Quand l'aromathérapie soutient les enfants dans leur concentration
La concentration est l'une des clés de la construction intérieure et de l’épanouissement de l'enfant. Quand elle fait défaut, plusieurs aspects de son quotidien peuvent devenir extrêmement compliqués, comme pour sa famille. Stimuler son sens olfactif avec les huiles essentielles représente alors un levier intéressant de « rassemblement » corps-esprit. À mettre en place dès la rentrée.
L’état psycho-émotionnel, le manque de sommeil, le bruit et les écrans sont autant de facteurs altérant la concentration d’un enfant. Or celle-ci conditionne de manière évidente son développement intellectuel et cognitif.
Pouvoir se focaliser et se montrer attentif à son environnement reflètent un bon équilibre nerveux, un état neurologique satisfaisant et une tranquillité d’esprit manifeste. En retour, les moments de concentration apportent à l’enfant du contentement, nourrissent la construction de son égo et son envie d’apprendre et optimisent ses facultés d’apprentissage. Chercher à soutenir ce cercle vertueux – parfois à le créer ou à le rétablir – est la préoccupation de nombreux parents. Et cela peut passer par son odorat.
De fait, dans nos sociétés saturées par l’audiovisuel, l’acuité olfactive fait de plus en plus défaut à la population, car elle est de moins en moins sollicitée. Pour y remédier, la diffusion atmosphérique d’huiles essentielles constitue un outil simple et efficace, à l’effet instantané sur le tissu nerveux grâce aux propriétés calmantes et psycho-actives des molécules aromatiques. Si besoin, son action peut aussi être rééducative et aider à harmoniser le développement cognitif, la perception de soi et la construction intérieure.
Rassembler coprs et esprit en stimulant l'odorat
Les facultés d’attention et de concentration s’acquièrent au fil de la petite enfance : en faisant évoluer un tout-petit dans un environnement qui sollicite son corps, entretient sa réactivité et lui apporte des sensations psychosensorielles et psychomotrices, on permettra à ses connexions neuronales de s’établir et de se multiplier convenablement. Stimuler son sens de l’odorat peut accélérer cette maturation et, chez l’hyperactif, aider au « rassemblement » du corps et de l’esprit.
Les enfants atteints d’un trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) présentent en effet systématiquement une persistance des réflexes primaires archaïques, qui vient bloquer leur système cognitif. Ils ont du mal à se tenir droits pour travailler (ils s’assoient sur leurs jambes), sont instables et hypersensibles émotionnellement.
L’olfaction est un sens archaïque associé à l’animalité, à la notion de survie et de perpétuation de l’espèce, mais aussi à l’intuition et la spiritualité. Il contribue à élaborer les relations, affermir l’amour et l’instinct. Ce n’est pas un hasard s’il fonctionne en permanence chez l’homme, dès la période fœtale, dans l’univers aquatique du liquide amniotique : ce réseau neuronal est un maillon essentiel de la cohésion émotionnelle, psychique, immunitaire et même chimique d’un être, nécessaire pour qu’il s’affirme et se charpente à tous niveaux. Il n’y a pas de sens plus enclin à ramener au soi profond en aidant le corps à digérer ses réflexes primitifs.
Des odeurs archétypales qui rassurent
Il existe, en aromathérapie, un organe producteur hautement symbolique, qui semble entrer totalement en résonnance avec l’enfant, le mettre en confiance et lui fournir les conditions optimales de bien-être. C’est le « petit grain » des agrumes. Ce terme correspond aux rameaux feuillés portant la fleur fructifiée en train de laisser place au fruit. C’est cet organe qui est distillé. Il existe ainsi autant d’huiles essentielles de petit grain que d’agrumes : mandarine, orange, pamplemousse... Toutes sont intéressantes en cas de cauchemar, d’anxiété, d’hyperactivité ou de tensions familiales.
