Boswellia Sacra, maître Yoda végétal
Le besoin de spiritualité, d’échapper au matérialisme ambiant, quand il n’a pas le support de la religion, prend volontiers celui de la recherche de mieux-être. La méditation, par exemple, est devenue une nouvelle méthode thérapeutique qui prouve son efficacité dans le traitement des états de stress, voire de dépression.
Il s’agit de repositionner l’humain et son corps ressenti au centre du vécu, de le détacher des contingences, de l’ancrer dans le présent, bien- heureuse parenthèse qui efface un instant la course en avant quotidienne, nos frustrations de nantis, notre inaptitude à vivre l’instant. En fait, plus que cela, cette « technique spirituelle » permet à l’individu de s’échapper de ses limites corporelles et de ressentir le continuum entre lui et l’environnement au sens large. De nombreux sages, dans différentes religions ou philosophies, ont déjà expérimenté cet état de dilatation de soi, de dissolution de son esprit dans un tout cosmique. Il est même des scientifiques férus d’images qui ont su l’objectiver en mesurant les ondes cérébrales émises par ces méditants assidus.
Or il existe une plante qui a de tout temps accompagné ces démarches : l’encens. Compagnon de route des religions et spiritualités sur tous les continents, cette gomme extraite de l’écorce d’un arbuste, le Boswellia sacra, a connu dès l’Antiquité une diffusion internationale depuis son Yémen natal. L’encens était d’ailleurs l’un des présents d’un roi mage à Jésus naissant. Avant le pétrole, il a fait la richesse et la réputation d’un coin perdu et desséché de notre globe, corne de l’Afrique et pointe de la péninsule arabique, là où, de nos jours encore, émergent les convulsions de l’Histoire qui ensanglantent la planète.
L’usage médicinal de l’encens, particulièrement par les homéopathes, rend bien compte de ce rapport de l’humain avec ses limites individuelles. On l’a décrit comme un remède à l’autisme, cette pathologie où l’être enfermé dans la prison de ses frontières corporelles ne trouve plus l’accès à autrui. À l’inverse, le remède Olibanum sacrum (nom choisi pour désigner la gomme du Boswellia sacra) rend aussi de grands services à des personnes qui ne savent plus se différencier de leur prochain, qui souffrent des émotions trop vives ou trop douloureuses de l’autre vécu comme un prolongement de soi, à l’instar de certains enfants envahis par les émotions d’adulte du parent tant aimé qu’ils ne savent pas gérer avec leur psyché enfantine.
Malheureusement, ce sont ces mêmes enfants que l’on surmédicalise avec des toxiques mal maîtrisés, au point d’induire chez certains un autisme réactionnel, conséquence directe d’un environnement pathogène. N’est-ce pas rassurant de savoir que la nature a déjà mis à notre disposition une résine, celle des ermites et des sages, pour aider ces victimes du manque de sagesse actuelle?
Olibanum sacrum véhicule une antique expérience philosophique portée par un arbuste de la corne de l’Afrique, sorte de « maître Yoda » végétal : que sa force (et la sagesse) soit avec nous!