Le thuya, arbre de vie
© © Tomislav Zivkovic
Thuya occidentalis, aussi appelé cèdre blanc, n'est pas vraiment un cèdre mais une forme de Cupressus, originaire d'Amérique du Nord où il était considéré comme un arbre sacré par les autochtones. Taillé en cube et en haies serrées dans nos jardins clos, il perd de sa grandeur et de sa majesté, car lorsqu'il pousse librement et isolé, ce thuya du Canada peut atteindre une vingtaine de mètres de hauteur et arborer une jolie silhouette, élancée et fuselée.
À côté de son utilisation en écran végétal, il possède des propriétés médicinales qui lui valurent d'atteindre notre continent : il aurait permis, grâce à ses infusions, de prévenir le scorbut des marins de Jacques Cartier fort de sa haute teneur en vitamine C. Mêlée au kéfir ou au kombucha, cette tisane leur confère un puissant parfum boisé. Mais son huile essentielle ne doit pas être ingérée !
Ce sont surtout les homéopathes qui font du thuya l'usage le plus répandu et le plus affiné. Les patients experts en homéopathie connaissent ses vertus sur des affections de peau comme les verrues ou les mycoses récidivantes, et il est souvent conseillé pour contrebalancer les effets perturbants des abus de médications ou des injections de vaccins répétées.
Plus intéressant est l'usage que l'on peut en faire en traitement de fond. Car les homéopathes, forts d'un nombre important de cas cliniques guéris et de leurs réflexions basées sur l'observation de l'arbre et de son usage, ont pu déterminer toute une thématique « thuya ». En effet, si au lieu de s'arrêter à l'aspect extérieur impeccable des haies de thuyas taillées au cordeau, on écarte les rameaux verdoyants en surface, on aperçoit une intrication désordonnée de branchages en partie brunis ou desséchés. Non seulement la haie a pour finalité de camoufler l'intimité de son propriétaire, mais elle a aussi celle de masquer sa propre faiblesse, sa propre fragilité et son désordre intérieur. En accédant à la demande qui lui est faite de préserver un ordre apparent sans aspérités, sans rébellion, sans indiscrétion, ce cèdre blanc renonce à sa grandeur et en paie le prix de son harmonie interne.
Les patients que le thuya aidera, de la même façon, ne se rebellent pas, se conforment à ce que l'on attend d'eux afin de ne pas troubler les apparences, les convenances, quitte à sacrifier pour cela leur propre ordonnancement secret et renoncer à leur bel épanouissement sauvage. Ils absorbent sans se plaindre les injonctions comme les injections et recouvrent les dommages que cela peut leur causer d'une carapace extérieure lisse et convenue. Ils gardent pour eux le secret de leurs pulsions, vécues souvent comme des turpitudes honteuses qui écornent leur propre image d'eux-mêmes.
Si l'on pouvait percevoir les cris des végétaux martyrisés, peut-être verrait-on plus de jardins ébouriffés et de potagers en permaculture, foutraques mais féconds, sains en dedans et en dehors, à l'abri des brutalités chimiques qu'infligent les pesticides et autres agents de l'agriculture intensive. Et de la même façon, on pourrait laisser « pousser » nos enfants sans les contraindre dans des camisoles chimiques ou mentales qui les restreignent et les brident.
Et redonner à l'arbre de vie sa belle allure naturelle…