Dossier
Protège ton cœur (2/5)
Le cœur est le moteur de notre vie, et pas seulement d’un point de vue mécanique. Nous le réduisons trop souvent à sa fonction musculaire, alors qu’il irrigue de façon plus large tout notre organisme. Redécouvrons notre système cardio-vasculaire et faisons le point sur ce que l’on peut lui apporter pour le maintenir en forme.
Au rythme du cœur
Par bonheur, nous n’avons pas besoin de nous préoccuper de la cadence à laquelle doit battre notre cœur. C’est le système nerveux autonome qui fait ce travail pour nous. Quelques étages à monter sans ascenseur ? Notre cœur augmente le rythme pour nous éviter de nous asphyxier en chemin. L’effort à peine fini, la vague « excitatrice » se retire aussitôt et le calme revient. C’est ainsi que la pulsation cardiaque peut passer de 60 à 80 battements par minute au repos à plus de 180 pendant l’effort.
Parfois, la belle mécanique se dérègle : le « palpitant » s’emballe sans raison, connaît des « ratés » dans son cycle, donne même l’impression qu’il va s’arrêter net. Bien qu’inquiétants, ces symptômes d’arythmie ne préjugent pas toujours d’un problème plus sérieux, et il ne faut donc pas forcément s’en alarmer.
Méfiance quand même, car les affections coronariennes du myocarde ou des valvules ainsi que l’hypertension en produisent souvent. De même, des phénomènes prononcés d’emballement ou de ralentissement du rythme et de chute de la tension artérielle, éventuellement assortis de vertiges ou d’une fatigue persistante, doivent inciter à consulter.
Aubépine et agripaume, des plantes qui ont du cœur
Pour les désagréments modérés, la nature nous a gratifié de l’aubépine (Crataegus monogyna). Cette plante agit de façon multidimensionnelle sur le cœur, grâce notamment à ses généreuses propriétés cardiotoniques, vasodilatatrices, anti-hypertensives et anti-inflammatoires. Agissant au travers d’une multitude de composants, elle est réputée travailler lentement, en profondeur, pour des modifications durables.
Elle aide littéralement le cœur à se reconstruire, renversant même des situations de dégénérescence. L’aubépine se présente sous forme de tisane (lire ci-dessous), de teinture mère, de macérat de bourgeons, de gélule à base de feuilles et fleurs, de solution homéopathique et même de suspension intégrale de plante fraîche. Elle gagne à être utilisée sur plusieurs mois.
De son côté, l’agripaume (Leonurus cardiaca) cible plus particulièrement les troubles du rythme liés à des états d’anxiété (petites hyperventilations, extrasystoles passagères ou courts épisodes de tachycardie). Cette plante fait le lien entre cœur physique (palpitations) et cœur émotionnel (peurs) pour rassurer et ramener le calme. Elle reste à exclure en cas de grossesse ou de prise d’anticoagulants.
Il est toujours profitable de consolider une thérapie naturelle par la pratique régulière d’une activité physique adaptée, ingrédient indispensable à la santé cardio-vasculaire. Et toutes les études le montrent : même léger, l’exercice améliore rapidement la circulation sanguine, la capacité cardiaque et la régénérescence cellulaire. À partir d’un certain...
âge, un bilan médical avant de reprendre une activité sportive est toutefois conseillé.
Tisane d’aubépine
C’est à la fin du XIXe siècle que l’aubépine fut testée sur les cardiopathies et l’angine de poitrine. Les médecins s’inspirèrent de la tradition lorraine qui l’utilisait pour réduire les palpitations.*
À faire Infuser un quart d’heure 2,5 à 5 g de sommités fleuries dans 1/4 litre d’eau, et 1 à 3 g de baies dans un demi-litre d’eau. À boire en trois fois au cours de la journée.
À savoir L’aubépine a aussi des effets hypotenseur. Elle augmente le débit sanguin, la contraction du muscle cardiaque et les performances du cœur.
* D’après Du bon usage des plantes qui soignent, de Jacques Fleurentin, éd. Ouest France.
