Huiles essentielles, un soutien pour les athlètes ?
L'organisation des Jeux paralympiques en France nous donne l'occasion de revenir sur l'utilisation des huiles essentielles pour les sportifs de haut niveau. Bien que l'aromathérapie ait fait la preuve de son efficacité, comme en témoigne le kiné de l'équipe de France de canoë-kayak, pionnier dans ce domaine, on peut regretter que son utilisation reste ponctuelle chez les athlètes.
Kinésithérapeute et ostéopathe des équipes de France nationales et olympiques de canoë-kayak, Jérôme Grest s’intéresse aux vertus des huiles essentielles (HE) à destination des athlètes en 2011. « Les sportifs en parlaient, ils réclamaient des massages aromatiques, ils trouvaient ça plus sain que le recours aux médicaments anti-inflammatoires », se souvient le thérapeute. Cette année-là, un laboratoire français, leader dans les soins de massage aromatiques des kinésithérapeutes du sport, est sélectionné comme partenaire de la commission médicale du Comité national olympique et sportif français. Seul hic, leurs produits aromatiques contiennent des adjuvants. Les thérapeutes en charge des athlètes français sont alors contraints de formuler eux-mêmes les soins à base d’HE afin de ne pas risquer de mauvaises surprises lors des contrôles antidopage. « Je me suis formé auprès de la docteure en pharmacie et aromathérapeute Françoise Couic-Marinier, avec qui j’ai élaboré des synergies pour les contractures, les tendinites, la concentration et la récupération des athlètes », retrace Jérôme Grest. La France est alors l’un des seuls pays à faire usage de l’aromathérapie aux J. O. « On était avant-gardistes, je devais rester discret pour ne pas être copié. Il ne faut pas oublier qu’aux J. O., on...
doit être les meilleurs ! »
L’olfactothérapie aussi
La pratique de l’aromathérapie étant peu courante, certains médecins du sport se montrent sceptiques, voire réfractaires à son utilisation. Mais une fois qu’ils ont eu sous les yeux les preuves scientifiques des vertus des huiles essentielles, « ils ont fini par me faire confiance », reconnaît le professionnel. Une trentaine de sportifs de haut niveau profitent alors des synergies aromatiques, avec des dosages personnalisés. « Ils obtenaient des effets rapides de décontraction, de rafraîchissement ou encore de réchauffement sur les zones douloureuses. Le massage de récupération à base d’HE d’eucalyptus citronné, d’ylang-ylang et de lentisque pistachier marchait tellement bien qu’on a même constaté chez certains athlètes une diminution de la consommation de médicaments anti-inflammatoires et antidouleur. » Expérimentée aussi, l’olfactothérapie permet aux sportifs de se placer dans une bulle de concentration, d’être moins sensibles aux stimulis extérieurs, de rester focus. Pour ce faire, une à deux gouttes d’HE de lavande décontractante, d’ylang-ylang ou d’eucalyptus citronné sont déposées sur leurs poignets ou sur le col de leur tenue.
Malgré ces bons résultats expérimentés pendant plusieurs années, les huiles essentielles ne semblent plus gagner de terrain dans le sport de haut niveau. « Jusqu’en 2016, on les a beaucoup utilisées, mais il y a des cycles, des effets de mode, et même si les kinés sur les J. O. 2024 ont toujours quelques flacons dans leurs valises, il n’y a pas assez de personnes formées, et très peu sont détenteurs d’un DU d’aromathérapie clinique, souligne le kinésithérapeute. Et maintenant, la mode est plutôt aux vêtements techniques, comme les bas de compression. »
Si, aujourd’hui, Jérôme Grest a choisi de s’éloigner du sport de haut niveau au profit d’une pratique en cabinet, il a conservé l’aromathérapie dans sa pratique. « Cela me permet d’être plus précis dans mes techniques, d’atteindre certaines zones du corps grâce au relâchement provoqué par les huiles essentielles. D’ailleurs j’ai souvent des kinés qui m’appellent pour obtenir des conseils ». Gageons aussi que les formations, désormais plus nombreuses, permettront de relancer l’intérêt pour cette spécialité.
Cinq huiles essentielles gagnantes
En collaboration avec Françoise Couic‑Marinier, Jérôme Grest élabore des synergies pour les athlètes de haut niveau. En voici cinq qu’il juge incontournables.
- L’eucalyptus citronné pour favoriser la récupération articulaire, et comme antidouleur en cas de tendinite ou de lésion articulaire.
- La marjolaine à coquille en baume respiratoire libère la sphère thoracique et aide à gérer le stress avant une épreuve.
- L’ylang-ylang en massage et à respirer entre deux épreuves, pour une récupération psychique et corporelle optimale.
- Le lentisque pistachier draine la circulation au niveau du bassin et favorise la récupération après une séance de musculation avec sensation de jambes lourdes.
- La gaulthérie couchée, en massage un jour avant et un jour après l’épreuve sportive, sauf en cas de lésion musculaire.