La citronnelle ou l'audace de vivre !
Artemisia abrotanum, ou Aurone, est appelée communément citronnelle, à cause de l’odeur légèrement citronnée de son feuillage léger, qui aromatise salades et gâteaux, quand elle n’est pas utilisée pour faire fuir les moustiques.
Cette armoise citronnelle, originaire du bassin méditerranéen, est cultivée dans nos régions depuis le Moyen Âge, pour ses vertus défatigantes – en particulier après des épisodes infectieux sévères – et pour ses propriétés vermifuges en infusions.
Ces usages traditionnels se retrouvent dans les indications de ce remède en homéopathie. Les homéopathes savent que Abrotanum soigne les épuisés après un épisode viral sévère, les personnes amaigries, en particulier des jambes, même quand elles ont recouvré un bon appétit, voire un très bon appétit. De la même façon qu’un ver solitaire aiguise l’appétit en faisant maigrir son hôte, les situations soignées par Abrotanum reproduisent ce manque d’assimilation de la nourriture dans un contexte d’épuisement.
À cela s’ajoutent des troubles, notamment de la peau, centrés sur le nombril : nostalgie de la période bénie où l’alimentation coulait à flots abondants et maternels, dans une douce quiétude prénatale ?
La naissance est un arrachement, douloureux, peut-être un des plus douloureux de toute la vie, même s’il sombre dans l’oubli de la petite enfance. Mais c’est le prix à payer pour vivre ! Pour se lancer autonome vers la belle aventure de la vie !
Il faut faire preuve d’optimisme, d’une réelle confiance, voire d’un certain aveuglement pour quitter la douce chaleur sécurisante du nid maternel, pour rencontrer son père, d’abord, puis tous les autres. Pour déplier ses alvéoles pulmonaires, habituer son estomac aux nourritures variées, se préparer aux morsures du froid et aux brûlures du soleil, accepter les séparations pour la joie des retrouvailles, affronter l’âpreté de la vie, en même temps que sa richesse.
Les « geeks » biberonnés à Internet, amaigris à force de s’alimenter peu ou mal, privés d’interactions réelles, mais aussi tous ceux que la pandémie a cloîtrés dans leurs maisons, et qui y trouvent un certain plaisir passif et sécurisant, Abrotanum leur dit d’oser, d’oser prendre le risque de vivre, d’oser prendre le risque de l’autre, des autres.
La piquante saveur citronnée de cette armoise pourra aider ceux que les viroses actuelles ont laissés exsangues, pour les guider vers la vie retrouvée, dans toute la richesse des échanges et de l’assimilation de ce qui nous est étranger mais qui nous nourrit.