Baume aromatique pour fragilités respiratoires
Quand on respire une huile essentielle, son action sur les voies respiratoires est instantanée. L’expertise clinique confirme l’efficacité des molécules aromatiques sur les terrains respiratoires fragiles, y compris les asthmatiques. Mais pour les apprivoiser, il faut respecter certaines règles de prudence.
Quelle que soit sa nature, un parfum (plaisant ou déplaisant, naturel ou synthétique) qui se diffuse dans l’atmosphère est un concentré de composés organiques volatils (COV) en suspension. Par inhalation, ces composés peuvent se déposer sur les muqueuses respiratoires et potentiellement être bénéfiques ou bien... gênants, voire toxiques. En fait, c’est leur nature et la sensibilité du sujet qui les respire qui décideront de l’impact final. Par précaution, les pneumologues déconseillent formellement l’utilisation des HE en cas de fragilité respiratoire (asthme, mucoviscidose), quel que soit leur mode d’utilisation, arguant du fait qu’une simple olfaction peut déclencher une quinte de toux ou, pire, une crise d’asthme.
Précautions d’usage
Pourtant, certains sujets asthmatiques qui suivent un traitement aromatique de fond sous la surveillance d’un aromatologue voient les crises s’espacer et le terrain inflammatoire et immunitaire s’améliorer en quelques semaines. Face à cette dualité dans ces situations d’hypersensibilité, l’utilisation des HE nécessite plus que jamais le respect des précautions d’usage pour maîtriser leur impact respiratoire.
Les poumons sont en contact direct avec l’environnement et assurent une fonction nécessaire à la vie : la respiration. L’oxygène est capté au niveau des alvéoles pulmonaires, qui représentent une surface totale d’environ 75 m2. Si tout individu est fragile au niveau respiratoire, parce que cette fonction est vitale et que le danger peut être instantané et suffocant, certains sont particulièrement vulnérables, comme les enfants, les sportifs et les asthmatiques. D’autant que les sources de danger respiratoire sont extrêmement variées : virus, acariens, poussières, particules fines, fumées de combustion, gaz et COV issus de produits de bricolage, de cosmétiques, de parfums ou de matières plastiques. Certaines molécules se solubilisent dans le surfactant qui tapisse les muqueuses ORL et pulmonaires et déclenchent rapidement une irritation des conjonctives (nez, gorge, yeux) avec éternuements, larmoiements, toux d’irritation, voire, pour les plus fragiles, constriction des bronches et insuffisance respiratoire. Les HE libèrent bien des COV mais, issues du règne végétal par un procédé d’extraction propre, elles ne laissent aucun résidu volatil synthétique. En revanche, leur concentration en molécules organiques volatiles n’est pas naturelle. Elles nécessitent donc, pour les sujets pouvant suffoquer facilement, des précautions d’emploi qui font partie de l’art de prodiguer la médecine aromatique.
Balade dans une forêt de conifères
Les bienfaits d’une balade en forêt proviennent d’ailleurs de ce contact avec les molécules aromatiques. Dans ces situations, le besoin en oxygène des cellules, accru par l’effort physique, accélère l’oxygénation du sang via la respiration. L’air parfumé inspiré est doux, le sujet respire naturellement de manière ample et profonde, en toute confiance. Et les molécules organiques volatiles en suspension dans l’air permettent un moment de régénération respiratoire. Or, celles-ci sont bien les mêmes que celles des HE extraites de ces végétaux. À ceci près que leur concentration augmente au profit d’effets plus puissants. Le registre physiologique passe ainsi au niveau thérapeutique si les doses usuelles sont respectées. Qui dit concentré, dit puissance pharmacologique et donc efficacité, ce qui peut aller de pair avec un risque de toxicité.