L’huile essentielle (HE) de petit grain bigaradier transmet à celui qui la sent à la fois la « saveur » de l’instant présent et l’optimisme nécessaire pour aller de l’avant. L’écrasante majorité d’esters qu’elle contient lui confère des propriétés sédatives et...
relaxantes qui canalisent le corps en le « déposant » à terre et calment l’esprit dans la joie et le plaisir. Il est alors possible de réfléchir efficacement et sereinement. Sa teneur en monoterpénols lui permet en même temps une action énergisante, sûrement en rapport avec le caractère de la feuille – qui n’est autre que le poumon de la plante.
Cette HE a aussi un aspect olfactif structurant, amené par le bois du rameau, comme l’empreinte d’une énergie plus yang. Cette ambiance, ce « programme atmosphérique » peut faire l’objet d’un rituel durant l’enfance, pour transformer chaque instant en expérience constructive et réconfortante. À partir des 6 mois de bébé, masser sa colonne vertébrale au coucher avec 2 à 4 gouttes (selon son âge) d’HE de petit grain bigaradier et autant d’HV de noyau d’abricot. Nuit calme assurée !
Le conifère incarne la position juste
Pour être en pleine possession de ses moyens intellectuels et cognitifs, un enfant doit avoir un corps physique posé et calme, avec un tonus musculaire juste, ni trop relâché ni trop tendu. En la matière, l’HE de petit grain sait particulièrement bien y faire.
Il est un autre aspect participant à la bonne concentration de l’enfant, qui ne dépend pas des muscles mais de la posture et de la position du corps. Symboliquement, pour l’aider à se tenir bien droit, calme et tranquille, le conifère est l’arbre qui semble le plus approprié. Précisément, l’HE de cyprès de Provence insuffle l’autorité teintée de spiritualité, comme si, avec lui, nous n’avions pas le choix et devions grandir. La rectitude de cet arbre, certes austère, développe la faculté d’écoute et de réceptivité. Il rappelle, par sa forme de trait d’union terre-ciel, la position de l’homme sur la Terre. Respirer l’HE de cyprès recentre, calme, stimule la volonté. Chez l’enfant, qui peut être impressionné, une touche de bigaradier l’arrondira.
La vanille, odeur de l’enveloppement maternel
L’apprentissage de la concentration n’est pas qu’une affaire neuromusculaire, il est important de tenir compte des blessures et des perturbations psycho-émotionnelles. Il existe une énergie universelle qui aime et qui répare les souffrances : celle de la mère, de la matrice et de l’enveloppe maternelle.
Dans l’univers olfactif, la vanille s’avère, pour plusieurs raisons, connectée à la maman. Déjà, l’étymologie du mot vanille est la même que celle du mot vagin : vagina, qui signifie enveloppe, gaine en latin. Par ailleurs, l’oléorésine de vanille contient une molécule, nommée la vanilline, que l’on retrouve dans le lait maternel. Une étude clinique à l’hôpital de Strasbourg, en 2012, avait démontré que la diffusion de cette oléorésine dans les couveuses de grands prématurés réduisait significativement le nombre de morts subites. Sa douceur suave est un gage de réconfort, d’apaisement et de calme pour l’enfant, tout en apportant un sentiment de force à l’adulte qui l’accompagne.
Ma formule aroma : du calme et de l’application
Par Aude Maillard, aromathérapeute
Propriétés : régulatrice neurovégétative, calmante, réconfortante physique, psychique et émotionnelle : rassure et apaise les tensions nerveuses, stimule et rassemble l’esprit, connecte à la maman, travaille la volonté et l’ouverture vers les autres.
Indications : hyperactivité de l’enfant, difficultés scolaires, troubles du comportement et de la concentration, isolement, hypersensibilité, peur, manque de confiance en soi, timidité et cauchemars.
- HE petit grain bigaradier (Citrus aurantium aurantium rf) : 4 ml
- HE cyprès de Provence (Cupressus sempervirens) : 3 ml
- Oléorésine de vanille (Vanilia planifolia) : 3 ml
1 ml = 25 gouttes
Préparation : prendre un flacon en verre teinté de 10 ml muni d’un compte-gouttes, y verser les huiles essentielles selon les quantités indiquées. Refermer soigneusement et agiter.
