Un ventre qui tourne rond
Maux de ventre, ballonnements, problèmes de transit, constipation ou encore irritations, voire porosité intestinale, ces maux du quotidien sont fréquents, mais sont loin d’être une fatalité. En changeant quelques habitudes de vie, à commencer par l’alimentation, et avec l’aide de la phytothérapie, vous pouvez retrouver un mieux-être intestinal qui rejaillira sur votre état général.
Calmer le côlon irritable et les ballonnements
Colopathie fonctionnelle, syndrome du côlon irritable ou troubles fonctionnels intestinaux désignent une même réalité sous des noms différents. Si vous souffrez à la fois de douleurs abdominales fréquentes, de ballonnements après les repas et de troubles du transit (diarrhée, constipation ou alternance des deux), vous faites sans doute partie du tiers des Français atteints de colopathie fonctionnelle. Les femmes et les personnes anxieuses seraient plus particulièrement touchées.
L’examen attentif du médecin et certaines analyses (coloscopie, analyse des selles) sont utiles pour écarter d’autres pathologies comme le cancer colorectal ou la colite inflammatoire (différente de la colique). Cependant, les traitements classiques n’offrent pas vraiment de réponses et les patients se voient même souvent prescrire des anxiolytiques pour calmer ces symptômes…
Stress ou défaillance du foie, du pancréas ou de la vésicule biliaire sont souvent évoqués pour expliquer ce syndrome complexe. Toutefois, dans sa pratique, le Dr Éric Ménat constate que trois fois sur quatre, les intolérances alimentaires sont en cause, avec en tête de liste le lait et le gluten, mais aussi parfois les œufs, les oléagineux et certains fruits comme les oranges, le kiwi, la banane ou la vanille. « Beaucoup de médecins contestent ces allergies de type 3. Pourtant, 30 % de la population en souffre, affirme-t-il. En pratique, l’amidon du blé mal digéré entraîne des fermentations (gaz non odorants), tandis que l’intolérance au lactose provoque souvent des diarrhées, douleurs et gaz malodorants ».
La première action à mettre en place est d’identifier les aliments potentiellement responsables via des analyses de sang, ou tout simplement en les éliminant un par un et en observant les changements dans l’organisme. Dans le même temps, il faut revenir à une alimentation plus digeste : bien mastiquer, manger doucement et calmement, et supprimer les fruits crus des repas pour éviter l’association glucides-fruits (20 % de ballonnements en moins, d’après le médecin). Contre les ballonnements intestinaux, le mélange artichaut, pissenlit et mélisse sous forme d’EPS est très efficace et facile d’emploi, tandis que le desmodium, plante bien connue pour le foie, est intéressant en cas d’intolérances alimentaires, car il possède des vertus antiallergiques et antispasmodiques.
La plupart des aromates agissent sur les troubles fonctionnels intestinaux en équilibrant notamment la flore intestinale, d’où l’intérêt de les consommer quotidiennement. Certains aromates améliorent le syndrome du côlon irritable en stimulant les sécrétions de la digestion. C’est le cas de l’anis vert (antiseptique et calmant), du fenouil (carminatif), du carvi ou cumin des prés, de l’aneth (carminative, elle stimule les sécrétions salivaires et gastriques), du laurier et de la muscade (antiseptique intestinal, antidiarrhéique, elle élimine les gaz, à consommer en petites quantités seulement). D’autres aromates ont des vertus anti-infectieuses et antiputrides sur la flore : misez sur la sarriette, la cannelle, l’ail, le thym, la marjolaine, l’origan, la cardamome (pour son action en faveur de la bonne flore), la coriandre, le girofle et le genévrier commun. Enfin, en cas de douleurs, on aura recours aux aromates sous forme d’huiles essentielles (HE) : le basilic, l’estragon et la menthe sont trois antispasmodiques majeurs. En massage (diluées dans une huile végétale), ces HE soulagent rapidement mais sont contre-indiquées aux femmes enceintes et jeunes enfants.
Ralentir le transit
Au-delà de deux passages sur le trône par jour, le transit est trop rapide, ce qui engendre des selles molles ou liquides. C’est la diarrhée qui s’accompagne parfois de douleurs abdominales et de gaz. « Elle signe généralement une perturbation de la flore intestinale mais nécessite un avis médical et un bilan (examen de selles, analyse de sang) surtout chez un jeune patient et a fortiori un nourrisson », recommande Martine Cotinat, gastro-entérologue et micro-nutritionniste. Généralement, la diarrhée peut être liée à des maladies inflammatoires de l’intestin ou à des infections de type gastro-entérites. « Les médicaments sont également souvent en cause, mais aussi certains chewing-gums ! », rappelle le docteur dans son livre « L’assiette à malices ». Enfin, il faut se méfier de la fausse diarrhée de constipation qui est très fréquente et incite à réduire les fibres alimentaires alors qu’il faudrait au contraire les augmenter. Pour la repérer, sachez qu’elle alterne fréquemment avec une constipation, ou la succède, et qu’un bouchon dur la précède souvent. Une fois écartées les pathologies spécifiques et la fausse diarrhée, certaines plantes et corrections alimentaires devraient parvenir à mettre fin à la diarrhée chronique de la colopathie.
En premier lieu, le Dr Cotinat recommande de supprimer le café, le thé et les sodas, et tous les aliments contenant des édulcorants qui accélèrent le transit. Évitez aussi les produits laitiers.
Parmi les solutions proposées par la phytothérapie, citons l’infusion de baies sèches de myrtilles pour assainir l’intestin (adaptée aux jeunes enfants).
Les feuilles de noyer (Juglans regia) sont un autre incontournable, utilisées aussi bien en décoction qu’en EPS (extraits de plantes standardisées, à faire préparer en pharmacie), notamment lors d’épisodes infectieux (effet antibactérien).
Le macérat glycériné de bourgeon de noyer est à privilégier après des diarrhées post-antibiotiques, surtout chez l’enfant, car il restaure la flore intestinale.
Les infusions de ronce (Rubus fruticosus), d’alchémille (Alchemilla xanthochlora), de fraisier (Fragaria vesca), de géranium herbe à Robert (Geranium robertianum) ou de salicaire (Ly-thrum salicaria) peuvent quant à elles suffire en cas de diarrhées légères.