Après le désert
Dans de nombreuses régions françaises, obtenir un rendez-vous chez le médecin relève du parcours du combattant. Les déserts médicaux concernent tout type de territoire, et le problème ne se limite plus aux spécialistes, mais concerne les généralistes. Ainsi, dans un département comme le Loiret, 24 % des habitants n’ont pas de médecin traitant. Un autre chiffre m’a frappée : un médecin généraliste de la Creuse témoigne devoir suivre quelque 1 200 patients.
Or la pénurie de médecins est depuis longtemps une réalité pour les patients qui souhaitent se faire soigner par un phytothérapeute : la spécialité n’existe pas au sein des études de médecine. Faute de praticiens en nombre suffisant, les patients se sont tournés vers l’automédication par les plantes. Nombre d’entre vous ont ainsi développé leur culture médicale et s’informent pour leur traitement. Et puis, vous avez appris à vous connaître, et pris conscience que la prévention est fondamentale, qu’il vaut mieux se soigner quand on est en bonne santé ! Évidemment, cette démarche n’exclut pas la consultation d’un spécialiste quand le besoin s’en fait sentir.
Il faut dire qu’en parallèle, des médecins, pharmaciens, militants de la cause de la médecine végétale continuent d’œuvrer pour que celle-ci accède, via des innovations, au statut de soin validé. Ces évolutions ont facilité l’automédication, qui demande toutefois d’être vigilant, comme nous l’évoquons dans cet article sur les interactions entre plantes et médicaments.
Le « positionnement » que s’est construit la médecine par les plantes a toutefois un coût : les compléments alimentaires ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale et les consultations chez un phytothérapeute pas toujours conventionnées. Mais au final, on peut constater que la marginalisation n’a pas été fatale à la phytothérapie. Elle constitue même, dans le paysage médical français, un espace de liberté.
Or c’est tout le contraire qui anime les plans politiques visant à faciliter l’accès aux soins pour tous. Derrière la volonté affichée de garantir la présence médicale sur le territoire, se dessine une médecine gérée par l’État. Lutter contre les déserts médicaux devrait au contraire nous fournir l’occasion de garantir la liberté de choix, afin que chacun puisse bénéficier du type de soin souhaité… La médecine par les plantes pourrait tout à fait y trouver sa place.