Croissance sans conscience
Un arbre tombé en travers de la rivière en a interrompu le flux habituel. Dans les eaux piégées, quasi stagnantes, sont venus s’accumuler toutes sortes de débris abandonnés par des promeneurs inconséquents. Puis des lentilles vertes se sont emparé des lieux. Elles filtrent l’eau, absorbent les éléments organiques qui s’y accumulent, croissent…
Remède naturel aux polypes nasux
Elles croissent, croissent, ne s’arrêtent plus de croître. Elles ignorent tout signal leur indiquant que la surface libre est couverte, seul un mouvement du liquide les stopperait. Elles croissent, car elles ne savent rien faire d’autre, prolifération monstrueuse, étouffante, stupide. Après avoir purifié l’eau opportunément, elles commencent à priver de lumière les autres espèces présentes et à accaparer tous les nutriments.
L’usage homéopathique de la lentille d’eau, Lemna minor, rend bien compte de cette croissance sans conscience. Polypes nasaux et tumeurs bénignes de toutes sortes ont pu être freinés par son usage en dilutions homéopathiques. Les cornets nasaux, qui sont la zone d’élection de l’action thérapeutique de ce médicament, sont des organes essentiels pour le réchauffement et l’humidification de l’air inspiré. Hypertrophiés, ils étouffent la respiration ; mais si on les retire, le nez devient un corridor sans porte, ouvert à tous les vents. De même pour les lentilles d’eau : dans des proportions adaptées et pourvu que leur prolifération soit contenue, ce sont des éléments indispensables au filtrage des plans d’eaux.
Quand la croissance a perdu son sens, sa raison d’être, pour se transformer en fuite en avant sans réflexion, elle devient mortifère au lieu d’être utile.
L’obstacle a été retiré, la rivière a repris son cours naturel et les lentilles se sont dispersées, laissant la surface de l’eau s’oxygéner librement à nouveau. Dégager un tronc d’arbre a demandé quelques moyens, mais lever d’autres obstacles dans notre environnement et notre mode de vie sera forcément plus compliqué, plus coûteux, et devra vaincre plus de résistances.
Cependant, avons-nous le choix face à une croissance monstrueuse qui s’auto-entretient et nous étouffe ?