Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

Dr Jean Valnet, l'infatigable docteur nature

Dr Jean Valnet, l'infatigable docteur nature
Dr Jean Valnet, l'infatigable docteur nature

C'est d'abord sur le terrain militaire, confronté à des pénuries de médicaments et d'antibiotiques, que le docteur Jean Valnet emploie les plantes et les huiles essentielles. Devenu médecin dans le civil, il va continuer à faire œuvre de précurseur en promouvant une approche holistique et naturelle de la santé.

Jean Valnet, né en 1920, est originaire d'un petit village franc-comtois. Son père est officier militaire, sa mère, institutrice. Les plantes ? La maison en embaume : senteurs de lavande l'été – pour chasser les insectes –, d'eucalyptus l'hiver – pour laisser les germes sur le seuil… C'est de sa grand-mère maternelle, sage-femme et herboriste, qu'il dit tenir sa vocation de médecin, née dès l'âge de 9 ans : « J'entendais le récit [des « tournées »] qu'elle faisait à ma mère, (…), parlant d'herbes, d'essences, de cataplasmes, de tisanes, clés de ces guérisons qu'elle référencera dans des carnets », cite Hugues-Antoine Renoul dans sa thèse de pharmacie consacrée au Dr Valnet. Son éducation, militaire, est d'une grande rigueur : d'abord le Prytanée de La Flèche dans la Sarthe, puis l'École de santé militaire de Lyon. Dans le même temps, il se passionne pour les Mémoires de chirurgie militaire et campagnes, de l'illustre chirurgien en chef de Napoléon Ier, Dominique-Jean Larrey, qui y narre les vertus de « vins et vinaigres vulnéraires ». Ou encore les écrits de René-Maurice Gattefossé, inventeur du terme « aromathérapie » en 1926, sans oublier les ouvrages très littéraires d'Henri Leclerc, père de la phytothérapie scientifique au tout début du XXe siècle…

Résistant et médecin de guerre

Arrive la Seconde Guerre mondiale. Jean Valnet entre dans la Résistance. Sa chambre d'étudiant devient une planque à faux cachets, armes ou explosifs de son réseau, en même temps qu'infirmerie de fortune – il y soigne des maquisards blessés. En 1945, il est nommé assistant-chef des services chirurgicaux de l'hôpital d'évacuation militaire 402. Il obtient son doctorat de médecine en chirurgie de guerre, et pas moins de cinq autres spécialités (médecine légale, psychiatrie, microbiologie et hygiène, médecine coloniale et médecine du travail). En 1950, Jean Valnet est envoyé au Tonkin comme chirurgien des armées, en pleine guerre d'Indochine. C'est dans l'enfer des combats qu'il conforte ses intuitions sur l'importance du psychisme, facteur essentiel de la guérison…

Cajeput (Melaleuca cajuputi)Quelques huiles essentielles sont aussi toujours dans sa mallette, telles celles des lamiacées (lavande, sauge, ­romarin et thym), antiseptiques et...

cicatrisantes. Il parvient même à s'en faire parachuter, quand surviennent des pénuries d'antibiotiques ! Valnet apprend aussi des prisonniers du Vietminh, qui traitent leurs blessures en y appliquant des pansements végétaux, fabriqués en récupérant le latex de l'écorce de calophylle (Calophyllum inophyllum), de plantes et de boue… « Pendant ses rares temps libres, Valnet utilisera et expérimentera la flore locale, très riche en huiles essentielles avec le basilic, le cajeput ou la citronnelle… », rapporte Hugues-Antoine Renoul. À son retour à Paris en 1953, Valnet est nommé médecin à l'État-major des armées. Ayant alors accès à un laboratoire de biologie, il commence à étudier les propriétés antiseptiques et antibiotiques des huiles essentielles.

