Un débat mis sous cloche
Une conférence de presse quasi secrète au fond d’une cour… Nous attendent des médecins en blouse blanche, généralistes et spécialistes, réunis pour lancer l’appel du 9 janvier 2021 comme s’ils étaient tenus à la clandestinité. Depuis que le Covid-19 a commencé à se répandre, nous sommes amenés à vivre des situations inédites. En ce jour, l’objectif de plusieurs collectifs de médecins* est d’annoncer la création d’un conseil scientifique indépendant et d’exprimer leurs désaccords dans la gestion de la crise sanitaire avec deux idées force : d’une part, le fait que le gouvernement impose une médecine étatique qui fait l’impasse sur le stade précoce de la maladie. Pourtant, « nous nous appuyons sur de nombreuses données scientifiques publiées au niveau international », a souligné la gynécologue et endocrinologue Violaine Guérin. D’autre part, le fait que les médecins traitants, n’ont plus la liberté de prescrire et de prendre en charge les malades. « Or il est important que la population n’attende pas le vaccin qui arrive petit à petit pour faire de la prévention », a précisé le médecin généraliste, éric Menat.
On a pu croire un temps que la gestion de cette crise sanitaire exceptionnelle se traduirait par une plus grande ouverture des instances de santé publique. Mais force est de constater qu’un an après, c’est plutôt le contraire qui se passe. Et que c’est même une pensée médicale unique qui s’emploie à verrouiller tout le débat concernant la stratégie thérapeutique autour du Covid-19.
C’est le conseil national de l’Ordre qui multiplie les plaintes contre des médecins, dont les célèbres professeurs Raoult et Perronne. C’est, fin décembre, un décret modifiant les règles de communication professionnelle des médecins, leur demandant « de ne faire état que de données confirmées » ou scientifiquement étayées ». C’est l’Anses mettant en garde le public sur les huiles essentielles de Melaleuca. Une alerte exagérée sur les risques de ces antivirales citées par rapport au Sars-Cov-2 au prétexte que des consommateurs « les détournaient de leur usage pour en faire des traitements d’appoint en vue de soigner certaines infections ». De quoi discréditer le rôle des huiles essentielles. Or, ce n’est pas le moment de se priver de leurs propriétés qui ont fait l’objet de travaux scientifiques récurrents.
Reste que, sur la place publique, les aromathérapeutes choisissent de se taire et ont retiré de leurs sites les conseils préventifs qu’ils avaient partagés au début de l’épidémie.
Ainsi, tout pousse à une grande rigidité des protocoles médicaux et à une analyse clivante de la situation. Exprimer des opinions divergentes pose problème. Pourtant, au-delà de savoir si les solutions thérapeutiques envisagées sont valables, il est clair que la société a besoin de ce débat. Car le savoir scientifique et médical est autant affaire d’éléments de preuves (en l’occurrence, les études) que de confiance. Il faut laisser celle-ci se déployer, malgré les incertitudes. Certes, cet espace n’est pas facile à définir, mais il est précieux, car nécessaire à la prise de décisions. Et à la construction d’une société saine et sereine.
* Laissons-les prescrire, ReInfoCovid, Aimsib…