Rencontrer la nature... et soi-même
Retrouver la connexion telle que la vivent naturellement de nombreux peuples racines est un long chemin en nous. La nature ayant horreur du vide, et ce besoin se faisant de plus en plus pressant, des outils et propositions de plus en plus nombreux apparaissent pour le baliser, ici, chez nous. Certaines peuvent être un peu plus exigeantes que d’autres, mais beaucoup sont accessibles à tous.
En revanche, elles supposent d’accepter l’idée que la reconnexion, c’est d’abord un travail sur soi. Le processus qu’elles accompagnent est celui de la rencontre avec soi-même. Parce que la connexion, avant tout, se manifeste d’abord en nous. Souvent même, nous l’avons déjà vécue mais, puisqu’elle n’est pas accompagnée dans nos sociétés, nous n’y avons pas toujours prêté attention. Nous ne l’avons pas valorisée.
[…] Attachée à cette terre sauvage de mon enfance, où je retournais les week-ends vider le trop-plein de la vie parisienne agitée où la « nécessité » du travail m’avait appelée, j’allais souvent m’asseoir, seule, au bord d’un étang. Ce jour-là, j’allais y déposer l’angoisse qui sourdait dans mon ventre de devoir choisir une voie et m’intégrer au monde des « adultes ». La surface des eaux lisses reflétait le ciel ou quelques nuages blancs se baignaient dans le bleu pur. […] Et là je connus la paix… la paix profonde de l’âme, qui sait que tout est là, et qu’il lui suffit d’être.[…]
Si j’étais née dans un peuple racine, sans doute un ancien, une aînée, aurait su donner du sens à cette expérience intérieure, comme à de nombreuses autres que j’ai pu vivre en nature. Il ou elle m’aurait accompagnée pour en saisir plus tôt la portée. Mais cette sagesse n’est pas valorisée par ma culture. Nos aînés n’ont pas été encouragés à l’apprendre, et encore moins à la transmettre. Quelques épreuves, quelques apprentissages passèrent encore pour que je comprenne que cette profondeur était en réalité au cœur de moi-même, comme elle est en nous tous, comme une source intérieure à laquelle on peut se désaltérer. Et que cet étang m’en avait montré le chemin…
Depuis, j’ai pu mesurer, en vivant des expériences similaires, que c’est tout cela, la connexion : se relier au mystère du vivant, et se souvenir qu’il est là, tapi dans notre mémoire, où résonne l’écho d’un savoir ancestral sous forme de symboles, et aussi au-dehors, où il se reflète à chaque instant. En étant à l’écoute de cette alchimie subtile entre l’intériorité et le monde, on apprend peu à peu à capter quelques mots. Il s’agit tout simplement, mais en s’accordant tout le temps nécessaire, le temps d’une vie peut-être, à travers l’expérience, de réapprendre à écouter, et même à parler son langage, pour se réaccorder…
Depuis nos modes de vie contemporains, la connexion peut nous sembler lointaine, voire inaccessible. Peut-être en réalité est-ce sa simplicité qui en éloigne nos intellects trop critiques ou trop orientés vers une vision utilitariste du monde, ou trop exigeants avec nous-mêmes. On imagine que cela n’est pas « sérieux », que cela ne sert à rien, ou bien que c’est réservé à quelques spécialistes. Pourtant nous avons tous à gagner à aller chercher au cœur de la nature ce qu’elle nous apprend de nous-même.
Texte extrait du livre 101 façons de se reconnecter à la nature de Frederika Van Ingen.
Èd. Les Arènes, 297 p., 23,90e
L’homme a besoin de contact avec la nature…Malheureusement ce lien est bien souvent rompu. Forte de sa connaissance des peuples premiers, les Lakota, les Kogis, les Maasaï, Frederika Van Ingen, en explore les composantes et nous propose toutes sortes de pratiques guidées afin que chacun retrouve le chemin de la nature.