Mais dès lors que certaines règles sont observées, notamment dans les voies d’administration et le choix des HE, la bienveillance des HE peut réellement être mise au service des sujets les plus sensibles des bronches. Si l’on se penche sur ce que la nature a mis à notre disposition pour mieux respirer, on pense en tout premier aux essences de conifères. La plupart des molécules que fabriquent ces arbres sont des terpènes, constituants de base de toutes les huiles essentielles. La térébenthine en est le chef de file, très concentrée dans le pin maritime (Pinus pinaster). Toutes ces essences coniférales sont des nettoyantes douces des conduits respiratoires ORL et pulmonaires. Comme la térébenthine, connue pour ses propriétés décapantes, ces molécules décollent les mucosités des surfaces (c’est ce que l’on nomme la détersion) et libèrent les conduits respiratoires pour la libre circulation des gaz.
Limiter l’inflammation
Beaucoup plus doux que la molécule de 1,8 cinéole présente dans les eucalyptus ou les camphriers, les monoterpènes sont souvent utilisés en pédiatrie ou chez les patients asthmatiques. Ils sont un gage de sécurité au niveau respiratoire. En fonction de leur biochimie, ces essences peuvent avoir certaines spécificités. Selon la teneur en limonène ou en térébenthine, elles seront orientées plutôt vers le nettoyage. C’est le cas de l’HE de sapin pectiné, à l’odeur inattendue d’agrume, ou de celle de pin maritime.
Si l’on cherche plutôt à maîtriser le processus de toux et à limiter l’inflammation, on retiendra des essences riches en esters, relaxantes des muscles bronchiques, comme l’HE de sapin de Sibérie, ou encore celle de pin de Patagonie. On souligne que ces essences à la fois détersives et relaxantes bronchiques conviennent, quelle que soit la toux. Si l’effort doit porter sur la constriction des bronches, en cas d’asthme ou d’insuffisance respiratoire, par exemple, le sapin géant est considéré comme la Ventoline de l’aromathérapie. Il ouvre en douceur les conduits pour augmenter l’oxygénation. Il fait des merveilles dans la pathologie asthmatique, quelle que soit son origine : nerveuse, sécrétoire ou allergique. L’utilisation de cette synergie de conifères a des propriétés anti-inflammatoire respiratoire, tonifiante générale de l’organisme, régulatrice nerveuse et anti-infectieuse. Son utilisation quotidienne sur un terrain respiratoire fragile, ou même simplement en cas d’oppression thoracique nerveuse, permet de restaurer la fonction pulmonaire et d’oxygéner l’esprit, par des fragrances pures et apprivoisées.
Comment diffuser
La diffusion active passe par l’utilisation de différents types de diffuseurs ou pulvérisateurs.
• Il existe le nébulisateur par effet Venturi (avec verreries), où les HE sont diffusées pures. C’est le principe de diffusion active le plus concentré, idéal pour désinfecter une pièce, mais ce mode expose le plus à des inconforts respiratoires. Il est déconseillé pour les enfants en bas âge et en cas d’asthme.
• Les diffuseurs par ultrason diffusent les HE brumisées dans de l’eau. C’est un mode moins agressif pour le nez et les voies respiratoires, plus convivial et moins risqué. Tout en sachant que le sujet asthmatique peut y être sensible.
Ma formule - Bouffée d’oxygène
Par Aude Maillard, aromathérapeute
Propriétés Bronchodilatatrice, oxygénatrice des voies respiratoires hautes et basses, anti-inflammatoire, détersive des mucosités, relaxante des muscles respiratoires, régulatrice du système nerveux et tonifiante générale.
Indications En prévention ou en curatif des infections respiratoires ORL ou pulmonaires avec insuffisance respiratoire et/ou mucosités, toux grasses ou sèches, bronchite, pneumopathie, asthme et gestion du stress avec oppression thoracique ou asthme nerveux. Convient particulièrement aux sujets présentant des voies respiratoires fragiles, irritées, comme les asthmatiques. L’application sur les pieds est conseillée pour minimiser le risque d’irritation respiratoire.
