Dossier
L’ embarras du foie prévenir et guérir (4/4)
Doté de capacités exceptionnelles, le foie, organe le plus volumineux du corps, doit faire l’objet d’une attention particulière, tant en prévention qu’en cas de troubles hépatiques. Huiles essentielles, macérats ou décoctions, les plantes offrent un large spectre d’actions pour le soutenir.
Lutter contre les hépatites
Le terme «hépatite» désigne une inflammation du foie. Ses origines peuvent être multiples, mais elles sont principalement d’ordre toxique (les champignons vénéneux comme l’amanite phalloïde, une intoxication alcoolique aiguë, un surdosage en certains médicaments comme le paracétamol) et viral. Plusieurs hépatites virales (A, B, C, D, E) provoquent une inflammation des cellules, qui guérissent spontanément dans la majorité des cas après un épisode aigu. Mais parfois, l’infection devient chronique et peut mener à terme à des complications sévères, comme la cirrhose ou le cancer du foie. Ces infections peuvent rester longtemps sans symptômes (80% des hépatites aiguës sont asymptomatiques, en dehors d’une fatigue générale). On estime ainsi qu’en France, près de 75000 personnes porteuses d’une hépatite C chronique ne le savent pas, d’où l’intérêt d’un dépistage précoce.
La phytothérapie ne suffit pas à éliminer le virus, mais elle peut ralentir son développement et limiter son impact sur le foie. L’aromathérapie peut être employée pour diminuer l’activité du virus, en prenant garde de n’employer que des huiles essentielles (HE) bien tolérées par le foie, comme la menthe poivrée, le laurier ou le thym à thuyanol. L’HE de ravintsare (à ne pas confondre avec l’HE de Ravensara aromatica) est un excellent remède en cas d’hépatite virale ...
: elle lutte directement contre le virus grâce à des propriétés antivirales tout en stimulant les défenses de l’organisme. Pour compléter son action, vous pouvez vous tourner vers d’autres plantes immunostimulantes: le macérat glycériné de cassis (Ribes nigrum) ou des extraits non alcooliques d’échinacée (Echinacea purpurea), qui est aussi un excellent antiviral.
Complétez toujours le traitement par des plantes régénératrices du foie comme le desmodium, le chardon-Marie ou l’HE de lédon du Groenland (Ledum groenlandicum). Ce dernier est un arbuste des zones froides, qu’on trouve particulièrement au Canada. Il contient une huile essentielle très active sur les pathologies hépatiques qui permet de décongestionner le foie, de combattre l’inflammation et la douleur et de stimuler la régénération des hépatocytes. Cette HE reste peu employée en raison d’un coût important, mais son hydrolat offre un bon compromis, en conservant des vertus anti-inflammatoires et régénératrices de la sphère hépatique.
Bien doser l’aromathérapie
Certaines plantes peuvent être nocives pour le foie si les capacités d’élimination de celui-ci sont amoindries, les principes actifs de ces plantes s’accumulant jusqu’à la toxicité. C’est le cas des plantes à phénols, hépatotoxiques, particulièrement si celles-ci sont utilisées sous forme d’huile essentielle. Le nom de leurs principaux composants biochimiques se termine en « ol » : carvacrol, thymol, eugénol, anéthol. Vous éviterez donc les huiles essentielles d’origan, de sarriette des montagnes, de giroflier, de cannelle de Ceylan, de thym à carvacrol et à thymol.
Desmodium en décoction
Originaire des zones équatoriales d’Afrique et d’Amérique du Sud, Desmodium adscendens est une plante de la famille des Fabacées. Outre la mise en évidence des principes actifs qui agissent en synergie (alcaloïdes, anthocyanes, saponines et flavonoïdes), le mécanisme d’action du desmodium a été expliqué : il agit comme protecteur de la cellule hépatique car il restaure, régularise et renforce la fonction hépatocytaire. L’absence de toxicité a également été démontrée. La plante a ainsi toute sa place dans la prise en charge des hépatites virales, en complément du traitement conventionnel. Les personnes souffrant d’autres atteintes hépatiques (alcoolisme) ou suivant un traitement par chimiothérapie ont aussi tout intérêt à en prendre sous forme de cure régulière. Avec une diminution des nausées et des vomissements, la chimio est mieux tolérée.
MODE D’EMPLOI
En décoction: 10g de plante sèche(tiges et feuilles)dans1litre d’eau froide à laisser bouillir 15 minutes. Filtrez et buvez au cours de la journée. En cas de chimio, débutez 2 jours avant et poursuivez pendant 1 semaine. Geneviève Bourdy, pharmacienne chargée de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), recommande aussi la prise d’extrait sec en poudre ou en gélules (1 350 mg par jour d’extrait sec aqueux atomisé ou lyophilisé). Pour les enfants, la dose est de 225 mg d’extrait sec aqueux par jour et par 10 kg de poids corporel.