Loin des sentiers battus
Pendant toute cette période passée entre couvre-feu, confinement, travail chez soi et dans la privation d’activités de toutes sortes, nous avons singulièrement manqué d’ouverture sur l’extérieur. C’est pourquoi, pour cet été, j’ai envie de vous inviter à dégager votre horizon et à marcher hors des sentiers battus ; bref à aller rechercher sans forcément que ce soit loin de chez vous, de nouvelles sentes ; quand on y prête attention, il y a encore dans les bois ou dans les campagnes peu cultivées, bon nombre de ces voies étroites sans balisage mais que des passages réguliers ont préservé. Si vous vous sentez en bonne forme physique, osez emprunter des passages plus scabreux, remonter le cours d’une rivière en prenant garde à ne pas glisser sur les cailloux humides ; soyez aussi prudents sur des terrains en pente recouverts d’une herbe déjà jaunie et offrant peu d’adhérence ! Pourquoi ne pas aussi s’aventurer dans une forêt dont vous ne connaissez que quelques allées ? Si vous n’avez pas l’expérience de vous repérer grâce au soleil, vous pourrez a minima, sans trop vous éloigner du chemin bien damé, apprécier de fouler un sol confortable de feuilles et de mousses…
Prenez aussi simplement le temps de vous arrêter dans un endroit dégagé, là où votre œil pourra regarder au loin, sans être heurté par des barbelés ou par un pylône, et admirer ce vaste espace, où les éléments du paysage se détachent du ciel ! Marcher hors des sentiers battus, c’est humer un vrai parfum de liberté dont nous avons été trop privés. Et le sentir à l’air libre si j’ose dire correspond à un vrai besoin. Soyez convaincus que c’est possible, (à moins que vous ayez choisi le cœur d’un parc national où il faut rester sur les sentiers balisés) et que cela vous fera du bien.
Crapahuter en dehors des sentiers familiers, c’est aussi se réserver des surprises… comme celle d’aller à pied jusqu’à la ferme d’un artisan herboriste. L’esprit disponible se fait plus affûté pour sentir sa place dans ce milieu naturel, mais aussi plus critique. Après avoir coupé à travers la forêt, vous déboucherez peut-être sur les traces d’un engin forestier dont les roues ont défoncé et élargi le chemin d’origine. Certes il fallait emporter les hêtres abattus, mais pourquoi une coupe rase ? La pratique n’est-elle pas censée avoir disparu ? Peut-être qu’en vous promenant du côté d’Erquy (Côte d’Armor) ou aux environs de la montagne Sainte-Victoire (Bouches-du-Rhône), vous vous interrogerez sur l’installation de plusieurs dizaines d’éoliennes ?
Ainsi grâce à l’éveil de ces promenades hors des sentiers battus, c’est tout un état d’esprit que nous cultivons. Nous prenons pleinement conscience de notre besoin de nature et des efforts que nous sommes prêts à fournir pour elle. Car les chemins que nous sommes libres de parcourir, mènent à une responsabilité joyeuse.