Une œuvre prolifique

En 1959, Jean Valnet quitte l'armée et ouvre un cabinet avenue Kléber à Paris, où il soignera, durant près de trente ans, des milliers de patients. Il développe ce qu'il nomme la « médecine de l'homme total ». Une approche holistique qui combine « l'alimentation, la phytoaromathérapie et toute thérapie pouvant mener à la guérison totale », précise Marie-Thé Tiphaigne, qui fut son élève durant treize ans. Il prescrit des formulations personnalisées à ses patients. Désireux de partager son expérience tant avec les médecins et pharmaciens qu'avec le grand public, il publie Aromathérapie, se soigner par les essences de plantes (1964), réédité de nombreuses fois et traduit en plusieurs langues (dont le japonais). Puis, dans Se soigner par les légumes, les fruits et les céréales (1967), il donne les principales indications et modes d'utilisation de quelque 150 plantes couramment consommées. Y est réhabilité par exemple l'usage externe des feuilles de chou pour traiter contusions, plaies diverses, brûlures, eczémas, panaris, ainsi que sciatiques et lumbagos, coliques néphrétiques, migraines et bronchites…

Le piège de la popularité

En 1971, l'ouvrage Docteur Nature marque un tournant : Jean Valnet, devenu très populaire, est invité à de nombreuses émissions de radio et de télévision en France, Suisse, Belgique, Canada, Italie… Et, sans doute parce qu'il en profite pour évoquer les dysfonctionnements du système de santé et les effets néfastes de l'alimentation trafiquée ou de l'abus de médicaments issus de la chimie de synthèse, ses propos commencent à agacer. Certains le traitent de charlatan. À la suite d'une interview parue dans le journal L'Aurore, le Conseil de l'ordre des médecins le menace de radiation. Il ne sera finalement que suspendu, interdit d'exercer pendant un an, mais cette sanction porte un coup fatal à son honneur, lui qui, Officier de la Légion d'honneur et Croix de guerre, a passé sa vie à soigner les autres ! Il décide l'année suivante de se désinscrire de l'Ordre des médecins, afin de se consacrer exclusivement au développement de la phytoaromathérapie. En 1973, il fonde l'Association pour la recherche en phytoaromathérapie. Avec l'un de ses élèves, le gynécologue dijonnais Maurice Girault, il met au point l'aromatogramme, une méthode permettant de tester la sensibilité des bactéries à diverses huiles essentielles, que certains laboratoires d'analyses médicales continuent d'utiliser aujourd'hui. Il organise chaque année à partir de 1976, un Congrès international sur le sujet. En 1981, le Collège de phytoaromathérapie et de médecines de terrain de langue française voit le jour. Le Dr Nature n'aura de cesse, jusqu'à son décès en 1995, de poursuivre ses recherches, et de transmettre son expérience à de nombreux élèves, tels les Drs Jean-Michel Morel, Christian Duraffourd ou Jean-Claude Lapraz. Tous revendiquent son héritage, qui continue d'inspirer de nombreux praticiens…

Lanceur d'alerte avant l'heure

Son expérience militaire le sensibilise très tôt au problème de l'antibiorésistance : au Tonkin, il a observé que les infections contractées par les soldats requéraient des doses de plus en plus fortes d'antibiotiques pour guérir, tandis que les Vietminh réagissaient plus vite aux antibiotiques (nouveaux pour eux) ! Autre préoccupation : “les dangers du tout-chimique pour la terre et la santé des hommes”. Dès les années 1960, Jean Valnet a soutenu le mouvement « Nature et Progrès », pionnier de l'agriculture bio. Et n'a eu de cesse d'affirmer que la santé humaine était menacée par les fruits et légumes contaminés aux pesticides.

Les 9 préparations essentielles du docteur Valnet

Marie-Thé Tiphaigne  et Jean Valnet Marie-Thé Tiphaigne, que Jean Valnet considérait comme sa fille sprirituelle, contribue humblement à perpétuer son œuvre au sein du laboratoire Cosbionat, qu'elle a créé avec son époux, Jackie Tiphaigne, en 1985. Elle propose toujours les neuf préparations (prêtes à l'emploi) du docteur Valnet, rigoureusement identiques à celles d'origine, pour tous les maux du quotidien – bien-être respiratoire, articulations et muscles –, ainsi qu'une gamme de 50 huiles essentielles bio. Tous ces produits sont préparés selon les exigences du docteur Valnet.

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