HE sapin géant (5 ml)
Abies grandis
HE sapin de Sibérie (5 ml)
Abies sibirica
HE sapin pectiné (5 ml)
Abies pectinata
HV noyau d’abricot (QSP 30 ml)
Préparation
Dans un flacon de 30 ml muni d’un compte-gouttes, verser les huiles essentielles selon les quantités indiquées, et compléter avec l’HV de noyau d’abricot. Refermer et agiter.
Voie cutanée
10 à 15 gouttes de la synergie en massage du haut du dos ou du thorax ou encore des pieds en cas d’hypersensibilité respiratoire. Répéter jusqu’à 4 fois par jour, en continu 3 semaines sur 4.
Précautions d’emploi
Déconseillé aux enfants de moins de 7 ans, femmes enceintes ou allaitantes. Prudence sur les peaux atopiques, eczémateuses, ou allergiques, privilégier l’application sur la face plantaire.
À savoir
Pour les enfants de moins de 7 ans, faire la même synergie en divisant les quantités des HE par deux, soit 2,5 ml de chaque, pour diminuer la concentration en actifs.
Toux grasse, toux sèche : les mêmes HE ?
Une toux sèche peut devenir grasse par surinfection. Il est donc souvent difficile d’adapter le traitement en temps réel. En aromathérapie, il existe des HE pratiques et très efficaces sur ce phénomène spastique qu’est la toux, quel que soit son type. À la fois utiles en cas de toux sèches ou bien grasses, comme si la nature savait avant nous qu’une toux est un processus immunitaire à respecter et évolutif. Qu’elle soit sèche ou grasse, il est important de ne pas la contrer, mais plutôt de l’accompagner pour en minimiser les effets douloureux et inflammatoires, et augmenter son efficacité expectorante si besoin. Avec des HE à visée relaxante bronchique, et réconfortantes en cas de toux.
À faire
Par Aude Maillard, aromathérapeute
Déposer 1 à 2 gouttes d’HE de sapin de Sibérie, ou pin de Patagonie, ou myrte rouge du Maroc (au choix) dans un peu d’eau tiède, et inhaler pendant quelques minutes. (Ce sont des HE nettoyantes douces des voies respiratoires mais aussi décontracturantes en cas de toux spastique.) La chaleur humide réhydrate les muqueuses en cas de toux sèche et décolle les mucosité en cas de toux grasse. À faire 2 fois par jour et rester au chaud.
Règles de prudence - En cas d’asthme sévère
Voici quelques conseils pour que l’asthmatique sévère puisse lui aussi bénéficier des vertus des HE.
La voie olfactive (olfaction au poignet, diffusion atmosphérique ou inhalation humide) est complètement déconseillée chez les asthmatiques sévères, tout comme la diffusion ou la pulvérisation atmosphérique de tout parfum d’ambiance. Les grands asthmatiques n’auront recours qu’à des applications cutanées (la zone la plus sûre sera la voûte plantaire) ou à la voie interne prescrite par un aromathérapeute.
Les sujets moins fragiles pourront tester l’application sur les poumons (dos et thorax), elle sera des plus réconfortantes grâce aux propriétés relaxantes bronchiques des HE sélectionnées.
Certaines HE sont complètement déconseillées car particulièrement impactantes sur l’arbre respiratoire, en particulier celles qui sont couramment utilisées pour décongestionner et expectorer. Citons par exemple la molécule de 1,8 cinéole, que l’on rencontre dans les HE de l’hiver comme les eucalyptus globulus et radié, ravintsara, cajeput, niaouli, romarin et myrte à cinéole. Les asthmatiques, selon leur degré de fragilité, ne sont pas à l’abri de démarrer une crise à leur contact olfactif. Ces HE leur sont donc vivement déconseillées, que ce soit par voie olfactive, cutanée ou même interne.