plaquettaire, provoquant ce saignement inattendu. Un tel cas souligne l’importance de notre alimentation, qui peut avoir un impact significatif sur la sécurité des procédures chirurgicales. En plus du poids, âge, état de santé, les habitudes alimentaires jouent un rôle déterminant dans la réponse de notre corps aux traitements, et peuvent altérer l’efficacité des médicaments administrés lors d’une opération. C’est pourquoi il est essentiel de signaler à votre chirurgien et à votre anesthésiste ce que vous consommez, y compris les plantes médicinales. Pourtant, environ 70 % des patients n’en parlent pas, parfois sans avoir conscience des risques d’interactions.
Effet sédatif prolongé
Surprenant mais vrai ! Certains aliments courants, comme la tomate, la pomme de terre ou l’aubergine, peuvent présenter des risques s’ils sont consommés en excès avant une opération. Ces solanacées contiennent des glycoalcaloïdes, des composés qui ralentissent la décomposition des anesthésiques et des relaxants musculaires, prolongeant ainsi leur effet dans le corps. Évitez par exemple les pommes de terre présentant une légère coloration verte, qui en contiennent une quantité accrue. De même, limitez l’utilisation de plantes aux effets sédatifs quelques jours avant l’opération. Autres types d’aliments à surveiller, ceux ayant un impact sur le sang. C’est le cas de l’ail évoqué plus haut, qui devrait être proscrit au moins sept jours avant une anesthésie. De même, si vous avez l’habitude d’utiliser des épices telles que le curcuma, la cannelle ou le gingembre pour rehausser le goût de vos plats, il convient de faire preuve de prudence. Celles-ci...
peuvent affecter la coagulation sanguine en inhibant l’agrégation des plaquettes, ce qui prolonge le temps de saignement et augmente les risques d’hémorragie. Elles modifient également la viscosité du sang.
Saviez-vous que certains fruits et légumes, tels les épinards, blettes, choux de Bruxelles, poivrons rouges, amandes, bananes et baies, contiennent des salicylates, des composés chimiquement similaires à l’aspirine ? Ces substances augmentent la fluidité sanguine, tout comme cette dernière. Des études ont rapporté des niveaux de salicylates dans le sang des végétariens comparables à ceux des personnes prenant de faibles doses d’aspirine. De tels impacts étant significatifs, il est conseillé de limiter, voire d’éviter la consommation de tels aliments et plantes une à deux semaines avant une opération. Et de respecter le jeûne préopératoire.
Pourquoi faut-il être à jeun avant une opération ?
Il y a trois raisons essentielles. Tout d’abord, cela permet de réduire le risque d’aspiration pulmonaire, une complication où des aliments ou liquides peuvent remonter dans les voies respiratoires pendant l’anesthésie. Le jeûne assure aussi une gestion optimale des médicaments anesthésiques en évitant les interactions dues à la présence de contenu gastrique. Il contribue enfin à un rétablissement plus rapide en minimisant les nausées et vomissements, fréquents après l’intervention. Le jeûne doit commencer au moins six heures avant l’opération. Vous pouvez tout de même boire des liquides clairs, comme de l’eau, des jus de fruits (sans pulpe), du thé ou du café (sans lait), jusqu’à deux heures avant l’opération.
Quelques plantes indésirables
Certaines plantes courantes peuvent interagir avec les anesthésiques, les médicaments et la coagulation sanguine, compliquant la gestion opératoire. Limiter la consommation de ces plantes peut prévenir de telles complications.
- Valériane, camomille, passiflore, kava : effets sédatifs accentuant les anesthésiques et compliquant la gestion de la sédation.
- Millepertuis : interférences avec le métabolisme de nombreux médicaments administrés pendant les interventions.
- Angélique officinale, ginkgo : augmentation du temps de saignement.
- Reine-des-prés : effet anticoagulant, interaction avec des substances comme l’héparine, souvent utilisée pour fluidifier le sang.
Et après l’opération, que manger ?
L’anesthésie et l’opération laissent le corps dans un état de fatigue importante. Cette « dette de fatigue » doit être comblée par une alimentation adaptée contenant des aliments énergisants et revitalisants, riches en calories, minéraux et vitamines. Les fruits secs, tels que les amandes, noix et pistaches, constituent d’excellents choix, à grignoter tout au long de la journée. N’oubliez pas non plus d’inclure des féculents et des légumineuses dans votre alimentation, car ils apportent également des calories essentielles. Assurez-vous seulement de rendre ces aliments plus digestes en les faisant tremper et en les cuisant correctement afin d’éliminer l’acide phytique qu’ils contiennent. Les jus de fruits constituent eux aussi une très bonne option, car en plus de vous hydrater, ces boissons vous apportent une bonne dose de vitamine C, qui favorise la formation de collagène, un élément essentiel dans le processus de cicatrisation. Les fruits et légumes sont également riches en fibres alimentaires, qui jouent un rôle clé dans la régulation du transit intestinal, souvent mis à rude épreuve après une opération chirurgicale. Constipation, diarrhée et autres troubles digestifs peuvent survenir à cause des médicaments antidouleur, de la présence de résidus d’anesthésiques, ou de l’immobilisation postopératoire. Un apport en protéines est indispensable dans l’alimentation postopératoire, car elles favorisent la synthèse musculaire, essentielle pour une récupération complète et fonctionnelle.
Reprendre une alimentation orale précoce dans les 24 heures suivant l’intervention est fortement recommandé. Cependant, il est crucial de tenir compte des contre-indications chirurgicales, du type d’opération et de la tolérance digestive du patient. En effet, certaines textures alimentaires peuvent être mal tolérées, provoquant inconfort ou vomissements. Aussi, réintroduisez dès que possible des aliments à texture molle ou en purée, tels les potages et smoothies. Pour la reprise d’aliments solides, privilégiez les textures tendres comme les pâtes, le pâté, les œufs ou le poisson, en évitant les aliments durs qui pourraient irriter l’appareil digestif.
À éviter avant une opération
- Ail: peut augmenter le risque de saignement (effet anticoagulant).
- Curcuma: inhibe l’agrégation plaquettaire, augmentant les risques hémorragiques.
- Gingembre: impacte la coagulation sanguine, prolonge le temps de saignement.
- Épinards, baies: riches en salicylates qui jouent sur la fluidité du sang.
Conseillés après une opération
- Soja, graines de courge... Protéines végétales, pour la reconstruction musculaire.
- Kiwi, orange, légumes lactofermentés... Sources de vitamine C, pour favoriser la cicatrisation.
- Noix de pécan, pistache... Pour l’énergie.
- Artichaut, salsifi... Sources de fibres alimentaires, pour réguler le transit postopératoire.