Dossier
Du bon usage des phytohormones (4/4)
Les hormones interviennent dans tous les métabolismes de notre corps, et le moindre déséquilibre entraîne des modifications qui peuvent devenir incommodantes. C’est le cas lorsque survient la ménopause. Et plus encore pour des maladies telles que le diabète ou l’hypothyroïdie. Or les plantes ont la capacité d’agir quand notre système hormonal se dérègle. Il convient toutefois d’utiliser ces possibilités à bon escient.
Synthèse hormonale : l'action indirecte des plantes
Certaines plantes agissent bien en amont de la production hormonale. Toutefois, comme elles contiennent des éléments indispensables à la synthèse hormonale, elles devront être maniées avec précaution. Le cas le plus parlant est celui du fucus vésiculeux, ou varech. Une carence sévère en iode amène un ralentissement de la fonction thyroïdienne (hypothyroïdie) et l’apparition d’un goitre. Or cette algue est très riche en iode (jusqu’à 600 μg par gramme). Logiquement, le fucus a donc été employé contre l’hypothyroïdie, jusqu’à ce qu’on observe parfois un effet inverse ! Et une aggravation des symptômes... En effet, l’excès d’iode (plus de 150 μg par jour) peut bloquer la thyroïde; ainsi, selon les préparations et la teneur initiale du fucus, l’effet est positif ou négatif.
Autre cas de figure, il existe dans certains végétaux des structures très proches des hormones humaines, mais leur forme est inactive. C’est le cas du yam (Dioscorea villosa), qui contient de la diosgénine, un principe actif très proche chimiquement de l’hormone sexuelle progestérone. Mais le corps...
est-il capable de métaboliser la diosgénine en progestérone active? Peut-être dans le foie, notre usine chimique naturelle? Aucune étude n’a pu le démontrer pour le moment. Il n’empêche que la plante est utilisée traditionnellement dans le soulagement des règles douloureuses et des troubles de la ménopause en Amérique du Sud, sans doute depuis les Mayas. Bon nombre de thérapeutes la conseillent sous forme de complément alimentaire proposant le totum de la plante. Les laboratoires pharmaceutiques en font une autre utilisation : ils se servent de la diosgénine pour produire des médicaments hormonaux. Il s’agit d’une hémisynthèse, à l’origine des pilules contraceptives... qui n’ont rien d’hormones naturelles.
La réglisse: des affinités avec le cortisol et l’aldostérone
La réglisse (Glycyrrhiza glabra) est une plante majeure de la pharmacopée. En Europe, elle est utilisée comme expectorant, antibactérien et cicatrisant de la muqueuse gastrique. Son principe actif majeur, la glycyrrhizine, possède aussi in vivo une activité anti-inflammatoire par un mécanisme original. Elle empêche la dégradation du cortisol (forme active) en cortisone (forme inactive). De fait, elle prolonge l’action des corticoïdes naturels contenus dans le sang et produits par les corticosurrénales. C’est sans doute là en partie l’explication de son effet tonique. Mais ce même principe actif peut se fixer sur les récepteurs à l’aldostérone, une autre hormone proche chimiquement du cortisol et provoquer rétention d’eau, baisse de la diurèse et, finalement, hypertension et troubles cardiaques. Le philosophe grec Théophraste la décrit d’ailleurs comme la racine qui permet d’éviter la soif, et les armées d’Alexandre s’en servaient lors de leurs déplacements.
Le tribule: plus d’hormone mâle ?
Le tribule (Tribulus terrestris), est considéré comme un stimulant de la production de testostérone. Les études récentes ont montré que lorsque les niveaux de testostérone sérique étaient inférieurs à la normale, la prise de tribule terrestre les ramenait à des taux physiologiques. En revanche, chez les sujets ayant des niveaux initiaux normaux, le traitement n’a provoqué aucun changement. Il a donc une action normalisatrice. Cette plante est employée aujourd’hui pour stimuler la libido et pour traiter les troubles de l’érection, chez l’homme d’âge mûr notamment. Sur cet aspect, la plante possède aussi une action tonique générale et relaxante des muscles lisse, ce qui facilite l’érection.