Avec un grand H
Cette année encore, les écoles formant à l’herboristerie affichent complet. Ce succès reflète l’engouement pour un savoir qui met en lien la connaissance des plantes, de leur milieu et de leurs bienfaits. Il illustre un attrait renouvelé pour le végétal.
Comme vous le lirez dans l’article que nous consacrons au sujet, ce programme ambitieux de formation attire des personnalités d’âges différents, de profils divers mais tous extrêmement motivés. Il en faut, de la motivation, pour s’orienter dans une filière qui, même si elle fait écho à une tendance lourde en faveur du naturel, n’est pas soutenue par les pouvoirs publics. Un flou plutôt inconfortable. Ces formations ne sont pas reconnues et s’y inscrire ne donne pas droit à un financement du CPF (compte personnel de formation).
Dans le milieu de la santé, la majorité des décisionnaires soutiennent uniquement le monde pharmaceutique. Ainsi, quand la certification pour une formation de « conseiller-ère en herboristerie » est refusée, celle pour assurer « l’accueil et le conseil en santé naturelle en pharmacie » est validée. Pourtant, le métier de pharmacien d’officine fait de moins en moins rêver. Pour la rentrée 2023, quelque 471 places dans les universités françaises n’ont pas été pourvues. Les jeunes générations ne s’imaginent plus exercer un métier happé par des intérêts commerciaux au détriment du conseil santé. Ils préfèrent s’orienter vers des activités porteuses de sens par rapport aux enjeux actuels. Bien que s’inscrivant dans un contexte compliqué, l’herboristerie répond justement à ces aspirations.
De plus, le temps passant, alors que tout est fait pour le marginaliser, le métier n’a fait que se démultiplier pour s’ancrer dans une réalité plurielle. L’herboristerie de ce début de XXIe siècle a donné naissance à différentes professions : aux côtés des herboristes de comptoir, on trouve des paysans-herboristes (eux aussi attendent une reconnaissance de leur formation), des praticiens qui accompagnent des personnes grâce aux plantes, des cueilleurs-herboristes… Fort de toutes ces facettes, le secteur exerce une grande attractivité. Toutefois, un tel succès implique un risque : que s’émousse ce qui fait sa force, à savoir son authenticité et ses convictions. Or ce n’est qu’en continuant à creuser son propre sillon, avec ténacité, rigueur, éthique et enthousiasme que l’herboristerie, avec un grand H, pourra continuer à se montrer plus vivante que jamais !