De Fuchs aux fuchsias La belle histoire du nom des plantes
Le nom des fuchsias rend hommage au médecin et naturaliste Leonhart Fuchs, l'un des principaux pionniers de la botanique de la Renaissance, auteur d'un des plus célèbres herbiers imprimés.
Les fuchsias n'ont pas besoin d'être présentés tant leurs formes cultivées sont communes dans nos habitations, au point que leur nom a fini par désigner la couleur, un rose soutenu et vif, des variétés les plus fréquentes. Mais le genre botanique Fuchsia est bien plus riche encore puisqu'il comprend, à l'état sauvage, plus d'une centaine d'espèces arbustives, aux formes et aux teintes très variées, répandues dans toute l'Amérique du Sud et l'Amérique centrale, ainsi que dans des îles du Pacifique. Plusieurs de ces espèces produisent des fruits comestibles, parfois employés dans les pharmacopées traditionnelles, comme le Fuchsia arborescens ou « myrtille du Mexique ».
française. Constatant que de nombreux végétaux américains ne pouvaient être désignés par des noms de plantes de l'Ancien Monde, Plumier créa de nouveaux genres et introduisit l'usage consistant à rendre hommage à des personnalités importantes dans l'histoire de la botanique, comme son propre employeur Bégon (Begonia), ou le botaniste Magnol (Magnolia) (relire P&S nº 254). Cette fois, il choisit d'honorer Leonhart Fuchs (1501-1566), un médecin allemand du XVIe siècle qui joua un rôle capital dans la connaissance des plantes.
Fuchs était issu d'une famille de notables de Wemding, en Souabe. Il étudia à Heilbronn, puis dans les universités d'Erfurt et d'Ingolstadt, où il obtint son doctorat de médecine en 1524. Il exerça ce métier quelque temps à Munich puis enseigna à Ingolstadt. Mais, étant luthérien, il ne put rester dans ces terres catholiques et finit par obtenir un poste à l'université de Tübingen, où il passa le reste de sa vie. Comme la plupart des médecins de cette époque, il fonda son savoir sur l'étude des auteurs grecs anciens Hippocrate et Galien, et publia des traductions et commentaires de leurs ouvrages. Mais c'est dans le domaine de la botanique qu'il acquit une renommée durable. Il étudia en effet de manière systématique la flore de son pays et publia en 1542 un superbe « herbier », c'est-à-dire un ouvrage imprimé richement illustré de planches gravées, le De historia stirpium.
Le texte, décrivant près de 500 plantes, mêlait des informations recueillies chez des auteurs antérieurs, mais aussi de nombreuses observations personnelles. Une centaine d'espèces y étaient ainsi décrites pour la première fois, y compris des plantes récemment rapportées des Amériques comme le maïs. Les propriétés médicinales y occupaient une place notable. Mais ce sont surtout les gravures sur bois, d'une qualité inédite, qui valurent à ce livre un immense succès. Composé initialement en latin, il fut rapidement traduit en allemand, en français et dans d'autres langues, fit autorité durant des décennies et devint une référence de l'illustration botanique. Il l'était encore en 1703 lorsque Plumier créa le nom Fuchsia, que Linné officialisa en 1753.