Soins palliatifs, mieux accompagner ses proches avec les huiles essentielles
Au sein de l'Ehpad Théophile la Bretonnière, aux portes de Nantes, l'aromathérapie est un outil thérapeutique bien implanté. Dans la structure des soins palliatifs, elle est proposée pour adoucir la souffrance psychologique et créer des moments d'échanges entre les pensionnaires et leurs proches. Retour sur cette expérience avec Delphine Bienon, neuropsychologue et responsable du projet.
À Saint-Julien-de-Concelles, en Loire-Atlantique (44), la maison de retraite Théophile la Bretonnière héberge près de 80 pensionnaires. Ici, l’aromathérapie est connue de tous depuis que l’établissement a reçu, en 2017, le prix Gattefossé, saluant l’initiative du pharmacien référent et de Delphine Bienon, neuropsychologue, pour leurs protocoles aromatiques en lien avec Alzheimer. Désormais, chaque nouveau résident, quelle que soit sa problématique de santé, se voit proposer un test de préférences olfactives dès son entrée à l’Ehpad. Par ailleurs, la discipline aromatique a aussi gagné l’unité de soins palliatifs.
En 2018, la neuropsychologue Delphine Bienon décide en effet de poursuivre l’élaboration de nouveaux protocoles dans le cadre de son diplôme universitaire d’aromathérapie clinique. Constatant la souffrance mentale des patients en soins palliatifs, elle propose à neuf d’entre eux et à leurs familles de tester le pouvoir apaisant des huiles essentielles (HE). « La fin de vie est une période...
spéciale, remplie de mystère. Les patients et leurs familles ressentent souvent des émotions vives, comme la tristesse, la révolte, l’anxiété. J’ai voulu tester la capacité des huiles essentielles à soutenir ces patients et leurs familles dans ce processus, les aider à lâcher prise », confie Delphine Bienon.
L’experte a élaboré une synergie pour roll-on avec quatre huiles essentielles calmantes du système nerveux. « Certaines sont dites “de passage”, car leur odeur favorise le lâcher-prise et l’élévation de l’esprit, telles que l’encens oliban, le nard de l’Himalaya ou la myrrhe amère », explique-t-elle. Ces fragrances dotées d’une dimension religieuse ou sacrée sont massées sur les poignets ou le plexus solaire des résidents, par les soignants ou par la famille. « Devenir acteurs dans les soins leur permet de se sentir utiles et les rend plus proches de la personne dans ses derniers instants de vie . L’aspect olfactif, à l’effet apaisant pour tous, invite au « lâcher-prise et aide au cheminement face à la séparation », complète-t-elle.
L’évaluation du protocole, qui comprend également la diffusion d’une HE relaxante dans la chambre, a mis en évidence plusieurs indicateurs positifs : « moins de crispations du visage, d’agrippements, et seulement une personne sur neuf a réclamé un médicament anxiolytique ». Au regard de cette expérience, le protocole a été adopté par d’autres établissements du secteur.
Patients et proches, un seul protocole
Certaines huiles essentielles (HE) sont dites « de passage ». En effet, il a été constaté que leurs odeurs agissent comme une invitation à nous élever sur le plan spirituel, et ainsi à dépasser la souffrance physique. La neuropsychologue Delphine Bienon (ci contre) mise sur ces qualités afin d’apporter une aide douce au patient en fin de vie ainsi qu’à ses proches.
Fabrication : Dans un roll-on de 5 ml, un mélange d’HE de néroli, nard de l’Himalaya, myrrhe amère et encens oliban à parts égales est dilué à 5 % dans une huile végétale d’abricot.
Utilisation : Toutes les deux heures, le mélange est appliqué en dessinant 3 ronds sur les poignets ou le plexus solaire du patient.
Et aussi : De l’huile essentielle de lavande officinale ou d’orange douce (selon la préférence olfactive du patient) est régulièrement diffusée dans la chambre.