Mode d’utilisation :
- Diffusion atmosphérique : mettre une trentaine de gouttes de cette synergie dans un diffuseur à ultrasons et laisser agir 15 minutes. À renouveler toutes les heures si nécessaire.
- Voie cutanée et olfactive : dans un roll-on vide de 10 ml, mettre une vingtaine de gouttes de la synergie et compléter jusqu’en haut du flacon avec une HV de noyau d’abricot. Déposer sur le poignet de l’enfant et lui faire amener les mains sur le visage de chaque côté du nez de manière à protéger les yeux des molécules odoriférantes. Respirer 5 fois de suite intensément avant une séance de « travail ». Renouveler 2 à 3 fois.
Précautions d’emploi :
- Synergie déconseillée par voie cutanée aux petits avant 3 ans, aux femmes enceintes et allaitantes.
- L’application d’HE sur la peau expose à des risques allergiques. Chez l’enfant, tester la synergie dans le pli du coude avant son utilisation, en déposant une trace à deux reprises à dix minutes d’intervalle, et observer pendant 48 heures pour vérifier qu’il n’y a pas de rougeur ni de démangeaison.
En cas d’agitation mentale, travailler l’ancrage
Lorsque le nerf olfactif véhicule des odeurs de terre, d’humus, de gazon coupé, de racine ou de bois humide en décomposition, les pensées s’orientent instantanément vers le bas. L’esprit se canalise vers une énergie lente et lourde, celle de la terre.
En diffusion atmos-phérique, les HE sur ces registres olfactifs sont particulièrement utiles en cas de dispersion mentale et d’agitation, pour aider à rassembler les énergies. À leur contact, les idées se focalisent. L’HE de vétiver est, ici, vraiment puissante. On peut l’envisager dans le diffuseur à ultrasons en synergie avec deux autres HE, plus stimulantes cérébrales, comme le romarin à cinéole et le citron.
À faire
Par Aude Maillard, aromathérapeute
Réaliser une synergie dans un flacon de 10 ml : 3 ml d’HE de vétiver, 5 ml d’HE de citron, 2 ml d’HE de romarin à cinéole. Mettre 20 gouttes dans le diffuseur à ultrasons et laisser agir pendant 10 minutes (déconseillé en cas d’asthme). Éviter de diffuser en présence d’un enfant, au risque d’irriter ses yeux et son nez, et préparer plutôt la pièce en amont : cette synergie va optimiser ses facultés d’attention et de réflexion, pour des séances de travail plus efficaces.
Un bain à la mandarine pour calmer les troupes
Lorsque la maison s’agite un peu trop en fin de journée, le bain est un bon moyen de profiter des propriétés relaxantes des essences d’agrumes issues de l’expression du zeste. Unanimement appréciées des enfants (et des parents), la mandarine verte (ou jaune) et la clémentine sont particulièrement efficaces pour calmer les corps et aider à l’endormissement. Attention toutefois à ne pas prendre de bain juste avant le coucher ou trop chaud, au risque de relancer le métabolisme et donc d’obtenir l’effet inverse.
À faire
Par Aude Maillard, aromathérapeute
Dans un verre, compter une dizaine de gouttes d’HE de mandarine verte ou jaune (seulement deux gouttes pour une baignoire taille bébé) et ajouter quatre fois plus de solubilisant (type solubol). Verser le tout dans un bain tiède, où l’on trempera une dizaine de minutes. Ne pas mettre les HE d’agrumes directement dans le bain, car elles ne sont pas miscibles à l’eau et seraient irritantes pures sur la peau, surtout chez l’enfant. Si les essences d’agrumes sont utilisées en pédiatrie, leur aspect phototoxique les contre-indique en cas d’exposition solaire dans les 8 heures qui suivent leur utilisation (d’où l’intérêt de prendre un bain en fin de journée).