Pour un futur équitable
En ce mois de mai, animations et autres conférences cherchent à populariser le commerce équitable à l’occasion de la quinzaine qui le célèbre, du 14 au 29 mai. Si chacun a une petite idée de ce qu’est ce type de commerce, moins de personnes savent que cette démarche héritée du temps des utopistes du 19e siècle place le respect de l’environnement au cœur de ses principes.
C’est pour préserver la biodiversité en repensant le commerce que cette pratique remet régulièrement en cause les échanges mondiaux de produits cultivés de façon intensive, tels que le café (deuxième produit le plus échangé dans le monde), la banane, le thé et même le coton, et encourage des productions variées comme les baies de goji, la maca, le quinoa ou le boulghour.
Il y a en effet urgence à repenser notre production agricole : 150 espèces animales et végétales disparaissent chaque jour... À 80 %, l’homme en est responsable par ses cultures de plantes alimentaires, mais aussi médicinales. En luttant contre les pesticides, mais aussi contre les OGM, les petits producteurs engagés dans des démarches équitables multiples – que ce soit en agroécologie ou en permaculture – permettent de sauvegarder des plantes autrefois menacées, tout en préservant la dignité humaine et en rétablissant une justice dans les échanges. Souvent réunis en communautés, ils savent comment faire perdurer des traditions millénaires intiment liées à l’usage de plantes, que ce soit pour l’alimentation, la santé, voire la spiritualité. Le partage de ce savoir-faire permet de freiner l’exode rural et de fixer des populations sur des zones menacées de déforestation ou d’exploitation minière, tout en atténuant la pression sur les ressources découlant des effets de mode. La communauté indienne d’Amazonie Satéré Mawé, épaulée par l’entreprise sociale Guayapi, en est un bon exemple.
D’ailleurs, le commerce équitable ne profite pas seulement aux populations locales par le « juste » prix qui leur est versé quand elles vendent à l’exportation. De plus en plus, comme on le voit avec le moringa, la spiruline ou l’artémisia, « sa richesse » provient aussi du fait qu’il valorise les ressources et la biodiversité locales pour un usage local. Avec un peu plus de 380 000 plantes recensées, il y a fort à parier que le commerce équitable des plantes a de l’avenir. Je suis même convaincu que ce mode de développement va aussi trouver des possibilités de développement sous nos latitudes et ne plus être cantonné aux échanges Nord-Sud. D’abord, parce que l’exploitation et l’oppression ne sont pas des modes tenables à long terme. Ensuite, parce que les plantes sont partout, y compris en Europe. La problématique semble d’ailleurs avoir touché nos élus qui ont récemment légiféré pour redéfinir le commerce équitable dans une logique propre à nos territoires.
Nous aurions donc tout intérêt à nous réintéresser aux plantes de nos grands-mères, pour appliquer chez nous de nouvelles formes de production apportant avec elles des réponses à la crise sanitaire qui nous touche et à l’épuisement du modèle agricole intensif. Nous pourrions ainsi renouer avec une part importante de notre culture, avec un patrimoine commun qui nous constitue en tant qu’Humanité et Être vivant.