La force du cœur selon l’anthroposophie
La médecine anthroposophique, fondée par Rudolf Steiner au début du XXe siècle, considère l’humain d’un point de vue fonctionnel comme un assemblage de trois pôles qui s’interpénètrent :
- Le pôle neurosensoriel : cerveau et système nerveux, sièges de la pensée.
- Le pôle métabolique : membres, reproduction et métabolisme, sièges du mouvement et de la volonté.
- Le pôle rythmique : cœur et poumons, sièges du sentiment. Ce pôle englobe, met en relation et équilibre les deux autres, distribuant son énergie via le sang et gouvernant les autres fonctions biologiques.
La Société anthroposophique universelle du centre Goetheanum, en Suisse, fait référence à l’extrait de racine d’iris (Iris germanica) pour lutter contre les stases lymphatiques et décrasser les artères coronaires.
Des infusions stabilisantes
La mélisse
Melissa officinalis est indiquée lorsque l’anxiété génère des symptômes cardiaques comme des palpitations ou de l’hypertension, ainsi que des troubles digestifs. Elle calme les nerfs, modère le rythme et stimule la digestion. C’est aussi un puissant antioxydant.
À faire 3 g de feuilles sèches infusées dans un quart de litre d’eau. Bien couvrir pour éviter que les essences ne s’évaporent.
Les fleurs du genêt à balais
Cytisus scoparius a des effets stabilisateurs du rythme cardiaque, et ses rameaux ont des propriétés vasoconstrictrices très utiles sur les troubles veineux. Mais attentions aux surdosages qui peuvent entraîner des vomissements et accentuer les troubles du rythme…
À faire 2 g de fleurs séchées infusées dans une tasse d’eau chaude par jour, pas davantage.
Homéopathie : des fleurs pour les emballements du cœur
Si bilan et suivi cardio-vasculaire spécialisés sont irremplaçables, il existe toute une gamme de traitements homéopathiques, souvent à base de fleurs, qui aident à soulager certaines manifestations cardiologiques. En effet, bien des émotions peuvent choisir de s’exprimer par des anomalies du rythme cardiaque ; savoir les comprendre et les soulager permettra de les minorer et de mieux utiliser le traitement conventionnel.
Depuis toujours, les fleurs sont utilisées pour exprimer sentiments et émotions. Par conséquent, il n’est pas étonnant qu’elles constituent un remède de choix aux maux du cœur, pour peu que l’on écoute les mots qu’il murmure lorsqu’il souffre…
- L’aubépine, Crataegus monogyna, soulage les palpitations émotionnelles accompagnées d’un intense sentiment de fatigue qui surviennent après un chagrin très douloureux (« j’ai trop mal, mon cœur est usé »).
- La digitale, Digitalis, est réservée aux cœurs se déréglant dans des situations plus heureuses, excitantes, gâchant ces moments heureux (« le plaisir m’est interdit »).
- Le muguet, Convallaria majalis, soulage les jeunes cœurs fatigués, irréguliers, essoufflés d’avoir peut-être trop fumé et dépassé leurs limites (« mon cœur se lasse de trop d’excitation »).
- Le laurier cerise, Prunus laurocerasus, est lui aussi destiné à un cœur fatigué, qui ralentit et se détraque car la personne s’est jetée à cœur perdu dans son travail, comme pour donner du sens à son existence (« je ne vaux rien si je ne peux plus travailler »).
- La corbeille d’argent, Iberis amara, s’utilise lorsqu’une anxiété incontrôlable emballe le cœur d’un tremblement dépassant même les limites de la poitrine (« comme un oiseau affolé, mon cœur bat et frémit dans tout mon corps »).
- La lycope de virginie, Lycopus virginica, viendra soutenir un traitement d’hyperthyroïdie en minorant les palpitations nerveuses, oppressantes, des personnes surchargeant leur quotidien d’une quantité excessive de tâches (« ne me lâche pas, mon cœur, il y a encore tant à faire »).