Le nouvel horizon des micro-forêts
C’est la dernière tendance en matière de verdissement urbain… À Toulouse, Paris, Lyon et ailleurs, des projets de micro-forêts fleurissent. Ce concept est né au Japon dans les années 1970. Convaincu de l’apport positif des environnements forestiers pour l’homme – c’est aussi dans ce pays que les bienfaits des bains de forêt ont été dévoilés –, et préoccupé par la bétonisation des espaces urbains, le phytosociologue Akira Miyawaki conçoit la micro-forêt : une méthode de plantation d’essences ligneuses sur de petites surfaces, avec une densité élevée et une grande diversité d’espèces. L’objectif ? Favoriser la croissance accélérée des végétaux et créer des écosystèmes plus riches.
À Paris, quelque 500 arbres ont ainsi remplacé le cœur minéral de la place de Catalogne. Un aménagement similaire est en cours devant l’Hôtel de ville. Outre des espèces indigènes d’Île-de-France, comme le chêne ou le charme, la capitale a opté pour des arbres réputés résistants à la chaleur tels le micocoulier de Julian ou le févier d’Amérique. La micro-forêt apparaît ainsi comme la solution idéale pour rendre la ville plus verte, en offrant de précieux services écosystémiques.
Mais ne risquons-nous pas de nourrir trop d’illusions quant aux micro-forêts, qui au passage ont été vidées de leur dimension citoyenne et participative ? En effet, on ne sait pas grand-chose de l’évolution de ce type de couvert forestier. Les arbres, plantés à raison de trois jeunes plants par mètre carré – et pas toujours en pleine terre – ne pourront pas tous survivre. De plus, leur adaptation à l’environnement urbain, qui favorise les températures élevées et les corridors venteux, reste incertaine. Quant à l’impact climatique supposé, on annonce une baisse de 4 degrés lors des canicules grâce à ces îlots de fraîcheur, mais les données manquent pour étayer une telle promesse. Enfin, il convient de relativiser l’ampleur des projets. À Paris, ces micro-forêts ne devraient représenter que 0,04 % de surfaces plantées supplémentaires. Moins impressionnant que les milliers d’arbres et de mètres carrés mis en avant…
L’idée, aussi séduisante soit-elle, ne doit pas masquer la complexité de la végétalisation des zones urbaines. Il faut mettre en place des moyens pour définir des critères clairs et suivre ces opérations de verdissement afin de s’assurer qu’au-delà des symboles écologiques et des campagnes de communication, elles font vraiment évoluer nos villes vers un futur durable, plus vert et plus sain.