Bio et écolo : c'est possible !
Alors que nous sommes confrontés à tant de défis, auxquels il nous est bien difficile de faire face, voilà qu’une nouvelle qui nous donne à espérer. En effet, le dernier bulletin de santé de l’agriculture biologique est bon. Le cap des 2 millions d’hectares cultivés en bio a été franchi, ce qui représente 7,5 % de la surface agricole utile pour l’hexagone, et jusqu’à 26 % en région Paca.
Une véritable prise de conscience écologique
Cette année bat d’autres records : jamais autant d’agriculteurs (6 200) n’avaient décidé de jeter aux orties les produits phytosanitaires chimiques. Désormais 9,5 % d’entre eux travaillent en bio ; de plus, les grandes cultures, céréales et oléoprotéagineux – les plus hostiles à ce changement – rejoignent le mouvement avec un bond de 31 % des surfaces. Et d’autres chiffres montrent le travail accompli : 12 % des vignobles sont bio et jusqu’à 40 % pour les cultures de légumes secs… Que ce soit en amont et en aval toute une dynamique est en train de se déployer, du fabricant de biostimulants à de nouveaux moulins pour les blés bio en passant par les transformateurs et distributeurs pour rendre accessibles ces produits.
Il est particulièrement étonnant, et à saluer, que pour prendre ce virage les agriculteurs n’ont pas reçu de grosses aides financières. Ils seraient pourtant en droit d’en attendre. Que représente un peu plus d’un milliard comparé à tous les bénéfices qui découlent de cette orientation (amélioration de problèmes de santé publique, aliments nutritionnellement plus riches, sols restaurés, etc.). C’est peu pour s’occuper de la terre alors que l’on parvient à trouver des sommes astronomiques pour la conquête de l’espace !
Mais un label qui ne suit pas vraiment
Pour autant, aussi importante que soit cette avancée du bio, nous devons continuer de nous interroger. En effet, est-on sûr que le fameux label, désormais européen, réponde complètement aux évolutions que nous souhaitons pour notre société ? Pas vraiment. En effet, pour avoir du concombre bio toute l’année, on ne se soucie pas de l’assèchement des nappes phréatiques d’Andalousie. Le projet autorisant les maraîchers bio à produire des tomates sous serres chauffées soulève les mêmes contradictions et fait d’ailleurs l’objet d’une pétition*.
De fait, le label bio ne donne pas la priorité au local, ni à des produits de saison. Sans parler du bilan carbone élevé quand des légumes font des centaines ou des milliers de kilomètres avec l’impact sur la qualité même des produits. « Une salade perd la moitié de ses nutriments 24 heures après la cueillette », rappelait la présidente de l’association Nature et progrès. Doit-on aussi se satisfaire de l’empaquetage plastique des fruits et légumes bio vendus en grandes surfaces ? Ou de certaines conditions de production avec le recours à une main-d’œuvre « importée » ?
Pourvu que ce soit bio, a-t-on tendance à se dire en tant que consommateur ! Mais ce n’est pas suffisant… Alors que la bascule semble s’accélérer dans le milieu agricole, le moment est venu d’élever ou de différencier ses standards et de lui donner les moyens d’y parvenir. Certains d’entre vous trouveront peut-être que ce niveau d’exigence n’est pas réaliste. C’est pourtant ce qui peut permettre de faire sens. Comme le disait La Bruyère, les miracles ne naissent-ils pas des difficultés ?